«Rusalka» de Dvorak à l’Opéra de Marseille – Au fond de la piscine…

Trois représentations de «Rusalka» œuvre majeure d’Antonin Dvorak sont au programme du centenaire de l’Opéra de Marseille. Une coproduction des opéras du Sud, coordonnée par la Région, dont la première marseillaise a été donnée ce dernier mardi 11 février.

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C’est un dispositif scénique exceptionnel qui est mis en place sur la scène de l’Opéra de Marseille pour accueillir cette production de l’opéra de Dvorak. © Christian Dresse

Transposer un conte de fée depuis les eaux sombres d’un lac mystérieux se trouvant au cœur d’une forêt non moins mystérieuse jusqu’au carrelage d’une piscine où évolue une équipe de natation synchronisée : il fallait oser le faire ! Les metteurs en scène et scénographes Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil l’ont fait pour cette production de Rusalka dont les vidéos ont été tournées, entre autres, à la piscine d’Avignon. Un travail diversement apprécié par le public et des clins d’œil plus ou moins judicieux comme la transformation de Vodnic, l’Esprit du lac, en Philippe Lucas, l’entraîneur bien connu de Laure Manaudou, entre autres, et celle de la sorcière Jezilbaba en agent d’entretien de ladite piscine. L’ondine Rusalka et ses sœurs sont devenues d’un coup, d’un seul, une équipe de natation synchronisée mais qu’elle appartienne au monde des légendes ou à celui, terre à terre, des sportives, Rusalka n’en pince que pour le beau prince qu’elle rêve de serrer dans ses bras. Elle y parviendra en passant un pacte avec la sorcière et, parvenue chez les humains et chez le prince volage qu’elle ne peut amadouer puisque sa transformation lui imposait de devenir muette, elle perdra tout. Bonjour monde cruel !

Sur la scène de l’Opéra de Marseille, c’est Cristina Pasaroiu qui donne vie à l’héroïne. La soprano roumaine séduit dans ce rôle où sa plastique et sa voix font l’unanimité. Belle ligne de chant, de la puissance et de l’émotion: cette Rusalka mérite d’être découverte. C’est Sébastien Guèze qui campe le Prince ; un physique en adéquation avec son rôle et quelques fragilités dans la voix en font un homme se perdant entre l’amour et l’incompréhension face à Rusalka bien différente de la femme fatale qu’est la princesse étrangère. Cette dernière a les traits de Camille Schnoor, la soprano franco allemande née à Nice et qui excelle dans ce rôle cruel. Mathilde Lemaire, Marie Kalminine et Hagar Sharvit sont d’idéales sœurs nymphes, jolies voix juvéniles et sensibles et la sorcière Jezilbaba trouve en Marion Lebègue l’interprète idoine. Quant à Corinne Dutilleul, le garçon de cuisine, et Philippe-Nicolas Martin, le grade forestiers, ils complètent la distribution de fort intéressante façon.

On l’a dit plus haut, cet ouvrage est une œuvre majeure dans la production de Dvorak. Une partition remarquablement composée, des moments de musique sublimes, de l’émotion et des couleurs nuancées: sous la baguette de son ancien directeur Lawrence Foster, l’orchestre de l’Opéra de Marseille excelle avec une interprétation lumineuse qui cisèle chaque détail et accompagne idéalement l’intrigue. Rien que pour découvrir cette musique, il faut courir entendre Rusalka.

Michel EGEA

« Rusalka » d’Antonin Dvorak. Autres représentation le 13 février à 20 heures et le 16 février à 14h30. Tél. : 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 – Plus d’info  opera-odeon.marseille.fr

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