Séville (Espagne). Conférence internationale sur le financement du développement : engagement quasi unanime de la communauté internationale à changer de cap

Sous un soleil de plomb, la capitale andalouse accueille cette semaine la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement. Un rendez-vous décisif, marqué par l’absence notable des États-Unis, mais aussi par un engagement quasi unanime de la communauté internationale à changer de cap.

Au cœur de cette dynamique, un message fort porté par Marcos Neto, administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : plus qu’une question de moyens, le développement est avant tout affaire de volonté politique.

« Il y a suffisamment d’argent dans le système », affirme d’emblée M. Neto, rencontré en marge des discussions du sommet, qui se déroule du 30 juin au 3 juillet dans la ville espagnole. « Le véritable défi consiste à orienter correctement ces flux de capitaux ».

En clair, l’enjeu ne réside pas dans le volume de fonds, mais dans la capacité à aligner les investissements publics et privés pour servir les priorités mondiales. Pour cela, explique le haut responsable, il faut des incitations, des règles claires, de la transparence et une gestion partagée du risque. « Il faut créer les conditions qui incitent le secteur privé à investir aux côtés du secteur public », résume-t-il.

Une question de stabilité mondiale

Le plaidoyer de Marcos Neto va au-delà de la simple ingénierie financière. Il inscrit le développement dans une lecture globale de la sécurité et de la paix. « Ce qui se passe dans un pays affecte les autres. Un manque de développement entraîne des crises humanitaires, des migrations, des conflits. Investir dans le développement, c’est investir dans la paix et la sécurité mondiales ». Un avertissement limpide, à l’heure où les inégalités se creusent, les dettes explosent et les tensions géopolitiques s’intensifient. « Sans justice sociale et économique, il n’y a pas de paix durable », tranche-t-il.

Le pari de l’accord de Séville

Dans ce contexte, l’Engagement de Séville, signé par 192 des 193 États membres de l’ONU et officiellement adopté lundi, à l’ouverture de la conférence, se présente comme une réponse collective à la hauteur des enjeux. Il offre une feuille de route concrète pour mobiliser des financements massifs en faveur des objectifs de développement durable (ODD), avec un cap clair : «sortir des discours et passer à l’action ».

« Cet accord représente une avancée majeure », assure Marcos Neto. Il appelle les États à harmoniser leurs politiques fiscales, restructurer leurs dettes, lutter contre l’évasion fiscale, et libérer des ressources domestiques. Mais aussi à briser les cloisonnements traditionnels : « Nous devons cesser de travailler en silos. La communauté internationale doit faire bloc, avec les gouvernements, le secteur privé, la société civile, les universités ».

Les États-Unis à contre-courant

Seule ombre au tableau : le retrait des États-Unis, annoncé quelques jours avant l’ouverture de la conférence. Un revers diplomatique, que Marcos Neto ne minimise pas. « J’espère qu’un dialogue pourra être rétabli ». Mais il préfère insister sur la force du consensus : « 192 pays ont signé. L’accord est donc légitime et porteur de changement, même sans la participation d’un État majeur ».

Un impératif, pas un luxe

Pour ce vétéran du développement, l’heure n’est plus aux demi-mesures. « Le développement n’est pas un luxe. C’est un impératif. Il en va de notre avenir collectif. Sans lui, il n’y a ni espoir, ni sécurité ». Un rappel percutant, au moment où la communauté internationale s’interroge sur sa capacité à tenir ses promesses.

Source ONU

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