Sébastien Barles adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique, récemment suspendu d’EELV, Anne Claudius-Petit (Renaissance), présidente de la Commission Transition énergétique, stratégie des déchets, Qualité de l’air de la Région Sud et Didier Réault (LR), vice-président aux Solutions fondées sur la nature pour le département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille-Provence ont accepté l’invitation- lancée par Christophe Madrolle et Fabien Perez co-présidents du Think tank Ecologie des solutions- de venir présenter leur vision pour Marseille.

Droite ou gauche, l’important est d’apporter sa pierre à l’édifice écologique notamment dans un contexte d’urgence qui voit le changement climatique de plus en plus à l’œuvre, mettant en danger des populations, la survie de la biodiversité…
Christophe Madrolle: « Quels projets pourrions-nous porter ensemble, chacun au sein de nos listes respectives?»
« L’écologie n’est ni de gauche, ni de droite. Le changement climatique est une réalité, une urgence à laquelle nous allons devoir faire face ensemble. Au quotidien, nous travaillons déjà ensemble. Aussi, dans la perspective des élections municipales, nous proposons d’élaborer une plateforme de propositions communes que chacun pourra porter auprès de sa propre liste. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle liste», précise Christophe Madrolle qui excuse au passage Christine Juste et Amine Kessaci deux élus EELV interdits de débat par la direction de leur parti.
Seule voix féminine de ce débat, l’élue régionale se souvient qu’elle est devenue écologiste en devenant mère. Alimentation, déchets, choix de consommation… C’est aussi à travers la question de la santé qu’Anne Claudius-Petit a forgé ses convictions écologiques. « Attention à ne pas envoyer de messages trop anxiogènes sur les questions écologiques car cela pousse les électeurs vers les extrêmes ! », insiste l’élue.
Fabien Perez: « Trouver 16 milliards d’euros pour financer la transition »
16 milliards d’euros, tel est le coût de la décarbonation de Marseille à horizon 2030. « Ce chiffrage a été réalisé dans le cadre du programme européen “Cent villes neutres en carbone d’ici 2030”, rappelle Fabien Perez, et il est organisé autour de deux grandes priorités : la mobilité et la rénovation énergétique pour faire face à l’augmentation des températures. C’est tout à la fois un défi écologique et social : ¼ des ménages à Marseille vivent dans des passoires thermiques ! » Avant de conclure sur une note positive « Rappelons-nous que c’est possible : Copenhague a réussi à réduire ses émissions de CO2 de 80 % entre 2009 et 2022 ! »
Sébastien Barles : « Et si nos difficultés devenaient nos atouts ? »
« Bien que dense, Marseille dispose encore de nombreuses friches qui peuvent être utilisées pour de l’agriculture urbaine, elles peuvent aussi devenir autant d’îlots de fraîcheur. Et, d’une ville en friche, faisons de Marseille la ville des possibles. Mettons ces terrains en communs au sein d’une coopérative par exemple pour qu’ils puissent accueillir de nouveaux projets», propose Sébastien Barles. L’élu récemment libéré des éléments de langage officiels, est convaincu qu’un autre Marseille est possible à condition de penser une réelle transformation et non de simples aménagements de l’existant.
Ainsi, selon lui, le débat actuel autour de Fos -ce site qui représente un quart des émissions industrielles de CO2 en France et 40% des émissions régionales toutes sources confondues – est éclairant. « On ne peut pas se contenter comme on le fait aujourd’hui de changer la seule alimentation en énergie en basculant des énergies fossiles vers les renouvelables. C’est tout notre mode de développement, de production qu’il faut revoir ! Marseille est dépendante à 95% de l’extérieur que ce soit pour son alimentation en énergie ou pour l’alimentation de ses habitants. Il nous faut redevenir autosuffisants. En plus cela redynamisera l’emploi local. »
Didier Réault: « Concertation et éco-conditionnalité des aides – 2 principes d’action pour faire évoluer les pratiques »
Fort de l’expérience acquise lors de la création du Parc national des Calanques, l’élu qui le préside aujourd’hui rappelle que « faire converger des opinions contraires prend du temps, ça peut paraître long mais ce que l’on construit en agglomérant des contraires dure dans le temps. » Et la création du Parc national en atteste : « La nature reprend peu à peu ses droits, plus rapidement en mer qu’à terre et nous pouvons être fiers du travail accompli ». Didier Réault rappelle également que les aides accordées aux communes par la Métropole le sont sous réserve de désimperméabilisation ou de Zéro Imperméabilisation. Et, cela fonctionne ! Deux priorités pour les temps à venir selon lui : « La question du trait de côte : il nous faudra le préserver à tout prix parfois et laisser la nature avancer dans d’autres cas… et sensibiliser encore et toujours à la préservation de la mer ! »
Le temps administratif n’est pas adapté à l’urgence climatique !
S’il est un constat partagé par tous ces élus en lien avec l’écologie qui ont eu à conduire des projets et entendent continuer à le faire à l’avenir, c’est bien celui-là ! Tous déplorent le temps qu’il faut pour mener à bien une politique, pour voir un projet se réaliser. Ils regrettent aussi les « stop and go » imposés parfois par l’État comme cela a été le cas pour les ZFE (Zone à faible émission), les primes à l’achat de véhicules électriques ou encore les aides à la rénovation énergétique !
Stéphanie LUX