Tribune du Pr. Hagay Sobol: « Lady Gaza » nous mène en bateau ?

La députée européenne Rima Hassan devrait participer à la prochaine flottille pour Gaza. Nième coup de com’ anti-israélien ou engagement sincère pour aider les Palestiniens à bénéficier de l’aide alimentaire détournée par le Hamas ? Nous le saurons rapidement !

 

Alors que le Hamas vient de refuser un nouvel accord de cessez-le-feu, exposant encore plus la population de Gaza, une flottille part de Sicile pour rejoindre l’enclave avec à sa tête Greta Thunberg troquant pour l’occasion la sauvegarde de la planète pour celle du Hamas. La députée européenne Rima Hassan, surnommée « Lady Gaza », occupant tout son temps à la détestation d’Israël, au détriment de sa mission européenne, a annoncé être du voyage. Une distribution de choc qui sera à coup sûr très médiatisée alors que des vies sont en danger, celles des otages israéliens séquestrés depuis plus de 600 jours dans des conditions inhumaines et les boucliers humains du Hamas. C’est à leur action sur le terrain que l’histoire les jugera : aider à la paix ou promouvoir la guerre. Mais pour avoir un embryon de réponse il n’est pas inutile de revenir sur le parcours  de « l’insoumise ».

Binationale mais toujours réfugiée ?

Sa biographie officielle a été retravaillée en fonction de ses objectifs politiques. Citons quelques faits saillants à rebours de son narratif. Née d’un père membre de l’armée de l’air des al-Assad, elle possède la nationalité syrienne et devient française en 2010. Pourtant, elle se présente toujours comme un réfugiée victime d’Israël et omet de dire que le village de ses grands-parents maternels, Salfit près de Naplouse, fut annexé par la Jordanie (avec l’assentiment de l’ONU) et non par l’État hébreu, jusqu’en 1967.

Étrange statut que celui de réfugié palestinien où l’on peut détenir une ou plusieurs nationalités, être pleinement intégrées, avoir réussi socialement comme la mannequin américaine, Bella Hadid, ou la juriste et députée Rima Hassan, et être juridiquement considérées comme réfugiées palestiniennes !

En effet, c’est le seul exemple où l’ONU confère un « statut permanent et héréditaire », contrairement à tous les autres réfugiés du monde entier. La conséquence, l’UNRWA, l’Agence qui leur est dédiée, au lieu d’aider à la résolution du conflit, n’a fait que l’amplifier. De 600 000, ils sont devenus des millions puisque cette condition est transmissible de génération en génération.

A l’inverse, aucun des 900 000 juifs qui ont dû fuir les pays arabes et musulmans, malgré une présence millénaire, n’est apatride. Ils se sont tous intégrés dans les pays d’accueil, en Israël et ailleurs. En revanche, les pays arabes ont refusé d’octroyer la nationalité aux arabes de Palestine qu’ils avaient pourtant encouragés à fuir pour en finir rapidement avec l’entité sioniste naissante en 1948. Un moyen de poursuivre la guerre qu’ils avaient perdu par le combat démographique.

Un soutien aux Palestiniens à géométrie variable !

Passionaria de la Palestine elle est sur tous les fronts ou presque : en politique chez LFI, à Bruxelles où elle menace ses collègues, dans la rue, les Facs et sur les plateaux télés où elle n’a pas de mots assez durs contre Israël après le 7 octobre mais considère légitimes les actions du Hamas qu’elle n’hésite pas à soutenir ouvertement lors de manifestations, comme en Jordanie.

Ses agissements extrêmes lui valent désormais d’être invitée à s’expliquer dans les commissariats…

Bref, elle n’a qu’un mot à la bouche : Génocide !

Pourtant, silence, sur les massacres de milliers de Palestiniens en Syrie. A Yarmouk, surnommé « le cimetière palestinien de Syrie », des dizaines de milliers d’enfants ont été affamés, des femmes, des hommes et des vieillards ont été bombardés indistinctement par les forces du régime et le camp a été vidé de ses habitants. Elle aurait pu et dû, forte de son image, informer le monde de cette tragédie. Elle a pourtant choisi de se taire, elle qui d’habitude est si prolixe. Pour quelle raison ?

Certains ont avancé qu’elle avait une proximité avec les al-Assad. Ce qui expliquerait pourquoi elle pouvait circuler librement dans le pays, fréquenter des dignitaires du régime et vivre sur un train que ses émoluments seuls ne pouvaient expliquer. De là à dire que Rima Hassan aurait été un agent d’influence syrienne…

Cette période de sa vie s’étant achevée avec la fuite du boucher de Damas, depuis réfugié au Kremlin, il lui faut désormais rebondir.

Netanyahou et ses sbires ont bon dos !

Ce changement géopolitique avec l’affaiblissement de l’axe du mal (Hamas, Hezbollah, régime alaouite Syrien, milices chiites Irakiennes, Houthis du Yémen et Iran des mollahs) pourrait être l’occasion d’un aggiornamento de son agenda politique face aux nouvelles réalités.

Ce serait déjà un changement radical, si au lieu de vouer aux gémonies tout Israël, elle condamnait également le Hamas qui mène une politique suicidaire et jusqu’au-boutiste entrainant dans sa chute toute la population de Gaza, qu’elle affame en détournant l’aide alimentaire.

Dans le même temps, Rima Hassan pourrait, critiquer la coalition à Jérusalem, exiger la libération des otages et prôner la solution à deux États, plutôt que « la Palestine, du fleuve à la mer sera libre » signifiant la destruction du seul Etat juif de la planète.

En réalité, Lady Gaza ne s’en cache même pas. C’est la détestation d’Israël plus que le soutien à la Palestine qui est son carburant. Sinon, elle soutiendrait également le camp de la paix en Israël, c’est-à-dire, les 70% d’Israéliens qui veulent en finir avec le gouvernement Netanyahou et ses ministres d’extrême droite. Si elle était un chantre de la paix, elle n’appellerait pas au boycott des artistes, des scientifiques, des intellectuels et des journalistes hébreux qui dans leur immense majorité veulent un changement. Elle aurait condamné le pogrom du 7 octobre qui a d’abord visé ce camp de la paix (les kibboutzim de gauche, les participants du festival Nova) et la normalisation avec l’Arabie Saoudite.

L’occasion de faire avancer la cause palestinienne et la paix ?

Plutôt que d’aller soutenir les femmes afghanes soumises à un apartheid de genre par les Talibans ou les femmes iraniennes victimes de la politique répressive des mollahs. Plutôt que de condamner les génocides bien réels comme celui des Yézidis, des Rohingyas ou des Ouïghours. Plutôt que d’agir contre la famine touchant près d’un milliard de personnes dans le monde, dont nombre d’enfants, comme au Yémen, au Soudan, ou en Somalie, Greta et Rima n’ont pris que le bateau pour Gaza !

Non pas que la cause est moindre. Mais le retentissement médiatique l’est certainement plus. Aller à Gaza, ou seulement dire que l’on veut y aller, vous assure une confortable couverture dans la presse et une grande popularité sur les réseaux sociaux.

Mais l’on ne peut condamner avant les événements. Aussi, j’espère sincèrement qu’elles vont nous surprendre en se servant de ce voyage pour aider à la distribution de l’aide alimentaire à ceux qui en ont vraiment besoin. Qu’elles iront jusqu’à la confrontation avec les groupes armés pour défendre les plus faibles et demander la libération des otages. Et pas uniquement chercher l’affrontement avec Tsahal à grands renforts de caméras pour immortaliser la scène et alimenter la propagande belliciste.

Chiche !

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