Depuis le rivage de l’étang de Berre jusqu’aux contreforts du nord du massif de Sainte-Victoire, l’aire d’appellation des coteaux d’Aix-en-Provence offre des terroirs aux spécificités marquées. Les vins blancs qui y sont produits en témoignent, proposant un bouquet aromatique des plus intéressants.

Si le rosé, à l’instar des vins élaborés en Provence, est leader de la production des coteaux d’Aix-en-Provence (84%) c’est le blanc qui arrive en deuxième position avec 10% de cette production, le rouge ne totalisant que 6%. On comprend mieux cette réalité au terme d’une dégustation qui, du Nord au Sud et d’Est en Ouest de l’aire d’appellation permet de dégager les qualités des vins. Une aire d’appellation qui s’étend de la Durance à la mer Méditerranée, et de la vallée du Rhône à l’Ouest à la montagne Sainte-Victoire à l’Est. Elle entoure l’étang de Berre et traverse les paysages peints par Cézanne. C’est entre des reliefs constitués d’une succession de chaînons parallèles au littoral – chaîne de la Nerthe, chaîne de la Fare, chaîne d’Eguilles et de la Trévaresse, chaînon des Costes prolongé par les Alpilles – que se concentre l’activité viticole.
2 900 heures d’ensoleillement annuel
Le climat, de type méditerranéen, est marqué par le Mistral, vent du Nord dominant froid et sec. Il permet à l’appellation de bénéficier d’un ensoleillement annuel moyen de 2 900 heures. De faibles pluies – entre 550 et 680 mm par an – sont essentiellement concentrées sur le printemps et l’automne. Dans cette zone occidentale de la Provence calcaire, les sols rencontrés sont majoritairement argilo-calcaire caillouteux, mais aussi sableux, souvent graveleux sur molasses et grès ainsi que caillouteux à matrice argileuse ou limono-sableux sur les terrasses de l’Arc et de la Durance.
27 millions de bouteilles
Si le Rolle est le cépage principal pour l’élaboration des blancs, Clairette, Ugni blanc, Sauvignon, Grenache blanc, Bourboulenc et Sémillon sont souvent assemblés comme cépages secondaires. Quant aux rouges, les cépages principaux sont le Cinsault, le Grenache, la Counoise, le Mourvèdre et la Syrah, d’autres cépages secondaires pouvant être utilisés. Sur cette aire d’appellation de 4 300 ha dont 82% cultivés en bio, 202 000 hectolitres, soit 27 millions de bouteilles, sont élaborés en moyenne chaque année.
Les vins blancs dégustés par nos soins il y a quelques jours à l’aveugle présentaient d’indéniables qualités aromatique et reflétaient bien la diversité des terroirs de l’appellation. Nous vous proposons de découvrir ci-après nos notes de dégustation.
(Source chiffres : CIVP)
Château Bonisson, Château Bas et Château Vignelaure : trio de tête

95,5 /100 – Coup de cœur : Château Bonisson, cuvée « B » 2024 – bio, 17,50 € – Rolle 85%, Sauvignon blanc 15%. « Une robe dorée aux reflets verts. Le nez est expressif sur des notes fraîches et fleuries avec des nuances minérales. La bouche est vive et longue sur des notes citronnées avec une belle harmonie. Nuances suaves et longueur sur la fraîcheur. » – 177 route des Mauvares – 13840 Rognes – Tél. : 04 42 66 90 20 – bonisson.com
95/100 : Château Bas, 2024 – bio, 13 € – « Une robe dorée aux légers reflets verts. Le nez est élégant sur la minéralité avec des notes affirmées de fleurs blanches. La bouche est suave et équilibrée avec des notes vanillées et une finale vive et longue. » – Route de Cazan – 13116 Vernègues – Tél. : 04 90 59 13 16 – chateaubas.com
95/100 Château Vignelaure, cuvée « Source de Vignelaure » 2024 – bio, 14,80 € – « Une robe dorée limpide. Le nez est élégant sur les fleurs de garrigue, notes minérales. La bouche est vive, sur le citron, avec une belle longueur sur la fraîcheur et des nuances d’herbe fraîche coupée. »- 5210 chemin Vignelaure – 83560 Rians – Tél. : 04 94 37 21 10 – fr.vignelaure.com
Ont aussi été dégustés…
94,5/100 Domaine La Cadenière, cuvée « Vallon d’Escale » 2023 – bio, 13,50 €. « Une robe vieil or limpide. Un nez expressif et élégant sur des notes fleuries, nuances anisées et vanillées. La bouche est puissante, ronde et charnue, suave, sur des notes d’agrumes confits. Finale longue sur des notes fraîches. » – domaine-la-cadeniere.com
94,5/100 Château Calissanne, cuvée « Hommage à la Bonne Mère » 2024 – 12,50 €. – « Une robe dorée aux légers reflets verts. Le nez est élégant sur les fleurs blanches avec une pointe de minéralité. La bouche est vive et structurée sur des notes d’agrumes et d’herbes aromatiques. De la vivacité en finale. » chateau-calissanne.fr
94/100 Domaine Camaïssette 2025 – bio, 9,80 €. « Une robe dorée lumineuse. Le nez est explosif sur les fleurs blanches et les herbes aromatiques. La bouche est vive et équilibrée sur des notes de citron avec une pointe de suavité. » bio-olivier.fr
94/100 Domaine Naïs 2024 – 7,60 €. « Une robe dorée lumineuse. Le nez est fin sur les fleurs blanches, nuances d’herbes aromatiques et d’agrumes. La bouche est vive et citronnée, finale longue. » domainenais.fr
94/100 Cellier Les Quatre Tours, cuvée « Vilandria » 2024 – 8,99 €. « Une robe aux reflets vieil or. Le nez est fin sur les fleurs de garrigue. La bouche est vive sur le citron avec des nuances d’herbe fraiche coupée. Finale vive. » quatretours.com
94/100 Domaine de la Brillane, cuvée « La Promesse » 2023 – bio, 14,50 €. – « Une robe dorée aux reflets verts. Le nez est sur la minéralité avec des notes fleuries. La bouche est vive sur des notes citronnées et suaves. » labrillane.com
93,5/100 Domaine Les Béates, cuvée « Les Béatines » 2024 – bio, biodyvin, 12,50 €. « Une robe dorée limpide. Le nez est gourmand sur des notes de sucre d’orge. La bouche est suave et vive sur des notes citronnées. » lesbeates.com
93/100 Château du Seuil, cuvée « Grand Seuil » 2022 – bio, 25,30 €. « Une robe dorée lumineuse. Le nez est boisé. La bouche est grasse avec des notes boisées qui devront évoluer en prenant de l’âge. » chateauduseuil.fr
93/100 Domaine de Belambrée, cuvées « Les Ephémères » 2024 – bio, 11 €. « Une robe dorée aux reflets verts. Le nez est vif sur des notes fleuries avec des nuances minérales et citronnées. La bouche est suave et fraîche. » domainedebelambree.fr
Coup de cœur : Dame Victoire et l’or blanc du château de Bonisson

Château Bonisson, c’est une histoire d’amour ! L’amour d’une famille pour une bastide provençale du 18ème siècle, de sa terrasse à l’italienne qui plonge sur une dizaine d’hectares de vignes d’un seul tenant et menées en bio et d’une forêt de chênes plusieurs fois centenaires. C’est aussi un rêve qui se réalise pour les Le Dorze qui, en 2017, quittent la Bourgogne pour s’installer à quelques encablures du centre du village de Rognes. Outre sa passion pour le vin, Christian Le Dorze, médecin de son état, est aussi collectionneur invétéré d’art contemporain; il va pouvoir créer à Bonisson un lieu d’accueil pour des artistes en résidence, mais aussi un centre d’art ouvert au public pour partager avec lui connaissances et expositions. Et lorsqu’il demande à sa fille Victoire si elle voulait être de l’aventure et prendre en charge l’exploitation viticole, cette dernière n’hésite pas une seconde. Ce sera oui.
« Je suis littéralement tombée amoureuse de ce lieu magique, confie la jeune femme. J’avais débuté ma vie professionnelle dans l’agro-alimentaire et le marketing et je suis allée à l’Université du vin de Suze-la-Rousse pour suivre des formations en viticulture et en œnologie. » Une formation qui a porté des fruits puisqu’aujourd’hui Victoire Le Dorze dispose d’un outil de production exceptionnel, entré en activité après les années perturbées par le covid. A la tête d’un vignoble porté à 11 hectares avec la plantation de 4 hectares qui seront en production en 2027, la vigneronne produit des vins élégants et de grande personnalité. Et ici, la finesse et la richesse des arômes ne sont pas réservées aux seuls rosés. Le blanc et le rouge sont aussi concernés… le blanc, surtout puisqu’en moyenne et annuellement, près de 40% de la production lui sont consacrés. La cuvée « B » que nous avons distingué au terme de notre dégustation est emblématique du domaine depuis 2018. « Nous en produisons quelque 5 000 bouteilles, nous informe Victoire Le Dorze, et le millésime 2025 devrait être en vente en février prochain. » Pour l’heure le plaisir est associé à l’année 2024. A découvrir si ce n’est déjà fait !
Michel EGEA



