Sur les rives de l’étang de Berre, entre La Fare-les-Oliviers et Saint-Chamas, quelques fleurons des Coteaux d’Aix-en-Provence vivent leurs belles vies ; Château Virant en fait partie. Propriété de la famille Cheylan pendant cinquante ans, ce domaine viticole et oléicole prospère appartient depuis un an aux familles Ramounet et Coutin qui écrivent désormais à huit mains un nouveau chapitre de son histoire.

Après une première prise de contact en 2022, c’est en novembre de l’année dernière que Philippe Coutin et Claire de Fina Coutin ainsi que Laurent et Stéphanie Ramounet signaient un accord de reprise pour acquérir le domaine de Château Virant. Un investissement réalisé sur un domaine en bonne santé, dégageant quelque 10M€ de chiffre d’affaires, mais dans une conjoncture délicate du fait de la déconsommation du vin, des coûts élevés des matières sèches, de l’incertitude au niveau des taxes appliquées à l’export, notamment aux USA.
Pas vraiment de quoi faire reculer les deux couples, ainsi que quelques partenaires privés et institutionnels, dans leur volonté d’acquérir le bien. «Nous étions en présence d’une structure possédant des bases solides et des équipes compétentes et engagées pour la faire vivre, confient Laurent et Stéphanie Ramounet. De plus nous n’avons pas d’exposition aux Etats-Unis. Nous étions, et sommes toujours, persuadés du potentiel de développement du domaine, tant au niveau national qu’international et concernant aussi bien le secteur viticole que la partie oléicole, développement lié à un savoir-faire éprouvé. »
Deux couples « du bâtiment »
« Par sa taille et son activité, ce domaine correspondait parfaitement à ce que nous cherchions, poursuit Stéphanie Ramounet. Avec un grand plus, une situation idéale en Provence. » Des repreneurs qui, en outre, n’ignoraient rien du monde de la vigne et du vin ainsi que du secteur oléicole. Tous deux issus du groupe Pernod Ricard, pour lequel ils ont travaillé ensemble pendant sept ans en Russie, Philippe Coutin, Laurent Ramounet et leurs épouses savaient exactement ce qu’ils faisaient. Le premier, ingénieur agronome, avait fréquenté le secteur recherches viticoles du groupe de vins et spiritueux et a logiquement pris en charge l’exploitation ; le deuxième avait assumé des responsabilités au sein d’une exploitation importante en Nouvelle-Zélande, toujours pour Pernod Ricard, et supervise les commandes, la logistique et la cave.
Agronome, Claire de Fina Coutin, déjà propriétaire exploitante du moulin Mas des Bories à Salon-de-Provence, veille sur l’exploitation et la production oléicole ainsi sur sur l’innovation alors que Stéphanie Ramounet gère la boutique, le marketing digital et la communication. Ce « gouvernement » à quatre têtes fonctionne bien, comme nous le confie Stéphanie Ramounet : « C’est exigeant. Il est impératif que la communication soit excellente entre nous ; nous nous réunissons une fois par semaine tous les quatre ce qui permet à chacun d’avoir une vision transversale de l’ensemble des domaines de compétence.»
Objectifs et développement
A la reprise du domaine, l’objectif des repreneurs était de consolider les 10M€ de chiffre d’affaires affichés. Un an plus tard c’est chose faite. « Nous avons réalisé cet objectif, nous dit Stéphanie Ramounet. C’est un signe fort de réussite de notre intégration. Nous avons maintenu l’activité de l’entreprise tout en y intégrant de nouveaux services et en mettant en place notre management qui passe, entre autres, par une attention particulière concernant le bien-être au travail. » Tout en renforçant sa volonté d’être plus que jamais un acteur du territoire, le marché local représentant plus de la moitié du chiffre d’affaires, le quatuor a engagé des actions afin de s’ouvrir à l’exportation. Il n’a aussi pas tardé à créer trois nouvelles références : un vin mono-cépage de Colombard, une huile mono-variétale de Picholine, déjà médaillée d’argent au concours général agricole 2025, ainsi qu’une huile d’olive maturée.
Dans les vignes et les oliveraies, les compétences en agro-foresterie sont mises à contribution avec une volonté affirmée d’utiliser des méthodes toujours plus vertueuses dans la pratique de l’agriculture raisonnée au domaine. Par ailleurs, le développement de l’attractivité de la boutique est à l’ordre du jour de même que la multiplication des activités œnotouristiques liées au site exceptionnel sur lequel est implanté le domaine, à son musée d’outils agricoles anciens, ainsi qu’aux capacités d’accueil d’événements privés ou d’entreprises.
Michel EGEA
Quelques chiffres
- Château Virant est un domaine viticole et oléicole de 216 hectares de vignes (environ 800 000 pieds) et 46 hectares d’oliveraies. La production de vin est d’environ 13 000 hectolitres et celle de l’huile d’olive d’environ 1 500 hectolitres.
- 60% de la production viticole bénéficie de l’AOP Coteaux d’Aix-en-Provence et 40% de l’IGP Méditerranée.
- 50% de la production vinicole est consacrée au rosé, rouge et blanc se partageant à égalité les 50% restants.
- C’est une PME dont l’effectif d’une cinquantaine de personnes varie en fonction des saisons.
Bon à savoir
- Le moulin à huile de Château Virant ouvrira ses portes le 13 octobre.
- Le 17 octobre Château Virant participera à « Vignobles en scène » en organisant un diner « Wine & cheese » (38 €, réservations obligatoires sur le site
- Le 26 octobre une journée portes ouvertes de 11 heures à 18h30 permettra de déguster les vins nouveaux puis les vins assemblés ainsi que l’huile d’olive nouvelle.
Château Virant, Route départementale 10, 13680 Lançon de Provence. Tél. 04 90 42 44 47. chateauvirant.com