En 2021 Pétra Wauters publiait chez « Ulisse » sa méthode d’aquarelle « jusqu’au bout du pinceau ». Quatre ans plus tard, avec « Regards croisés sur l’aquarelle » chez le même éditeur, elle nous propose de partir à la rencontre d’artistes d’ici et d’ailleurs. Un voyage coloré et initiatique qui s’adresse aux passionnés de cette technique picturale mais aussi à ceux qui le deviendront forcément une fois le livre refermé.
Du Pérou à la Bretagne, de l’Inde à Reims, de l’Argentine à Rouen, c’est à un périple rythmé par de belles rencontres que nous convie Pétra Wauters. Des rencontres et du partage puisque l’autrice nous présente six consœurs et confrères d’aquarelle, six artistes de personnalité affirmée qui, chacun de leur côté, vivent leur(s) passion(s). Et l’un des intérêts de ce périple, qui n’est pas le moindre, est de nous proposer une lumineuse palette de styles et de techniques.
Le journalisme, Petra Wauters connaît bien. Et ce n’est pas innocent si chacun de ses invités dans le livre se présente en répondant aux questions d’une interview. L’exercice est idéal pour aider le lecteur à pénétrer dans l’univers de l’artiste, à s’en faire rapidement une connaissance. Pétra Wauters peut ensuite livrer quelques commentaires judicieux sur l’œuvre de ceux qu’elle présente avant de laisser les yeux et les âmes se promener dans les univers propres à chacun et chacune avant de proposer un « pas à pas » initiatique réalisé par chaque artiste.
Si les paysages du péruvien Oscar Cuadros séduisent, ce sont les deux portraits de femmes andines qui fascinent par leurs présences, leurs expressions, leurs regards emplis de la maturité liée aux aléas de la vie. La vie, Catherine Rey, vauclusienne de naissance et bretonne d’adoption, la donne aux objets et aux natures mortes. Ici le pot de confiture d’un « P’tit déj », là les pots de peinture et les pinceaux d’un « Gros Chantier », un bouquet de violettes mais aussi une deux-chevaux qui sort du garage et un tracteur, histoire de pouvoir dire que son œuvre est belle… Comme un tracteur !
Beauté, mystère et onirisme
Connu un peu partout dans le monde, l’indien Vikas Patnekar propose des aquarelles d’assez grands formats dont le réalisme et la maîtrise technique peuvent laisser croire que ce sont des photographies. Ses traitements de l’eau sont hallucinants de précision et le travail des pêcheurs dont il livre deux témoignages picturaux est magnifié tout en demeurant puissant. Plus onirique, le travail du « croquineur » Jean-Paul Schifrine nous transporte dans un univers tout de finesse et d’étrange beauté son « Vaisseaunirique » et sa « Rêverie flottante » n’auraient certainement pas déplu à Hayao Miyazaki. L’argentin Alejandro Fidelio aime Buenos Aires qui le lui rend bien en lui proposant des motifs citadins singuliers parfois pluvieux… Sa vision du phare d’Ushuaia est emplie du mystère du bout du monde et ses cascades d’iguazu magistrales. C’est avec ses portraits qu’Helen Barenton séduit, visages lumineux, doux et précis, la dame n’hésitant pas, aussi, à s’attaquer avec bonheur à la gent animale.
Le périple trouve son point final avec quelques réalisations de l’autrice Pétra Wauters autour desquelles elle propose des exercices, histoire d’enfoncer encore plus le pinceau et d’inonder de couleurs la fibre artistique qui sommeille en chacun d’entre-nous…
Michel EGEA
Pétra Wauters propose régulièrement des conférences et des stages. Site: petrawauters.com – Contact petrawauters@msn.com – Instragram : petra.wauters.art
