Béatrice Uria-Monzon est morte – « Pleurez mes yeux… »

La maladie a donc été plus forte que la rage de vivre de la cantatrice Béatrice Uria-Monzon qui est décédée ce dernier 19 juillet à l’âge de 61 ans. Elle affectionnait particulièrement les scènes lyriques de la région où elle chantait régulièrement.

Destimed Beatrice Uria Monzon
En 2011, sur la scène de l’Opéra de Marseille, Béatrice Uria-Monzon était Chimène dans « Le Cid » de Massenet. © Christian Dresse

Alors que les hommages à la mezzo-soprano se multiplient sur les réseaux sociaux, ceux de Maurice Xiberras, directeur général de l’Opéra de Marseille et de Raymond Duffaut, ex directeur général de l’Opéra d’Avignon et des Chorégies d’Orange, sensibles et émouvants, rappellent que Béatrice Uria-Monzon a souvent procuré du bonheur aux mélomanes sudistes. Elle même, née dans le sud-ouest, à Agen, nous confiait il y a quelques années en interview son affection pour Marseille où elle avait été pensionnaire du CNIPAL dans sa jeunesse.

Marseille et son opéra dont les murs résonnent encore aux accents de sa Carmen, ce rôle qui fit sa renommée dans le monde entier et auquel elle ne voulait parfois plus être associée comme étant son unique fait de voix. C’est vrai que la dame avait bien d’autres atouts à faire valoir et elle ne s’en est pas privée. On se souvient, entre autres, de sa dramatique et sensible Santuzza de 2009 sur la scène du théâtre antique ou de son bouleversant « pleurez mes yeux… » de Chimène du « Cid » de Massenet, événement en 2011 à Marseille aux côtés, comme souvent au fil de sa carrière, de Roberto Alagna, ou encore de sa Margared du « Roi d’Ys » en mai 2014, toujours à Marseille, avec Inva Mulla en Rozenn et Nicolas Courjal dans le rôle titre. Sans oublier Hérodiade, Cléopâtre, et nombre d’autres héroïnes incarnées en Provence.

Caractère et charme

Franco-espagnole, Béatrice Uria Monzon était une femme au caractère bien trempé qui ne manquait ni de personnalité, ni de charme. Chacune de ses prises de rôles était mûrement réfléchie et lorsqu’elle a décidé d’évoluer vers des partitions un peu moins mezzo et un peu plus soprano elle a totalement assumé sa prise de risques. Tosca, en 2012, sera un tournant dans sa carrière puis il y aura Adrienne Lecouvreur, Lady Macbeth et bien d’autres incarnations auxquelles elle apportera sa beauté, son élégance naturelle en complément de ses immenses qualités vocales. L’une de ses dernières apparitions sur scène remonte à 2021 à l’Opéra de Paris où elle interprétait les rôles de Dona Honoria, Dona Isabelle et la Religieuse dans « Le Soulier de satin » de Marc-André Dabalvie.

Pour conclure ces quelques lignes, nous emprunterons les derniers mots de Raymond Duffaut dans son hommage à la cantatrice : « Et je te fais, Chère Béatrice, une proposition : celle de nous retrouver… un jour… afin que tu me chantes cette Floria Tosca… les yeux dans les yeux… Sois désormais en paix.» Les mots du cœur d’un incontestable connaisseur de l’univers de l’art lyrique qui pleure aujourd’hui une artiste en laquelle il a toujours eu confiance et à laquelle il n’a pas hésité à proposer des challenges, notamment la prise de rôle de Tosca en 2012 à l’Opéra d’Avignon… Quant à nous, nous écouterons en boucle sur Youtube «Pleurez, pleurez mes yeux… »

Michel EGEA

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