Publié le 21 décembre 2019 à 21h16 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h29

Labiche pour des personnages en quête de mémoire.
Que s’est-il passé rue de Lourcine, où une femme semble avoir été la victime de tueurs? Comment en est-on arrivés là ? Lenglumé et son pote de beuverie Mistingue ne se souvenant plus de rien, demeurent incapables de savoir si oui ou non ils ont commis ce crime. Pourtant tout les accuse, et un rien les accable. Dans cette autre pièce en forme de puzzle que l’on doit à Labiche, il est montré comme chez Viripaev que l’existence est un fait-divers, que notre vanité nous aveugle, que chacun a en lui un démon intérieur et que le pire n’est jamais certain mais parfois tout à fait concevable. Personnages non pas en quête d’identité ou d’auteur comme chez Pirandello, ceux de la rue de Lourcine sont à la poursuite d’une mémoire perdue, et d’une vérité en miettes. Là encore François Bélier-Garcia a choisi pour développer un récit complexe une présentation sobre. Si l’épilogue est un coup de théâtre assez attendu, on saluera la modernité du propos et l’aspect intemporel de l’ensemble. Certes on aurait souhaité peut-être plus de rythme, le côté «portes qui claquent» inhérent à ce genre de farce burlesque faisant parfois défaut, mais les mêmes acteurs que dans l’autre pièce (rejoints par Sébastien Eveno campant deux rôles) nous emballent et nous emportent. Du travail solide, intelligent, pour un cri théâtral rempli d’humour sur la fatuité, et l’ivresse née de son propre déséquilibre.
Jean-Rémi BARLAND
«Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre » par Ivan Viripaev. «Théâtre 2000-2012» Éditions Les Solitaires intempestifs. 430 pages, 23 €



