Billet. « C’n’était pas la peine, assurément, de changer de gouvernement !»

A l’annonce du gouvernement Lecornu II, on pourrait chanter, aujourd’hui comme hier, « C’n’était pas la peine, Non pas la peine, assurément, De changer de gouvernement ! » le célèbre refrain de l’opérette « La fille de Madame, Angot » de Charles Lecocq.

Sourd aux appels des Français, au lieu d’accepter l’ouverture, à défaut de la cohabitation comme ses prédécesseurs, le chef de l’État s’entête à imposer des ministres éphémères et une ligne politique de plus en plus incertaine, avec la possible suspension de la réforme des retraites.

Emmanuel Macron a incarné un espoir de changement et la meilleure offre politique pour une majorité de Français, alors que les partis de gouvernement à droite comme à gauche avaient implosé, ainsi qu’un rempart contre les extrêmes.

Désormais c’est tout l’inverse. Il est devenu un repoussoir jusque dans ses propres rangs ce qui a fait dire à Gabriel Attal, son ancien Premier ministre : « Comme beaucoup de Français, je ne comprends plus les décisions du président de la République ».

Si le nouveau gouvernement est plus technique -et qu’il a vu le départ de poids lourds comme Elisabeth Borne ou Manuel Valls- par sa composition sans réelle concertation, il semble répondre ni aux préoccupations des Français ni aux enjeux économiques et sécuritaires.

Solitaire en interne dans l’exercice du pouvoir, il l’est aussi à l’international. Quand le locataire de l’Elysée parle au nom de l’Europe, il tente d’imposer d’abord sa vision plutôt que de fédérer autour d’un consensus. Ainsi, on l’a vu en total contretemps par rapport à l’actualité sur la reconnaissance inconditionnelle de la Palestine, et ensuite s’approprier les mérites du plan Trump. Mais surtout, comment être crédible et peser alors que l’instabilité politique hypothèque l’avenir ?

L’opposition a beau jeu de clamer: « On prend les mêmes et on recommence». Chaque composante, a autant de prétendants à la magistrature suprême que de sièges au palais Bourbon. Quel que soit le parti, il donne le triste spectacle d’une classe politique déconnectée qui n’est pas au niveau des enjeux, se battant pour le job, sans se demander si elle en a le niveau.

A gauche, il n’est pas que LFI à blâmer d’être responsable de la situation actuelle, le PS pour quelques mandats s’est discrédité par une alliance indigne avec un parti accusé d’antisémitisme. De son côté, la droite républicaine se fracasse pour une querelle de chefs et lorgne, à l’image du NFP, vers une union des droites, pavant le pouvoir au RN à la prochaine présidentielle.

On a l’impression d’être sur le Titanic fonçant inexorablement vers un iceberg, le capitaine regardant ailleurs, et les passagers se querellant sur le programme musical. Il faut redresser la barre et vite, avant qu’il ne soit trop tard !

Hagay SOBOL

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