Fos-sur-Mer. La révolution industrielle est en marche mais il faut accélérer

Plus d’un demi-siècle après l’épopée de la zone industrialo-portuaire autour de Fos-sur mer, le secteur pourrait connaître un nouvel âge d’or. Une trentaine de projets sont annoncés, centrés autour de la décarbonation et des énergies durables. Investissement 20 milliards d’euros. Mais il faut faire vite, les industriels ne patienteront pas des années pour les aménagements structurels. Une ville de 50 000 habitants devrait naître autour de ce secteur.

Destimed IMG 20251203 WA0004
Les zones des futurs projets décarbonés

 

Une opportunité unique

Destimed IMG 20251203 WA0003
Jean-Michel Diaz est à la tête du Groupement Maritime et Industriel de Fos (GMIF) © Joël Barcy

L’avenir du complexe industriel de Fos-Étang de Berre se joue sur des centaines d’hectares. Un projet gigantesque, le futur pôle européen de la décarbonation. Jean-Michel Diaz est à la tête du Groupement Maritime et Industriel de Fos (GMIF), il multiplie les réunions avec les industriels et les collectivités pour connaître l’âge d’or souhaité. «On se retrouve avec une nouvelle ère industrielle, un développement inédit de l’économie pour ce territoire avec 31 projets annoncés qui représentent 20 milliards d’euros d’investissement et 10 000 emplois directs. Sachant qu’un emploi direct génère 4 emplois indirects. C’est une ville de 50 000 habitants qu’il faut qu’on construise ici. »

Décarbonation

Environ 6 milliards d’euros ont déjà été injectés dans les anciennes usines sidérurgiques ou centrale thermique pour un meilleur impact environnemental mais c’est surtout l’arrivée d’une nouvelle génération d’usines avec des projets décarbonés qui offrent cette révolution verte. Neocarb compte produire ici du carburant de synthèse à mélanger au kérosène pour l’aviation ou au méthanol pour les activités maritimes grâce à un procédé chimique vertueux. « On va produire notre hydrogène et cet hydrogène sera ensuite mélangé avec du CO2 qu’on ira capter chez des voisins directs dans la zone industrielle ou par des réseaux spécifiques, décrypte Jérôme Giraud, directeur de projet délégué chez Neocarb. Nous, on consommera 300 000 tonnes de CO2 par an et avec nos carburants de synthèse on alimentera les mobilités lourdes. »

Réduction du CO2

Sur la même zone GravitHy, une jeune société industrielle, doit investir 2,5 milliards d’euros pour offrir de l’acier décarboné. Exit les haut-fourneaux très polluants avec leur minerai de fer et leur charbon (la sidérurgie c’est 8% des émissions à effet de serre dans le monde). GravitHy produit directement du fer métallique utilisable dans les fours électriques pour donner de l’acier. « Nous, le minerai de fer on va le faire réagir avec de l’hydrogène, résume Benjamin Perdreau, responsable des partenariats locaux. D’un côté on va avoir du fer et de l’autre de l’eau. Ça va nous permettre de réduire de 90 % l’empreinte carbone de l’acier in fine. Ça se présente sous la forme d’une petite briquette, c’est ce qu’on va proposer aux aciéristes européens pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs de décarbonation.» La première filière européenne de panneaux photovoltaïque avec 3 000 emplois à la clé est aussi annoncée avec l’implantation de la société Carbon.

Pas le temps d’attendre

Mais cette révolution industrielle est aussi une course contre la montre. Les infrastructures routières sont saturées. Le contournement Martigues-Port-de-Bouc a obtenu un financement mais il reste de nombreux points noirs. Une ligne à très haute tension de 400 000 volts, impérative pour fournir les 5 gigawatts nécessaires aux futures entreprises, créé des remous. Il faudra aussi loger les milliers de personnes annoncées. L’opportunité unique que pourrait vivre Fos pourrait être contrecarrée par un retard à l’allumage.

Une gouvernance unique

Pour mener à bien ce mégaprojet, les industriels veulent accélérer les choses. « On prône depuis longtemps la mise en place par l’État et les collectivités d’une gouvernance, indique Jean-Michel Diaz. Elle permettrait d’accélérer l’ensemble des procédures qui vont permettre de réaliser ces infrastructures dont on a besoin. » La zone Fos-Berre possède un terreau favorable pour accueillir des projets industriels avec l’existence d’une industrie lourde. Les compétences sont là et des synergies peuvent exister. L’opportunité pour la région est unique, tous les industriels rencontrés ont farouchement envie de s’installer à Fos mais il faudra que l’intendance suive pour éviter les désertions.

Reportage Joël BARCY

Articles similaires