Publié le 30 octobre 2015 à 13h11 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h43

Les expulsions des juifs puis des chrétiens de la ville de Nari, petit port arabe de la Méditerranée, sont racontées avec des mots simples mais forts. Sans haine. Une présentation des différentes communautés sans vraiment parler de communautarisme tellement elles sont imbriquées les unes aux autres, sur les bancs de la même école, dans les mêmes restaurants et mêmes clubs et parfois des mêmes lits… Il y a aussi, en fond d’écran, des amours entre représentants des différentes communautés entrainant des choix dramatiques et des déchirements contés avec une douceur laissant entrevoir les tempêtes des sentiments jamais abordées de front mais fortement suggérées.
Une unité de lieu qui n’est pas un huis clos. Une société curieuse ouverte sur le monde que décrit à merveille son observateur privilégié et narrateur. A se demander s’il ne nous parle pas tout simplement de son enfance et de sa famille. Il y a le personnage truculent, plein de vie et d’humour, le tonton Christobald local qui s’avèrera le plus malheureux des hommes comme le sont souvent les clowns.
Tout au long de son récit Robert Solé nous remémore les tragédies locales et internationales touchant sa chère Égypte en petites touches d’impressionnistes dont il a le secret. De l’affaire de Suez, à la guerre du Kippour en passant par celle des six jours, il nous intéresse aux retentissements dans les différentes communautés sans entrer dans le détail. Il le fait en grand connaisseur de l’actualité sachant ce que l’Histoire en retiendra: des anecdotes comme la pièce de monnaie à l’effigie des Bourbon peut pour certains résumer la Révolution Française à la fuite de Varennes.
Antoine LAZERGES
Un grand livre, à lire, à offrir “Hôtel Mahrajane” de Robert Solé édité au Seuil – Pas très gros (272 pages) – Pas très cher (18 euros) – Parution le 10 octobre.




