Publié le 26 avril 2021 à 12h01 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h53
Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône, présidente de la métropole Aix-Marseille Provence, vient de dévoiler une bâche en mémoire des victimes du génocide arménien sur la façade des Archives Bibliothèques Départementales (ABD) «afin de la rendre visible par le plus grand nombre». Alors que le président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) Sud, Julien Harounyan dénonce l’État turc, «qui mène une politique négationniste». Les deux intervenants ne manqueront pas d’insister sur la tragédie que représente «l’agression turco-azéri au Karabagh».


«Je pense à tous ces Arméniens morts sur la terre du Karabagh»
«C’est vrai que nous avons une année particulière à plusieurs titres, d’abord, avec ce Covid, qui a fauché tant de personnes, ici, sur notre terre, sur la terre entière. Et on sait que l’Arménie n’a pas été épargnée», indique Martine Vassal. «Aujourd’hui, poursuit-elle, quand je dévoile cette bâche, je pense à tous ces Arméniens morts sur la terre du Karabagh, c’est plus de 3 000 – 3500 jeunes, essentiellement de moins de 20 ans. On dit “plus jamais ça”, malheureusement, on s’est encore retrouvé devant une volonté du peuple turc d’exterminer les Arméniens. Nous avons beau d’essayer de dire les choses, essayer de faire, nous avons fait une motion, au département, nous avons interpellé l’État pour qu’il puisse intervenir… le génocide continue. Alors je regrette vraiment et profondément, qu’il n’y ait pas eu une mobilisation internationale, plus importante. Mais je pense qu’il nous faut continuer le combat, parce que il y a encore des prisonniers de guerre qui n’ont toujours pas été libérés, c’est inacceptable, après autant de mois. Nous devons continuer à intervenir, à interpeller le gouvernement parce que notre ministre et notre président de la République qui sont responsables de la politique internationale doivent faire quelque chose pour permettre à ces combattants de retrouver leurs familles». Et avoue être «très inquiète sur la suite au Haut Karabagh». Et dans ce contexte elle tient également à rendre hommage au travail accompli par le milieu associatif… [(Intervention de Martine Vassal

négationnisme: «En un siècle, la situation n’a fait que se dégrader»
Julien Harounyan, président du CCAF Sud, constate : «Un siècle est passé mais le génocide des arméniens est toujours oublié. Il n’appartient pour autant pas au passé. Certes, il y a eu quelques victoires, de la reconnaissance par la France il y a déjà 20 ans; la reconnaissance par de nombreux pays dans le monde ou encore une opinion publique, de mieux en mieux informée, sensibilisée à notre cause. Mais pour autant le négationnisme reste toujours impuni et la Turquie continue de nier son passé. Pire encore, en un siècle la situation n’a fait que se dégrader, le négationnisme, l’étape finale dans le processus de génocide, trouve aujourd’hui refuge en France et se diffuse». Julien Harounyan, signale «Certains citoyens français, collégiens ou lycéens contestent, jusque dans les cours d’histoire la réalité des faits. Une manipulation de l’opinion publique par l’État turc qui mène une politique négationniste, jusque dans la politique et l’enseignement». Il revient à son tour sur l’agression turco-azéri au Karabagh, territoire peuplé d’Arméniens, en septembre dernier. «Il témoigne, une nouvelle fois de cette volonté de supprimer les Arméniens». Il rappelle: «Dès les premiers jours du conflit, le CCAF a pris l’initiative d’organiser de grandes manifestations auxquelles vous avez participé, en manière de soutien, vous l’avez dit, le département des Bouches-du-Rhône, la Région, y compris la ville de Marseille, l’ensemble du territoire s’est hissé contre cette barbarie, contre cette guerre-là».« le monde a, une nouvelle fois, détourné le regard»
Et à l’attention de Martine Vassal, le président du CCAF rappelle: «Vous avez, à cette occasion, pris une motion dans l’intention de signer une charte d’Arménie, avec le Karabagh et l’Artsakh. Le soutien humanitaire a été développé en urgence. Vous avez pris la mesure de ce qui se jouait dans le Caucase. Pour autant, pendant cette guerre, le monde a, une nouvelle fois, détourné le regard, laissant le champ libre aux ambitions génocidaires du tandem Erdogan-Aliyev » Pour Julien Harounyan: «Nous devons maintenant agir pour stabiliser les frontières de l’Artsakh, et cela passe par la reconnaissance de l’indépendance de cet État. Il nous appartient à tous, citoyens, de mener ces combats pour garantir la sécurité de l’Arménie et des Arméniens. Mais qu’il s’agisse du Caucase ou de la France, il y a urgence. L’urgence, aujourd’hui, c’est de rester éveillé et lutter, combattre le panturquisme et son corollaire, le négationniste pour rendre justice». Il insiste: «Raviver les mémoires c’est aussi continuer d’aider les démocrates turcs pour ne pas que toute la Turquie sombre dans la dictature». [(Intervention de Julien Harounyan

Entretiens
Martine Vassal: «Chacun et chacune peut voir ce qui s’est passé, ce 24 avril 1915»


Julien Harounyan : «106 ans après, on continue à se souvenir»

