Méditerranée du futur Acte II : Préparer l’avenir en créant en commun (1/2)

Publié le 16 novembre 2018 à  17h28 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Méditerranée du futur Acte II (Photos Robert Poulain)
Méditerranée du futur Acte II (Photos Robert Poulain)
Le succès de la deuxième édition de « Méditerranée du futur » dédiée à la jeunesse qui vient de se tenir à Marseille appelle d’autres initiatives. Le prochain rendez-vous phare, sera donc le Sommet des deux rives, organisé à Marseille le 24 juin prochain. Et Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en a dévoilé un peu plus dans les conclusions sur l’événement, «qui se tiendra au Palais du Pharo», a-t-il annoncé. Dans les faits, «ce ne sera pas un sommet au sens classique du terme. Ce sera la même formule que pour la « Méditerranée du futur », puisque nos dirigeants seront amenés à rencontrer des personnalités qualifiées issues de la société civile». Le but de ces échanges, bien sûr : dessiner une vision partagée de la Méditerranée. Mais aussi et surtout, impulser des actions concrètes à la faveur «de programmes d’investissements nouveaux ». Jean-Yves Le Drian n’a pas manqué de donner quelques pistes : «La création d’une école méditerranéenne des métiers de la mer, d’un réseau des écoles de la deuxième chance, des actions en faveur de la réduction des émissions polluantes ou du zéro plastique en Méditerranée… ». Tout cela dans un but : «Une politique méditerranéenne refondée».

«La Méditerranée est notre bien commun le plus précieux. Elle est cette mer tant aimée dans laquelle certains se baignent pendant que d’autres s’y noient»

Renaud Muselier, président de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier, président de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo Robert Poulain)

C’est une minute de silence observée en mémoire des victimes des attentats de Paris, il y a trois ans, et des 8 victimes de l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne, à Marseille, qui a ouvert l’acte II de « Méditerranée du futur ». Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, institution organisatrice, salue les nombreuses délégations présentes: «Nous croyons ensemble que l’avenir de chacune des rives de notre mer repose sur celui des autres (…) La Méditerranée n’est pas seulement un espace géographique donné. Elle est un espace de vie, un berceau culturel de premier ordre». Et de situer tout l’enjeu de cette rencontre en lançant: «La Méditerranée est notre bien commun le plus précieux. Elle est cette mer tant aimée dans laquelle certains se baignent pendant que d’autres s’y noient. Nous dessinons ensemble la Méditerranée du futur, pour notre jeunesse. Jeunes femmes et jeunes hommes de Méditerranée, vous allez hériter de ce que nous vous laisserons». Après un premier acte consacré aux accords sur le climat cet acte II est consacré à la jeunesse. «Nous poursuivons ainsi un travail essentiel. Beaucoup reste à faire, mais les liens que nous avons tissés ne sont pas prêts à se dénouer: dans la Méditerranée du futur qu’il reste à dessiner, ils joueront un rôle important», avance-t-il. Pour le président de Région «nous sommes les héritiers d’un patrimoine millénaire, exceptionnel qui a sans cesse survécu aux crises». Cela pose, selon lui, une double responsabilité : «Nous devons préserver et promouvoir cet héritage bien sûr, mais nous devons aussi apporter des réponses concrètes, visibles, tangibles». Il rappelle que la première année de travail a été consacrée à l’environnement: «Nous avons lancé des projets communs sur toute la façade méditerranéenne, au Maroc, en Algérie, en Italie, en Tunisie, en Égypte, en Israël, dans les territoires palestiniens, au Liban, en Espagne, en Arménie, en Jordanie. Et ce n’est qu’un début». Une feuille de route des Régions méditerranéennes a été mise en place. «Raison pour laquelle, indique-t-il, nous lançons aujourd’hui le challenge « Zéro Plastique » en Méditerranée». L’une des grandes mesures du Plan Climat lancé par la Région Sud il y a un an, «dans la stratégie régionale « COP d’avance », nous consacrons 20 % de notre budget à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est un engagement politique fort, lancé ici depuis Marseille.» Renaud Muselier s’adresse à la jeunesse présente: «Vous allez nous confronter avec des idées neuves, des projets alternatifs, des options novatrices. Vos angoisses, vos envies, vos rêves. Nous devons mettre en œuvre ici des réponses efficaces et intelligentes. Donnons de la hauteur, du souffle à nos propositions ! Le voilà, l’esprit de Méditerranée du Futur. Avec une volonté inébranlable, transmettre un monde euro-méditerranéen dont nous serons fiers».

«Je fais partie de la première génération à n’avoir jamais connu la guerre. Je ne veux surtout pas faire partie de la dernière»

Et d’évoquer la Paix: «Je fais partie de la première génération à n’avoir jamais connu la guerre. Je ne veux surtout pas faire partie de la dernière. Tous nos moyens doivent y être dédiés. Partout sur le pourtour méditerranéen, nous essayons de relever ce défi». Se félicite du grand retour de la question méditerranéenne depuis quelques mois avant de considérer que «Méditerranée du Futur a renforcé ce mouvement et en a même été l’un des moteurs.» Annonce qu’au mois de juin 2019, le Sommet des Deux Rives se tiendra à Marseille. Pour lui, ce Sommet est «la relance assumée d’une stratégie lancée par Jacques Chirac avec le processus de Barcelone» et poursuivi par Nicolas Sarkozy avec l’Union pour la Méditerranée et, «Emmanuel Macron le réinvente aujourd’hui avec les impératifs de son époque. La France est attendue, c’est un devoir pour l’Europe, et nous le savons». Il insiste sur l’importance et les possibilités offertes par la diplomatie des collectivités territoriales qui «se place toujours sous nos drapeaux, avec la fierté d’appartenir à nos pays respectifs. Entre nous, le dialogue se noue plus facilement, car nous sommes un peu plus proches des réalités. Nous sommes en contact direct avec nos populations, et nous sommes moins contraints par les codes diplomatiques traditionnels». Le Commissaire Johannes Hahn, commissaire européen en charge de la politique européenne de voisinage et des négociations d’élargissement, n’a pu se rendre à Marseille «mais il a tenu à apporter son soutien à tous nos travaux en insistant sur l’importance des thèmes de la créativité et de l’innovation, considérant que « la transition énergétique offre des opportunités ».»

«Il faudrait aussi un Erasmus associatif»

Élisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh, ancienne ministre (Photo Robert Poulain)
Élisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh, ancienne ministre (Photo Robert Poulain)

Pour Élisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh, ancienne ministre: «Nous savons tous ce que l’Europe doit au Sud de la Méditerranée» évoque notamment les philosophes arabes qui ont été les traducteurs des philosophes grecs. puis de rappeler que la Fondation Anna Lindh a été créée en 2003 face à «l’idée qui avait été lancée, par un responsable américain, de clash des civilisations à laquelle nous ne croyons pas tout en étant conscients que, si clash il doit y avoir, il est celui non des civilisations mais des ignorances». Alors, d’insister sur l’importance de l’éducation, de la confiance à adresser à la jeunesse, invite à «dépasser nos différences sans les annuler». Et de mettre en lumière une enquête réalisée tous les trois ans par la Fondation dans 13 pays: «Elle montre depuis sa création une stabilité de la convergence des aspirations Nord/Sud et d’une envie de construire ensemble». Puis d’avancer deux propositions: «Il y a la mobilité, nous fermons tous de plus en plus nos frontières alors qu’il faut contribuer à organiser la rencontre. Il faut développer pour cela des procédures, par exemple : créer un passeport des talents». Elle poursuit en disant tout l’intérêt qu’elle porte au dispositif Erasmus, pour les jeunes européens, et Erasmus +, étendu aux jeunes de la rive Sud: «Mais il faudrait aussi un Erasmus associatif».
Pour Nasser Kamel, Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée (UpM): «La jeunesse représente 60% de la population sur la rive Sud, elle n’est pas le futur mais le présent». Il s’inscrit cependant dans le futur: «L’an prochain nous travaillerons main dans la main avec la Région pour organiser la troisième édition»

«Nous avons tous à apprendre les uns des autres»

Pour Pierre Duquesne, ambassadeur délégué interministériel à la Méditerranée: «Les questions liées à la jeunesse semble se poser différemment sur les deux rives, à tort car elle est confrontée aux mêmes problèmes notamment en matière d’insertion. On sait le taux de chômage élevé des jeunes sur la rive Sud mais ce taux est de 40% en Espagne, de 17% en France». Une fois réglée cette question d’une polarité «moins importante que l’on ne croit», il considère: «Il faut voir ce qui a marché et échoué en matière de coopération pour avancer. Et, d’autre part mettre l’accent sur ce qui rassemble et comprendre que nous avons tous à apprendre les uns des autres, pas seulement des États mais aussi des acteurs non gouvernementaux».

«Construire une politique euro-méditerranéenne des projets»

Caroline Pozmentier, Ilir Meta, Dr. Thabet Hassan Al Nabulsi, Sabri Saidam (Photos Robert Poulain)
Caroline Pozmentier, Ilir Meta, Dr. Thabet Hassan Al Nabulsi, Sabri Saidam (Photos Robert Poulain)

Caroline Pozmentier, vice-présidente de la région en charge de l’international, introduit les premiers débats sur le thème de l’éducation. «Notre ambition doit nous emmener au plus tôt, parce qu’il y a urgence, à construire une politique euro-méditerranéenne des projets, pour inventer avec audace, une politique méditerranéenne de le jeunesse, qui doit faire de l’éducation, de la formation professionnelle et de la coopération universitaire les chantiers prioritaires de son action.» Le Dr. Thabet Hassan Al Nabulsi, Secrétaire Général du Ministère de la Jeunesse du Royaume Hachémite de Jordanie insiste sur l’importance de la jeunesse, cite le Roi de Jordanie pour qui «la jeunesse est un actif stratégique». Plaide en faveur «d’un partage des connaissances afin de réduire les écarts. Il faut prendre en compte la réalité socio-économique, aider la jeunesse, lui permettre d’avoir un rôle créatif dans la société». Sabri Saidam, Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur de l’Autorité Palestinienne évoque le conflit israélo-palestinien, affirme: «Nous ne cherchons pas la guerre mais à vivre avec tout le monde un avenir prospère». Il en vient à l’éducation, observe: «Un grand nombre de jeunes n’allaient à l’université seulement parce que leurs parents le voulaient alors que l’apprentissage professionnel n’était réservé qu’aux jeunes en échec. Nous avons donc décidé de remédier à cette situation en intégrant la formation professionnelle dans tous les parcours d’enseignement et cette initiative est couronnée de succès».

«Il y a 20 ans nous n’avions même pas conscience d’être un pays méditerranéen»

Ilir Meta, Président de la République d’Albanie qui, s’appuyant sur l’histoire de son pays, affiche son espoir de voir la Méditerranée «devenir une grande région du monde». Il explique: «Il y a 20 ans, nous n’avions même pas conscience d’être un pays méditerranéen, nous étions la Corée du Nord de l’Europe et, aujourd’hui nous sommes en plein développement, membre de l’Otan et nous avons engagé des négociations d’adhésion à l’Europe». Il rend hommage aux jeunes: «Ceux sont des preneurs de risques, ils dépassent les frontières ont une capacité d’innovation dont tout le monde peut bénéficier». Mais, pour que cela porte tous ses fruits, il importe de desserrer des freins: «La mobilité et l’éducation sont les éléments clés pour l’avenir de la région. La jeunesse doit pouvoir partir se former à l’étranger, ce sera un vrai plus, sauf si elle ne rentre pas au pays, là, cela deviendra un problème. La Méditerranée, dans tous les cas, sera façonnée par sa jeunesse». «Aujourd’hui, conclut-il, la Méditerranée est un rêve et dans le même temps un cimetière» Tahar Ben Jelloun, écrivain et poète franco-marocain, Prix Goncourt, ouvre par un message vidéo la séance plénière consacrée à «la Méditerranée, un destin façonné par sa jeunesse» il invite à lutter «contre la stupidité du racisme et contre l’ignorance».

«L’environnement n’est pas une option mais un devoir immédiat»

Première table ronde  (Photo Robert Poulain)
Première table ronde (Photo Robert Poulain)

Marianne Amir Azer, députée égyptienne explique que, l’Égypte a signé une convention avec IBM «qui va organiser des ateliers dans différents domaines de la technologie et inclure des start-up dans son programme et les présenter à l’étranger». Invite les autorités à être de bons capitaines «qui entraînent la jeunesse sur la voie de l’éducation». Charles-Henri Leulier De La Faverie du Ché, Préfet maritime français de la zone Méditerranée insiste sur la spécificité de la Méditerranée: «tout est proche, depuis l’antiquité on y navigue en cabotant. En Méditerranée la jeunesse est attirée par le voisin. Et cette mer est plus qu’un pont, bordée qu’elle est par trois continents ce qui multiplie les occasions de se voir. Puis la mer est un espace commun, international. C’est là qu’il importe de concentrer les efforts sachant que l’environnement n’est pas une option mais un devoir immédiat».

«Avec le numérique, c’est la première fois dans l’histoire de l’Humanité que les jeunes sont en capacité d’apprendre aux anciens»

Erika Batista, Directrice de l’incubateur The Family explique que cette entreprise française fondée en 2013 a pour but de promouvoir l’émergence d’un écosystème de startups européennes dans le champ de l’économie numérique. Elle met en exergue: «Avec le numérique, c’est la première fois dans l’histoire de l’Humanité que les jeunes sont en capacité d’apprendre aux anciens». Elle montre un monde nouveau à partir de l’histoire de Maxime, 15 ans: «Il habite à proximité de Paris et rêvait d’un casque de réalité virtuelle « qui était trop ». Il a alors appris à coder et à développer son propre casque… en améliorant la technologie existante ce qui l’a conduit à rencontrer chez Facebook le PDG de la start-up qui élabore les casques qu’il ne pouvait s’offrir»
Yvon Berland, Président d’Aix-Marseille-Université met l’accent sur l’appel à projet pour une université européenne auquelle l’AMU a répondu avec les universités de Rome, Athènes, Bruxelles, Madrid, Tübingen et Stockholm et d’affirmer: «Cette université aura une vocation méditerranéenne et, quelle que soit la décision du jury, nous avons décidé de poursuivre l’aventure et de travailler le thème méditerranéen avec des universités de la rive sud».

«Entre les militaires et les islamistes, il y a une société qui aspire à vivre».

C’est au tour de Thierry Fabre, professeur des Universités, fondateur des Rencontres d’Averroès, de s’exprimer. Il porte un regard critique sur la politique méditerranéenne: «Nous sommes dans un désastre, l’Euro-Méditerranée est une impasse car la Méditerranée n’est pas périphérique à l’Europe, elle est un monde». Il souhaite que l’on regarde cette région différemment et, pour cela, il faut renverser la carte. Mais cela ne suffit pas à ses yeux, pour que politique méditerranéenne il y ait: «Il faut associer le Nord. Les Allemands ont des choses extrêmement importantes à dire sur la Méditerranée. Il faut les entendre». Il invite à mesurer le retard pris alors que, pendant ce temps: «Les Chinois inventent la nouvelle route de la soie». Pour lui, il importe donc «de faire de la Méditerranée un projet stratégique pour l’Europe et pour la France». Et de lancer: «Entre les militaires et les islamistes, il y a une société qui aspire à vivre. Il faut lui tendre la main, il faut parier sur la vie et non sur la mort».

Deuxième table ronde (Photo Robert Poulain)
Deuxième table ronde (Photo Robert Poulain)

Rabah Arezki, économiste en chef pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque Mondiale est le premier à intervenir à la table-ronde: «Jeunesse et innovation : une alliance indispensable pour bâtir la Méditerranée du futur». Il se fait l’écho d’un rapport de la Banque Mondiale sur les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena). Document selon lequel: «Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont toutes les caractéristiques nécessaires pour brûler les étapes du développement numérique. La jeunesse instruite a déjà adopté les nouvelles technologies numériques et mobiles, mais celles-ci sont encore balbutiantes. De gros efforts seront nécessaires pour saisir les opportunités que l’économie numérique offre à la région. Les décideurs devront travailler sur de multiples fronts. Plus tôt ils commenceront, plus les jeunes d’aujourd’hui auront des chances d’éviter l’exclusion économique et de réaliser leur plein potentiel ainsi que celui de leur région». Mais, ajoute-t-il: «Cela nécessitera l’adoption de nouvelles technologies et la fourniture de « biens publics numériques », comme un accès rapide et fiable à l’Internet haut débit et des solutions de paiement numérique».

«Nous sommes de plus en plus addict aux écrans et nous sommes probablement en train de sortir de l’ère de l’écrit»

Le propos d’Olivier Babeau, Président de l’Institut Sapiens est tout sauf rassurant lorsqu’il considère: «Nous sommes de plus en plus addict aux écrans et nous sommes probablement en train de sortir de l’ère de l’écrit». Hugo Travers, Influenceur digital, créateur de la page d’information Hugo Décrypte explique sa passion pour l’actualité, la politique, qu’il fait partager aux jeunes sur la chaîne YouTube. Olivier Mathiot présente thecamp dont il est le président comme «le campus de la quête de sens». Précisant: «Nous luttons contre la dictature du court terme. Nous sommes, en effet, conscients qu’une question se pose: « est-ce que les enfants de nos enfants auront encore envie de faire des enfants? » thecamp est le lieu du futur durable où nous imaginons le monde avec tous, de l’école primaire au PDG». Pour lui, il importe de sortir de cette logique absurde dans laquelle «un jeune de moins de 25 ans sur 4 est au chômage et où, à l’autre bout de la chaîne, le taux de chômage des plus de 50 ans est élevé». Il ajoute que thecamp veut faire son Union de la Méditerranée avec des lieux qui lui sont similaires au Maroc et en Tunisie. Chiara Cocchiara, Ingénieure d’exploitation système pour le programme Mars Society a commencé son épopée en voulant créer son avenir sur son île natale, la Sicile. «J’ai créé un drone équipé d’un système GPS et infra-rouge et j’ai travaillé sur un algorithme permettant de repérer les corps, en mer, et de savoir si la personne est vivante ou non afin d’être le plus efficace possible en matière de secours». Mais elle n’a pas oublié son rêve d’enfant, aller sur Mars, elle a été sélectionnée par la Nasa pour une expérience sur les conditions de vie sur Mars lors de laquelle «on a travaillé sur la technologie mais aussi sur la psychologie sans oublier des questions métaphysiques telle: peut-on faire une pizza sur Mars. L’expérience a prouvé que oui.»

«Il faut entrer dans l’ère de la cogestion et sortir de celle de la colonisation»

Bernard Foccroulle, musicien-compositeur, Directeur honoraire du Festival d’Aix-en-Provence juge: «Les échanges Nord/Sud sont déficitaires mais c’est aussi un problème Sud/Sud et Nord/Nord». De constater: «Un déficit de questionnement de nos institutions. Ainsi pendant 40 ans, le Festival d’art lyrique d’Aix s’est développé vers le Nord mais jamais vers le Sud de l’Europe et la rive Sud de la Méditerranée». Une situation qui a évolué: «Nous avons créé un réseau méditerranéen». Et de pointer: «Nous, européens, n’avons aucune difficulté à nous rendre dans un pays de la rive sud, le contraire n’est pas vrai, y compris pour les artistes. Parfois nous devons surmonter des préjugés défavorables pour faire venir des jeunes à l’Orchestre la Méditerranée». Un orchestre: «qui est une goutte d’eau dans la Méditerranée mais une magnifique goutte d’eau.» Pour lui: «limiter la mobilité est la pire des choses». Puis, de signaler: «Il existe trois critères pour identifier un acteur culturel dynamique: premièrement le lien entre patrimoine et création, deuxièmement le besoin de développement des participations citoyennes, il importe de rencontrer tous les âges et tous les publics et, troisièmement, être en prise avec le monde». Il forme le vœux que l’on regarde «ce qui est dans la lumière mais aussi à la marge car les gens les plus importants ne sont pas forcément ceux dont on parle le plus». Il propose, à son tour, de regarder vers l’Allemagne: «Il existe dans ce pays des fonds cogérés avec des pays méditerranéens, nous serions bien inspirés d’agir de même. Il faut entrer dans l’ère de la cogestion et sortir de celle de la colonisation». Il conclut et quelle plus pertinente conclusion pour cette matinée: «Il existe un patrimoine exceptionnel en Méditerranée, faisons en sorte qu’il nourrisse une création commune».
Michel CAIRE

Hommage à Antoine Sfeir

Antoine Sfeir est mort dans la nuit de dimanche 30 septembre à lundi 1er octobre, à l’âge de 70 ans (Photo Philippe Maillé)
Antoine Sfeir est mort dans la nuit de dimanche 30 septembre à lundi 1er octobre, à l’âge de 70 ans (Photo Philippe Maillé)

Cette journée ne pouvait avoir lieu sans un hommage à Antoine Sfeir. Renaud Muselier déclare:«Ce matin, nous rendons hommage à mon ami Antoine Sfeir. Il était cet esprit exceptionnel qui donnait sa part de lumière à l’obscur, dans une Méditerranée complexe et tumultueuse. Antoine était un défenseur acharné de la transmission, c’était même l’essentiel de sa vie. Et cette transmission, il la consacrait à la jeunesse euro-méditerranéenne. Il y a un an, nous avons lancé « Méditerranée du Futur » sous son autorité intellectuelle. Comme il le disait: « Il est temps pour l’Europe de comprendre que la Méditerranée n’est pas seulement le berceau de son histoire et de sa civilisation, mais bien le creuset de son avenir »». Agnès Rampal, présidente de la commission Euro-Méditerranée à la Région cite Antoine Sfeir pour qui «la solidarité entre la population méditerranéenne est une nécessité car les deux rives sont interdépendantes». Bernard El Ghoul, directeur du campus de Menton de Sciences Po évoque l’importance du Liban et de la France pour Antoine Sfeir, l’importance qu’il accordait à la laïcité: «Même s’il se souvenait de sa jeunesse libanaise où, comme il le disait, il pouvait draguer à la mosquée le vendredi, à la synagogue le samedi et à l’église le dimanche. Il plaidait pour que la France construise des collèges, des lycées, des universités dans le monde arabe afin de fabriquer des francophones».
M.C.

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