Avignon – Festival Off 2023 : rencontre croisée avec les acteurs et le metteur en scène de ’Ceci n’est pas une saucisse’

Publié le 16 juillet 2023 à  16h43 - Dernière mise à  jour le 4 août 2023 à  2h43

Ça décoiffe et c’est très drôle. Programmée prochainement à Paris au Bouffon théâtre par Marc Poublan, comédien lui-même et metteur en scène, la pièce « Ceci n’est pas une saucisse » est une charcuterie théâtrale à dévorer sans modération dans le Off d’Avignon.

Destimed saucisse off Avignon 1

Le synopsis loufoque de « Ceci n’est pas une saucisse » est simple : « Et si on remplaçait les théâtres par des boucheries-charcuteries ? Au lendemain de la crise sanitaire, Guigue, directeur de théâtre désabusé, a décidé de transformer sa salle de spectacle en un lieu vraiment « essentiel » : une chambre froide ! Dans cette perspective, Plo, comédien désœuvré, résidant au théâtre, est supposé débarrasser rapidement le plancher… Mais c’est sans compter sur la créativité délirante, l’imaginaire fertile et l’inconscient fourmillant de l’artiste. Une à une, chacune de ses idées redonne vie et sens au lieu-théâtre, espérant ainsi réenchanter Guigue et lui rendre son inspiration… » Texte subtil, lyrique et bourré d’humour d’où fusent des répliques désopilantes, mise en scène vive et inventive, interprétation échevelée où le duo d’artistes à la folie communicative embarque avec virtuosité le public pour un voyage en Absurdie… offrent une comédie burlesque, poétique, hilarante et délicieusement farfelue. À la fois littéraire et irrésistible, la proposition est inédite sur la nouvelle scène du rire… et c’est tout simplement euphorisant. Rencontre avec le metteur en scène Thibaut Truffert, et les comédiens Grégoire Roqueplo (Plo) et Alexis Chevalier (Guigue)


Mais qui êtes-vous ?
G.R Bonjour, je m’appelle Grégoire Roqueplo, je suis comédien et j’ai l’immense bonheur de jouer Plo dans « Ceci n’est pas une saucisse ».

A.S Alexis Chevalier, coauteur et comédien.

T.T Bonjour, je suis Thibault Truffert, j’ai 35 ans et je suis le metteur en scène de « Ceci n’est pas une saucisse ».

Comment cette pièce a vu le jour ?
G. R Nous avions créé un premier spectacle avec notre duo, Ici et là, que nous avons joué plus de 200 fois. Et l’envie était là d’écrire un nouveau spectacle, d’explorer un peu plus notre rapport, de raconter de nouvelles choses à travers le regard de Guigue & Plo. Et les confinements successifs que nous avons traversés ont accéléré ce processus de création.

A.S Notre duo existait déjà depuis quelques années, après le Covid nous avions envie d’un renouveau, comme quand on a envie de s’acheter de nouveaux vêtements. Nous avions le désir d’aller plus loin dans l’absurdité de notre univers. Cela a aussi correspondu pour moi avec le début d’une psychanalyse et donc l’idée est venue d’exploiter la matière onirique pour la transformer en comique.

Comment s’est construit le texte ?
G. R Nous avons écrit chacun de notre côté avec Alexis et nous nous sommes vus très régulièrement pour donner naissance à ce spectacle

A.S On écrit chacun de son côté pour essayer de se surprendre et de s’amuser. Si l’autre est convaincu par le texte, c’est déjà un peu gagné.

Quels auteurs ou comédiens vous ont inspirés ? Je suppose que le tableau « Ceci n’est pas une pipe » a nourri « Ceci n’est pas une saucisse » ?
G.R Avec Alexis et Thibault nous partageons un goût commun pour Poiret et Serrault, Dubillard, les Monty Python.. Eh oui, le titre est une référence directe à Magritte qui est également une grande source d’inspiration

A.S Nous aimons beaucoup la révolution absurde du 20e siècle. Et aussi tous les grands duos à commencer par Funès et Bourvil. Aujourd’hui, on s’inspire aussi de Monsieur Fraize, surtout dans la grande liberté qu’il exerce avec le public.

T.T Il est difficile pour moi d’avoir conscience de nos influences. Je me rends souvent compte de celles-ci une fois les choses faites. Il y a effectivement de nombreuses références à Magritte, aux courants surréalistes. Je constate aussi une parenté entre le professeur Rollin et le personnage de Guigue, entre Bourvil et le personnage de Plo. Les Monty Python ne sont pas loin non plus. Devos et Ribbe sont là, également.

Surréaliste, loufoque, il y a un peu de gravité aussi. Aimez-vous le mélange des genres ?
G.R Énormément. C’est comme en cuisine : on adore les recettes de cuisine (que l’on pourrait comparer au théâtre classique) mais que l’on revisite avec des ingrédients inattendus. Il y a un vrai plaisir à inventer pour surprendre.

A.S Oui c’est vrai que ce goût du décalage nous pousse à mélanger à la grande histoire (la fin de la culture, le combat entre la culture et la boucherie) de nombreux éléments surréalistes… des choses surprenantes. On aime étonner et surprendre en permanence.

T.T J’ai rarement eu l’occasion de travailler avec des artistes aussi décadrés que Guigue et Plo, ce qui me correspond bien, à moi aussi. Ils ont une aisance toute naturelle pour voyager à travers les styles et les registres sans effort apparent et dans le plus grand amusement.

Est ce que les comédiens ont participé à la mise en scène. Et comment s’est-elle agencée ?
G.R C’est Thibault qui agence. Mais il aime nous laisser une grande liberté dans le jeu. Il nous invite à proposer des choses que l’on ne retient pas toujours.

A.S Thibault est le metteur en scène mais nous avons aussi beaucoup travaillé tous les trois ensemble. La réunion de nos cerveaux malades a petit à petit accouché de cette forme dans laquelle on s’amuse beaucoup.

T.T Les comédiens ont assuré un rôle essentiel dans la mise en scène par leur force de proposition constante. Tout s’est fait de manière naturelle, progressivement. Nous apportons tous des idées qui nous amusent et nous gardons les meilleures. Ce qu’il faut signaler, c’est que le spectacle évolue constamment. À chaque reprise, on revient avec de nouvelles idioties à ajouter au show.

Quel regard porte chacun sur la personnalité de l’autre ?
G.R J’admire la spontanéité de Plo. La sympathie qui se dégage immédiatement de sa personne. C’est un acteur avec une nature très très riche et un grand travailleur.

A.S C’est un régal de travailler avec Alexis et Thibault, ils sont tous deux dotés d’une inventivité, d’une créativité et d’une intelligence incroyables. On rit énormément.

T.T Un regard totalement ouvert et bienveillant. De même que pour l’absence de cadre, je constate chez Guigue et Plo ainsi que chez le reste de la compagnie du « Saut du Tremplin » une totale acceptation de l’autre qui est très propice au travail.

Vous avez beaucoup ri j’imagine. Quelle anecdote particulière avez-vous à nous raconter ?
G.R Ce matin, nous avons joué devant un vrai boucher qui a beaucoup ri, comme quoi, saucisse et humour font bon ménage.

A.S Comme vous le dites, on rit beaucoup. On a eu plusieurs fous rires durant le travail. Une anecdote récente parmi d’autres : à un moment du spectacle Guigue est sensé placer un micro sur scène afin d’interpréter une sorte de slam. Suite à un oubli de mise, le micro étant manquant, Guigue a eu l’idée d’apporter en scène un autre accessoire du spectacle qui n’a absolument rien à voir avec un micro. Je ne peux vous dévoiler lequel, mais j’ai énormément ri. L’idée a été gardée, d’ailleurs.

T.T Les répétitions nous ont donné de grands moments de rire. Mais également certaines représentations… il y en a notamment une où j’ai eu une chute malencontreuse et nous sommes partis dans un gigantesque fou rire avec Alexis. Ce moment est un peu à l’image des moments que nous passons ensemble et de notre relation avec Guigue & Plo c’est un grand éclat de rire !

Comment réagit le public ?
G.R Au début, nous avions parfois l’impression que ce spectacle visait une niche assez réduite de spectateurs mais nous constatons que plus le spectacle mûrit, plus nous emportons l’adhésion commune. C’est très positif et assez surprenant pour nous.

A.S Le public est souvent très étonné et se laisse volontiers embarquer dans cette histoire assez originale.

T.T Ils sont souvent surpris ! Et nous demandent si on se fait soigner.

De nouveaux projets ensemble ? Et séparément ?
T.T Plein ! Citons « En pleine mer » de Slawomir Mrozek dans lequel j’ai l’honneur de jouer en ce moment avec Alexis Guigue et Grégoire Plo mais également avec Marguerite Kloeckner, l’interprète du spectacle Tiquetonne. Et j’espère qu’il y en aura bien d’autres

G.R Oui, nous jouons aussi avec Alexis et Thibault au Festival d’Avignon au théâtre des barriques la pièce «  En pleine mer  » à 16h45, tous les jours sauf les mardis jusqu’au 29 juillet. Et l’année qui arrive sera bien chargée aussi !

Propos recueillis par jean-Rémi BARLAND

« Ceci n’est pas une saucisse » au Théâtre Pixel-Bayaf -10, rue de la Carreterie. Avignon (84) jusqu’au 29 juillet à 12h30. Relâche les 18 et 25 juillet.
Tarif : 19€ Tarif abonné : 13€ – Tarif enfant (-12 ans) : 10€ – Tarif réduit : 13€.
Réservations au 07 69 15 10 11 ou sur www.pixelavignon.com.

 

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