Banque de France. En 2023 l’économie a été résiliente et il devrait en aller de même en 2024

« L’économie régionale est résistante sur fond d’incertitudes », avance Denis Lauretou, directeur régional de la Banque de France en Provence Alpes-Côte d’Azur lors de la présentation de l’année écoulée et les prévisions pour l’année qui s’ouvre.

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Denis Lauretou, directeur régional de la Banque de France et Eric Sella responsable du Pôle économique ont présenté les résultats 2023 et les perspectives 2024 (Photo Michel Caire )

L’économie régionale a maintenu une tendance haussière des chiffres d’affaires dans tous ses secteurs qui doit cependant être nuancée par le contexte inflationniste. « En 2023 et en 2024 on a assisté à un ralentissement d’activités qui se traduit par une hausse du PIB de 0,8 à 0,9%. Cela ralentit mais reste plus robuste que ce que l’on attendait début 2023 puisqu’on envisageait alors une récession », explique Denis Lauretou qui précise : « Ce n’est pas une grande performance mais cela permet aux entreprises de faire face à leurs obligations ». Pour le directeur régional  : « Il ne devrait pas y avoir de récession en 2024 mais on reste au-dessous de la croissance mondiale qui est de +3,2% ». Une nouvelle plus réjouissante concerne l’inflation : « La Banque de France estime qu’elle sera de l’ordre de 5,7% en 2023. Ce qui est intéressant c’est que ces 5,7% prennent en compte l’effet de base qui était de 7%. La dynamique générale est donc positive et cela permet de dire que pour 2024 l’indice du prix à la consommation devrait passer à 2,5% avant un retour à 2% en 2025». « Autant, poursuit-il, pour la croissance nous ne sommes pas dans les meilleures positions autant concernant l’inflation on a une meilleure maîtrise que le reste de l’Europe et du monde ».

« Le Covid a entraîné une chute de 7,5% du PIB en 2020 »

Denis Lauretou en vient au  PIB : « Il a connu un accident majeur en 2020 avec le Covid qui a entraîné une chute de 7,5% du PIB. En 2021 on sort du confinement généralisé ce qui entraîne un rebond de 6,4% ». Le directeur régional de la Banque de France voit là « une des sources de l’inflation qui est arrivée car il y a eu un choc de la demande sans que la production et la livraison soient en capacité de suivre. Et tout cela crée un terreau favorable à l’inflation ». Signale: « l’impact de la guerre en Ukraine et le choc des matières premières. Une inflation qui depuis deux ans est tirée par le prix de l’énergie et des matières premières agricoles. Deux prix formés sur les marchés internationaux. Or on assiste à une détente sur le prix de l’énergie et la tendance au repli de l’inflation sur les matières premières se confirme ». Dans ce contexte, il avance  : « En 2023, l’économie française a connu un ralentissement mais elle résiliente et l’économie régionale fait de la résistance». Le pouvoir d’achat  s’amenuise en 2022 avant de connaître une légère croissance en 2023. Or, insiste Denis Lauretou : « La croissance française est tirée par la demande intérieure d’où la nécessité d’avoir un pouvoir d’achat des ménages satisfaisants ». Il rappelle dans ce cadre : « En France le taux d’épargne des ménages est très important. On a là une réserve très importante et tout l’enjeu réside dans le fait de réduire l’épargne au profit de la consommation ». Il note par ailleurs : « Aujourd’hui les services sont source d’inflation et le chômage devrait remonter en 2024 et en 2025 mais, avec la remontée de l’activité en 2025 le chômage devrait vite se résorber ».

« Pour une défaillance il y a 7 créations d’entreprises au niveau national »

Concernant le Prêt garanti par l’État (PGE), le directeur régional de la Banque de France indique : « Le montant du PGE s’élève au niveau national à 144 milliards d’euros, dont 12 millions d’euros dans la région. On compte 1 100 dossiers de restructurations du PGE au niveau national, pour des entreprises en difficulté sachant que l’on comptait 68 688 bénéficiaires dont 100 dossiers dans la région. 52% des PGE ont déjà été remboursés.» Concernant les défaillances d’entreprises la crise n’est pas là non plus : «On revient simplement au volume de défaillances que l’on connaissait avant le Covid. Surtout il faut savoir que pour une défaillance il y a 7 créations d’entreprises au niveau national et 4,7 au niveau régional ». Il indique enfin que le taux moyen des crédits à l’habitat commence à se stabiliser « sachant que les ménages ont été raisonnables et ont attendu que le marché se corrige par les prix ».

L’économie régionale a maintenu une tendance haussière des chiffres d’affaires

L’économie régionale a maintenu une tendance haussière des chiffres d’affaires dans tous ses secteurs «qui doit cependant être nuancée par le contexte inflationniste». L’effort de recrutement est resté actif sauf dans la construction. La dynamique d’investissement, forte ces dernières années, a marqué une pause. «Au cours de cet exercice, la rentabilité des entreprises est globalement préservée».

Malgré une dégradation des carnets de commandes en fin d’année, «les chiffres d’affaires sont en croissance en raison du soutien des exportations et d’un effet prix toujours important. Les secteurs de l’équipement électrique et de la fabrication de produits informatiques ont joué un rôle moteur».

La situation de l’emploi s’est de nouveau améliorée et le recours à l’intérim s’est réduit.  Les difficultés de recrutement demeurent mais à un niveau plus faible que par le passé. L’investissement a marqué une pause dans les secteurs actifs les années précédentes (agro-alimentaire et autres produits industriels).

Les chiffres d’affaires des services marchands ont progressé grâce à des hausses tarifaires pour l’essentiel. Celles-ci sont venues compenser la hausse des charges d’exploitation (énergie et revalorisations salariales), parfois au détriment de la profitabilité des entreprises.

Le secteur de l’information communication s’est montré particulièrement dynamique. Dans l’ensemble, les effectifs se sont légèrement renforcés notamment dans l’ingénierie.

Après prise en compte des coûts de production, «la croissance de l’activité reste tout juste positive dans la construction. Le durcissement règlementaire et la normalisation des conditions de financement ont limité les mises en chantier dans le gros œuvre. Le second œuvre et les travaux publics se sont mieux tenus. Le secteur voit sa rentabilité et ses capacités d’investissement plutôt maintenues. Les effectifs se sont légèrement contractés».

Perspectives 2024 en région Sud

L’activité évoluerait positivement «mais l’enquête fait état d’une visibilité toujours limitée». Dans ce contexte, la priorité demeure «la défense des marges pour sécuriser les trésoreries parfois sous tension et préserver une capacité d’investissement», indique Eric Sella responsable du Pôle économique. Les prévisions d’activité demeurent favorables «mais globalement plus limitées, notamment dans les secteurs qui ont porté l’exercice 2023, équipements électriques et électroniques», précise-t-il.

Les professionnels sont optimistes «quant à leur rentabilité d’exploitation. Une reprise d’investissement est prévue dans la majorité des secteurs». L’emploi afficherait globalement une légère hausse. Le travail temporaire connaîtrait une nouvelle contraction. Les dirigeants des services marchands « restent optimistes et anticipent pour l’année prochaine, non sans prudence, une croissance plus modérée de leur activité et de leur rentabilité notamment dans les transports et l’information-communication». Les investissements, plutôt stables, devraient ralentir. S’agissant de l’emploi, «les professionnels restent résolus à poursuivre leurs efforts de recrutement et à réduire encore la part des intérimaires dans leurs effectifs».

Les professionnels tablent «sur une croissance d’activité modeste tant dans la construction que dans les travaux publics. Les perspectives d’activité permettent d’espérer un maintien de la rentabilité ». S’agissant de l’emploi, «les chefs d’entreprises prévoient une nouvelle diminution des embauches et un moindre recours à l’intérim», conclut Eric Sella.

Michel CAIRE

Surendettement : niveau stable
En janvier, le niveau des dépôts de dossiers de surendettement est resté relativement stable par rapport au dernier trimestre de l’an passé. Sur la plus longue durée, il reste inférieur aux dépôts constatés en 2019 (-6 %) qui reste l’année de référence (i.e. prépandémie). Le nombre de désignations de droit au compte par la Banque de France en janvier 2024 est en baisse de 11 % sur un mois et de 41% par rapport à janvier 2019. Le volume de nouvelles inscriptions au Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP ) constaté en janvier 2024 est en très légère hausse et s’inscrit toujours dans la tendance de « normalisation » observée au cours des mois précédents, à un niveau légèrement supérieur à celui de 2019. Le nombre des demandes d’informations ou d’accompagnement des particuliers adressées à la Banque de France sur des sujets d’inclusion financière via son accueil multicanal (guichet, téléphone – via le numéro d’appel unique 3414- courrier, web via le site internet banque-france.fr poursuit sa progression, avec une hausse de 10% par rapport à janvier.

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