Victor Pouchet sera présent aux correspondances de Manosque du 24 au 28 septembre pour son roman « Voyage voyage » qui met en scène un couple confronté à un immense chagrin.
Cela pourrait s’appeler « Réparer les vivants » ou encore « Que deviennent les larmes quand elles sèchent ». Cela s’intitule «Voyage voyage» et c’est un roman d’une gravité joyeuse, qui met en scène un homme Orso et son épouse Marie, toujours fous amoureux mais confrontés à un immense chagrin.
Ce drame vécu par le couple dont on ne vous dira pas davantage pour ne pas divulgâcher l’intrigue se trouve évoqué par fragments dans une écriture d’une beauté solaire. A bord d’une vieille Renault 21 Nevada blanche à bout de souffle mais courageusement vaillante, qu’on pourrait imaginer comme dans la chanson de Joe Dassin « L’équipe à Jojo » « fleurie sur le capot », ils vont sillonner la France. Pourquoi cette voiture-relique plutôt qu’une voiture plus récente ? « Orso aimait cette impression d’entretenir un rapport physique avec la voiture, comme on dompterait un animal exigeant», est-il expliquer. Et de sembler maîtriser « leur bolide capricieux comme un pur-sang ». D’ailleurs «est-ce qu’on ne clignote pas absurdement nous aussi, quand quelque chose déconne ? »
Direction donc le pays tout entier pour mettre en place ce que Orso appelle: « La théorie de la grande diversion à laquelle souscrit Maria son épouse. Penser à autre chose. Chercher l’aventure dans des endroits inédits. Aller là où ils n’étaient jamais allés, voir ce qu’ils n’avaient jamais vu, avancer un peu plus loin, au fond de l’inconnu, pour trouver du nouveau »
La France à travers ses musées
Et tangue la Renault 21 Nevada… avec un seul mot d’ordre : visiter les musées les plus insolites de la France profonde. Tout d’abord le musée du Poids à Mécringes dans la Marne. L’occasion pour Victor Puchet de raconter comment on a procédé pour calculer combien pèse la terre. Puis ce seront le musée de la Mine de fer à Neufchef (57), le musée de l’Amiante, du Pigeon, et tant d’autres avec des détours conduisant à Lourdes, Mont-de-Marsan, et son « Best Western », portant l’inscription « Hôtel écochic », la Moselle, et surtout Saint-Tropez et son musée de la Gendarmerie et du Cinéma. Paragraphes assez drôles alors sur De Funès-Cruchot, et l’ineffable Galabru, puis assez iconoclastes sur Brigitte Bardot « la déesse tutélaire de la ville » représentée par une statue lascive du dessinateur italien Milo Manara qui l’avait offerte à la ville et « au regard concupiscent des touristes, en septembre 2017, soit quelques semaines seulement avant l’explosion du mouvement MeToo. »
Roman d’aventures d’amour et sorte de guide touristique foisonnant d’informations inattendues, «Voyage voyage » est un manuel pour trouver de la joie là où on ne l’attend pas. On saluera l’élégance du style, le refus de tout pathos (et pourtant il y a aurait de quoi !!!), et ces deux pages bouleversantes (189-190), répondant à la question: « Qu’est-ce qu’on peut souhaiter pour de vrai et pour toute la vie ? Le spectaculaire n’est pas ici dans les faits rapportés mais dans les coeurs d’Orso et Marie. Et c’est superbe !
Jean-Rémi BARLAND
« Voyage voyage » par Victor Pouchet – Gallimard – Collection L’arbalète – 192 pages – 20 €
