Publié le 25 mars 2013 à 4h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h13
Six heures de débats pour six ans de mandature
Le vote du dernier budget du 3e mandat de Jean-Claude Gaudin a sonné comme l’heure du bilan, suscitant de multiples passes d’armes entre opposition et majorité. A un an des municipales de 2014, la campagne a bel et bien débuté. Avec une majorité municipale qui aimerait que le sénateur-maire de Marseille soit, une fois de plus, son chef de file…
Plus de 300 délibérations inscrites à l’ordre du jour : c’est le menu particulièrement copieux qui était proposé ce lundi 25 mars aux 101 élus du conseil municipal de Marseille. Un menu qui comptait en outre un plat de résistance de choix avec le vote du budget primitif pour l’année 2013. Si bien qu’il a fallu pas loin de six heures de débats, souvent vifs, pour épuiser l’ordre du jour. Débutée à 8h30, cette séance du conseil municipal, qui s’est achevée après 14h, a également marqué un changement de temps politique. D’une part, la fin de la troisième mandature de Jean-Claude Gaudin, dont c’était l’ultime vote du budget, de l’autre, le début de la campagne électorale des municipales de 2014.
Un temps nouveau où chacun a commencé à se positionner par rapport au rôle qu’il compte jouer dans les prochains mois, que ses intentions soient déjà connues, qu’elles relèvent du secret de polichinelle ou qu’elles conservent encore une réelle part de mystère. Et dans ce contexte, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a, à plusieurs reprises, laissé percer le candidat en puissance qui sommeille en lui. A tel point que Christophe Masse, président du groupe socialiste, s’est interrogé à haute voix : « Monsieur le maire ou peut-être monsieur le candidat ? », a-t-il lâché à mi-séance. « Vous devrez encore attendre un peu », lui a simplement rétorqué Jean-Claude Gaudin.
Mais dans les rangs de la majorité municipale, ces 50 élus grâce auxquels le maire de Marseille a pu gouverner la ville durant six ans alors qu’il n’était nanti au départ que d’une très faible majorité (2 sièges seulement), on a envie que cette réponse soit positive… et on le fait savoir. « Nous n’avons besoin ni d’abonné aux grande gueules, ni d’apparatchik d’un parti, mais d’un homme d’Etat avec une vision qui s’inscrit dans la durée, doté d’humanisme. C’est cela, monsieur le maire, que vous incarnez », a confié l’adjoint aux Finances Jean-Louis Tourret. Yves Moraine, président du groupe de la majorité municipale, lui a emboîté le pas quelques minutes plus tard : « Oui, monsieur le maire, il faudra continuer, quand le cap est bon, quand la barre est bien tenue on ne change pas de capitaine. » Avant que Bruno Gilles, maire des 4e et 5e arrondissements, n’en remette une louche, cette fois à l’attention de l’opposition : « Vous voulez gérer la deuxième ville de France alors que vous être incapables de vous gérer », a-t-il ironisé en faisant référence à la mise sous tutelle de la Fédération du PS des Bouches-du-Rhône.
« Sans le passé, aujourd’hui, Marseille ne serait plus endettée »
Alors dans cette matinée si particulière, le débat sur le vote du budget primitif, qui constitue toujours un rendez-vous politique majeur dans la vie d’une municipalité, a enregistré des pics d’intensité encore plus élevés qu’à l’accoutumée. D’entrée en jeu, l’adjoint aux Finances Jean-Louis Tourret donnait le ton en invitant l’assemblée à regarder « avec fierté le chemin parcouru depuis 1995 ». Près de dix-huit années, de juin 1995 à aujourd’hui, où la politique municipale a été guidée par « trois priorités » : « des finances saines et en équilibre » ; « une constante dépense d’investissements et d’équipements » ; « de grands projets qui développent l’économie et favorisent l’emploi ». Et si l’on en croit l’adjoint aux Finances, le budget 2013 ne faillit pas à la règle avec des dépenses de Fonctionnement qui s’élèvent à 966,9 M€ – en dehors des 28,7 M€ générés par la suractivité liée à Marseille-Provence 2013 -, soit une hausse de 1,37% moins élevée que l’inflation. Jean-Louis Tourret ne manque également pas de souligner, au sein de cette enveloppe, la hausse de 4,3% des dépenses d’éducation et de 2,1% de celles liées à la petite enfance, des postes budgétaires qui « progressent plus vite que l’inflation ».
Parallèlement, les investissements s’élèvent à 306,4 M€, dont 46,9 M€ pour le stade Vélodrome. « La dette est en régression année après année, hors stade. Sans le passé, aujourd’hui Marseille ne serait plus endettée », clame l’adjoint aux Finances. Tout en précisant que cette gestion est louée par les agences de notation Standard and Poor’s et Fitch, Jean-Louis Tourret se livre alors à un parallèle avec la politique menée au plan national par le gouvernement socialiste. « La fiscalité de Hollande, c’est 16 Mds€ de plus que tout le monde aura à payer, riches et non riches. Avec Jean-Claude Gaudin, c’est +36% pour toutes les mandatures, contre 89% en moyenne nationale », énumère-t-il avant de lancer à l’adresse plus particulière de Christophe Masse, également vice-président du conseil général : « Regardez la poutre dans votre œil : c’est +219% en 19 ans au Département. Il est vrai que le conseil général a toujours avancé masqué sur ce sujet. » Une allocution qui laisse entrevoir quels pourraient être certains angles d’attaque lors de la campagne des municipales.
« La fierté de s’être attaqué au fléau du chômage »
Après avoir évoqué les investissements de 4 Mds€ en 18 ans, dont « plus de 500 M€ dans les écoles », ou les efforts faits en direction des mairies de secteur, du corps des mains-pompiers et de la police municipale, l’adjoint aux Finances en vient à « la fierté de s’être attaqué au fléau du chômage ». « En 1986, le taux de chômage en France était de 9%, à Marseille de 25%. En 2012, le taux de chômage en France était de 10,2%, à Marseille de 12,9%. Avec 2,7 points d’écart, on est bien loin des 16% de 1986. S’il n’a pas lieu de crier victoire, on peut mesurer le chemin parcouru », souligne Jean-Louis Tourret. Un résultat pour lequel il loue l’impact des zones franches, « œuvres du ministre de la Ville Jean-Claude Gaudin », des travaux où « la responsabilité de la ville est de les lancer pour entraîner les autres collectivités qui traînent parfois les pieds » ou « l’effet multiplicateur d’Euroméditerranée ». Avant de dresser un ultime tableau qui suffit à ses yeux à résumer la réussite de la gestion municipale : « 40 000 emplois créés en trois mandatures, Marseille qui revit, la population qui augmente ».
Une analyse que ne partageait pas Jean-Marc Coppola pour le groupe Communiste, Républicain et Citoyen. « En 18 ans, on peut changer le visage d’une ville, on a le pouvoir d’agir. Dix-huit ans, c’est ce qu’il faut pour faire d’un nouveau-né, un jeune majeur. Or, un jeune né voici dix-huit ans a toujours connu cette ville dégradée pour la majorité de ses habitants », assène-t-il. Et d’estimer qu’« une nouvelle fois, ce budget traduit un manque de projets, un manque de vision positive, et des efforts tournés en permanence tournés vers l’image, vers les paillettes, vers la lubie du tourisme de luxe ».
Le premier écueil touche à ses yeux les dépenses pour l’action éducative qui « sont significatives du yoyo que vous effectuez dans vos budgets ». « Une progression de 5,8% par rapport au budget 2012, ça fait bien, juste avant les élections municipales, mais la baisse avait été de 6,4% entre 2011 et 2012. Et depuis 2009, c’est au total -6%. La jeunesse de Marseille devrait être au cœur de votre budget et de vos choix politiques. Il n’en est rien ! », dénonce Jean-Marc Coppola.
« Marseille n’est pas une ville pauvre mais profondément inégalitaire »
Les critiques portent aussi sur les dépenses pour l’action culturelle bien qu’elles progressent de 33,6% sous l’effet de Marseille-Provence 2013. « Vous ne pourrez pas vous en tirer en agitant ce hochet à tout bout de champ, tant votre bilan est maigre en la matière. La capitale de la culture, une fois de plus, est principalement mise au service de cette obsession de l’image plutôt que d’un travail en profondeur, d’une appropriation populaire de la culture. On y trouvera bien évidemment de l’intérêt pour des créations et de l’engouement, puisqu’enfin, on parle de notre ville un peu autrement que de manière négative. Mais vous en êtes restés à une vitrine de grand magasin », juge-t-il.
Jean-Marc Coppola vise également « la fracture Nord/Sud » qui est « nette », « avec une paupérisation du Nord qui va jusqu’à la Canebière ». « Marseille n’est pas une ville pauvre mais profondément inégalitaire. Nous y trouvons des quartiers qui font partie des 22 les plus riches de France et nous avons le triste privilège d’avoir 23 des 100 quartiers les plus pauvres de notre pays », fait-il observer. L’élu du groupe Communiste, Républicain et Citoyen invite encore à gratter « le vernis » de la baisse du taux de chômage par la création des zones franches et Euroméditerranée. « Les emplois sont pour beaucoup dans le tertiaire. Ils ne profitent pas aux jeunes de Marseille, puisque le taux de chômage atteint les 50% pour les moins de 25 ans dans les quartiers Nord, malgré parfois des qualifications et des diplômes. Et quand ils ont un emploi, il est souvent précaire », relève-t-il.
Ou, en visant plus particulièrement le maire de Marseille, de pointer encore le Port qui « n’est pour vous qu’un foncier urbain à récupérer et synonyme de haute plaisance » et les transports collectifs métro et tramway « concentrés sur l’hyper centre puisque ni le Nord, ni le Sud, ni l’Est ne possèdent d’infrastructures dignes du 21e siècle, laissant le tout voitures polluer notre ville ». « Quant à la maltraitance infligée à Marseille par l’Etat, qui apporte une aide de 30 Mds€ au Grand Paris et pour l’instant zéro à notre région, vous en êtes le premier responsable. Où sont les projets ambitieux pour répondre aux besoins ? Votre immobilisme ne semble ébranlé que par les projets de vos amis du privé qui font de Marseille une ville à péages pour circuler, pour se garer, pour se détendre ou pour se cultiver », martèle-t-il.
« Une logique qui tourne le dos au vivre ensemble »
Après avoir fait observer que la capacité de remboursement de la dette de la ville de Marseille « est de plus de 20 ans contre 5 ans à la Région », Jean-Marc Coppola estime que « c’est vous et votre majorité qui en êtes responsables ». « Car c’est bien vous et vos amis quand vous étiez dans l’ancienne majorité gouvernementale, qui avez supprimé la taxe professionnelle. C’est bien vous qui avez gelé et donc diminué les dotations d’Etat au point que les Collectivités locales sont asphyxiées », accuse-t-il. Et d’en revenir à la polémique des 30 Mds€ accordés au Grand Paris. « Monsieur le maire, que feriez-vous avec, sinon d’amplifier les inégalités en transformant Marseille. Sous les apparences de l’immobilisme, moi je dis que vous avez agi, mais au service d’une logique qui n’est pas celle de l’intérêt général. Une logique qui tourne le dos au vivre ensemble », assène Jean-Marc Coppola en évoquant notamment « La désertification des services publics dans les quartiers populaires abandonnés » ou le stade Vélodrome « pour lequel un grand groupe privé va toucher une rente juteuse pendant 35 ans ». Et d’en conclure : « Vous vous doutez que nous voterons contre votre budget, parce que votre conception de l’action publique tourne le dos aux attentes et aux préoccupations des Marseillaises et des Marseillais ».
Un plaidoyer qui vaudra comme seule réponse de Jean-Claude Gaudin : « Vous avez les éternelles lunettes idéologiques du Parti communiste. Je suis le maire qui a le plus rééquilibré la politique municipale vers le Nord. Quant au port, c’est la CGT qui l’a mis à genoux durant des années. »
Président du groupe « Faire gagner Marseille » (groupe socialiste), Christophe Masse s’en est pour sa part d’abord pris à la forme. « Encore une fois Marseille se distingue des autres grandes villes. Nous sommes en effet la seule commune qui vote son budget primitif aussi tardivement et qui communique à ses élus ce document de 600 pages, 5 jours seulement avant le conseil municipal. C’est porter peu d’estime aux élus de ce dit conseil », déplore-t-il avant d’enfoncer le clou : « Nous avons reçu les budgets annexes hors délai et je ne vous ai même pas entendu invoquer la procédure d’urgence ! Si nous étions procéduriers, je pense que M. le préfet vous obligerait à revoter tous ces budgets mais nous ne voulons pas freiner votre administration, ce qui pénaliserait les Marseillais. » Une saillie qui lui vaudra une réplique immédiate d’Yves Moraine, président du groupe de la majorité municipale : « Nous votons aussi tardivement qu’à la communauté urbaine, vendredi dernier, et au conseil général, vendredi prochain. »
« L’Etat aide déjà beaucoup la ville, en tout cas beaucoup plus que l’ancien gouvernement ! »
Sur le fond, Christophe Masse relève tout d’abord que « la ville recevra 38 M€ de subventions d’investissement dont 10,6 M€ de l’Etat (hors stade et les 28 M€), 6 M€ de la Région, 15,5 M€ du conseil général ». « 18% de subvention sur le montant total des investissements : finalement pour une ville qui se lamente, dès que l’on tend un micro, sur le peu d’aides accordées à Marseille, ce n’est pas mal du tout, non ? Certes, on en voudrait tous toujours plus, mais je crois qu’il faut quand même rappeler que Marseille n’est pas le parent pauvre que l’on aime à caricaturer pour masquer ses propres incohérences », souligne-t-il. Et le président du groupe « Faire gagner Marseille » d’observer aussi que « les dotations de fonctionnement de l’Etat vont augmenter au total de 12 à 16 M€ soit 4% environ » alors qu’« en 2012, cette progression était de 3,2 M€ soit 1% ». « Vous voyez bien, monsieur le maire, que l’Etat aide déjà beaucoup la ville, en tout cas beaucoup plus que l’ancien gouvernement ! », ironise Christophe Masse.
Il relève aussi que « le prochain maire de Marseille devra faire face 1,7 Md€ d’euros d’engagement sous forme « d’autorisations de programme », soit 8 années de budget d’investissement ». « La Chambre régionale des comptes écrivait déjà en 2006 : « Le décalage croissant entre le montant des autorisations de programme et des crédits de paiement est de nature à compromettre la réalisation de la programmation des investissements ». Vous n’avez absolument rien fait depuis pour corriger ce grave dysfonctionnement. Ah si, vous l’avez malheureusement appuyé ! », assène-t-il. Et d’étayer ses propos en citant la cité des Arts de la Rue, « annoncée en 2001 », qui « a finalement inaugurée en 2012 », les médiathèques à Saint-Antoine ou Saint-Marcel qui « n’ont pas encore vu le début d’un commencement de réalisation » ou le plan piscine qui « a fait splash ». « Mais à vos yeux, qu’importe, il suffit juste de faire beaucoup d’annonces et quelques réalisations ! Cette campagne permanente ne passera plus en 2014 », assure le président du groupe « Faire gagner Marseille ».
Christophe Masse ironise encore sur l’absence de hausse d’impôts, « évidemment, 12 mois avant les élections ! », qui à ses yeux « ne masquera pas la forêt des dernières années ». Sans oublier « la diminution de l’abattement à la base » qui « a touché de la même façons (120 €) les plus pauvres et les plus aisés ». « Certes, il y a souvent en effet dans cette municipalité des beaux discours remplis d’humanisme… Mais les actes ? Ils font pschitt… Vous avez, par exemple, toujours refusé d’imposer 25% de logements sociaux sur les opérations immobilières alors que même Bordeaux, « la cité bourgeoise » le fait », relève-t-il.
« Ça risque de faire bang-bang pour votre majorité ! »
Toujours à l’adresse du maire, Christophe Masse poursuit sur les transports. « Vous avez préféré faire un tram et un métro qui servent les arrondissements particulièrement important électoralement pour vous plutôt que les quartiers Nord et Nord-Est de Marseille, de l’Estaque à Château-Gombert, toujours aussi enclavés. Il a fallu l’action de notre majorité et du président de MPM pour réaliser le prolongement du métro jusqu’à Capitaine Gèze, deux lignes de BHNS (bus à haut niveau de service) effectives en 2014, une décalée (celle de Castellane-Luminy) », martèle-t-il. Une « ghettoïsation » qui touche aussi la petite enfance : « le taux de couverture de places en crèches est de 7,7% dans le 3e arrondissement, 14% dans le 13e et 24% dans le 8e ». Avant d’interroger à haute voix : « Bien sûr Marseille est une ville plus pauvre que la moyenne, mais en 18 ans de règne sans partage, son sénateur-maire, ancien ministre, n’a-t-il aucune responsabilité dans ce délitement de l’esprit civique, dans ces dysfonctionnements quotidiens, dans cette gestion budgétaire à la fois rigoureuse pour certains et laxiste pour beaucoup d’autres ? ».
Le président du groupe « Faire gagner Marseille » conteste aussi le bilan du chômage dont se félicite la majorité municipale. « 83 000 chômeurs soit un taux proche de 18% selon l’estimation de l’Insee, 30 à 40% de chômage dans de nombreuses zones, 45% des enfants sous le seuil de pauvreté ! Pour une ville que vous rêvez capitale, ces dernières années, vous l’avez faite passer en mode minuscule », image-t-il. Là encore, la réplique viendra d’Yves Moraine. « Pour le chômage, source Insee, sur notre bassin d’emploi, qui regroupe la zone Marseille-Aubagne dans laquelle Marseille représente 95% de la population, le chômage a baissé de 21,6% en 1995 à 12,9% à fin 2012, ce qui est en soi déjà un excellent résultat ; mais il y a plus intéressant encore, c’est la comparaison avec le reste du territoire : en 1995, c’est 21,6% à Marseille et 10% au niveau national, soit un retard de presque 12 points. Aujourd’hui, l’écart a été ramené à 2,5 points. Ce qui signifie que sur la période, nous avons fait beaucoup mieux que le reste de la France », rétorque le président du groupe de la majorité municipale.
Et Christophe Masse de conclure : « Depuis 6 ans, les élus de notre groupe ont dénoncé votre gestion souvent partisane, mais terriblement peu efficace et sans cohérence. Entre les lignes, on y voit un goût prononcé pour l’immobilier haut de gamme, l’image, le tourisme de luxe et les « coups » politiques. Ça fait un bling-bling, mais dans un an ça risque de faire bang-bang pour votre majorité ! »
« 60% des Marseillais approuvent le bilan de Jean-Claude Gaudin »
« Monsieur Masse, votre discours est de ceux que l’on écoute, lui répondra Jean-Claude Gaudin. Mais vous ne prenez que les arguments à charge : on peut vous répondre point par point en donnant la deuxième partie de l’histoire. » De manière plus virulente, Yves Moraine lui répliquera via une comparaison avec l’action du gouvernement. « D’après un sondage commandé par la presse et pas par nous, 60% des Marseillais approuvent le bilan de Jean-Claude Gaudin après 17 ans à la mairie. Mais vous trouvez que ce n’est pas assez. Que dire alors quand, après seulement 10 mois de présidence, il n’y a plus que 30% des Français pour se satisfaire de l’action de François Hollande », assène le président du groupe de la majorité municipale. Et d’en venir aux fameux 30 Mds€ accordés au Grand Paris. « Grâce à la gauche, c’est la première fois que Paris bat Marseille 30 à 0. Pire qu’une défaite, c’est une humiliation. Alors M. Masse, bien embarrassé, en avocat commis d’office d’un gouvernement éminemment coupable, en vient à dire des bêtises en expliquant « qu’à Marseille, on n’a pas un sou car on n’a rien à proposer ». Alors M. Masse, on pourrait peut-être commencer par le financement de projets sur lesquels d’ailleurs nous sommes tous d’accord : le Boulevard Urbain Sud, la L2, le stade Vélodrome, le métro jusqu’à Saint-Loup, les deux lignes de BHNS, notre programme de vidéo protection. Tout cela ne coûterait même pas un milliard. Si vous n’obtenez pas au moins cela, dites à vos ministres qu’ils restent chez eux, dites-leur que les Marseillais ne sont pas des mendiants », martèle Yves Moraine.
Pour le groupe EELV, Michèle Poncet-Ramade, tout en reconnaissant que « l’endettement est maîtrisé », émet « des inquiétudes » sur les budgets annexes. « Ils ne sont plus maîtrisés, ils sont en augmentation constante et leur objet n’est pas d’une nécessité impérieuse pour les habitants », estime-t-elle. Avant de pointer particulièrement les partenariats public-privé comme celui mis en œuvre au stade Vélodrome. « C’est un assujettissement des politiques publiques à la rentabilité des grands groupes du BTP qui trouvent là des rentabilités à bon compte. Ces PPP représentent une bombe à retardement pour la France de 60 Mds€ », argumente-t-elle. Jean-Claude Gaudin ne manquera pas de répliquer : « Au stade Vélodrome, si nous n’avions pas fait de partenariat public-privé, nous n’aurions pas eu l’euro de foot à Marseille en 2016 et nous aurions fait capoter la candidature de la France. »
Pour le FN, Bernard Marandat estime que Jean-Claude Gaudin est « sous la dictature mentale de la gauche » avec « toujours cette construction de logements sociaux pour obéir à une loi d’obédience socialiste ». « Vous estimez que j’obéis trop aux desiderata de la gauche : ce n’est pas l’impression qu’ils ont », répliquera le maire en référence aux multiples critiques jaillis des rangs de l’opposition.
Le budget sera finalement adopté par 53 voix pour contre 47 alors que l’a majorité municipale ne s’élève qu’à 51 élus. Ce qui fera dire à Dominique Tian : « Monsieur le maire, le champ de vos amis s’est encore élargi. »
Serge PAYRAU