Conseil municipal de Marseille: un budget et des tensions avec le FN

Publié le 4 avril 2017 à  9h48 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h00

Le budget Ă©tait le plat principal du dernier conseil municipal avant la prĂ©sidentielle. Une plĂ©niĂšre qui a donnĂ© lieu Ă  quelques passes d’armes, entre le PS et la majoritĂ© sur le futur du J1 et entre Arlette Fructus, UDI et Caroline Pozmentier-Sportich (LR) et le FN. Le positionnement de Lionel Royer-Perreaut, LR, Ă©tant bien plus ambiguĂ«.

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, au Frontiste Stéphane Ravier:
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, au Frontiste Stéphane Ravier:

Roland Blum, l’adjoint aux finances, prĂ©sente le budget primitif (1,444 milliard d’euros dont 434 millions d’euros en investissement et 1,010 milliard en fonctionnement. Il prĂ©cise immĂ©diatement: «Comme annoncĂ© lors des orientations budgĂ©taires, grĂące Ă  la poursuite de ses efforts de gestion, la municipalitĂ© est en capacitĂ©, pour la deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive, de ne pas augmenter les taux d’imposition des mĂ©nages marseillais» Il Ă©voque un contexte de fortes tensions financiĂšres et une nouvelle coupe sur des dotations de l’État «qui s’Ă©lĂšve cette annĂ©e Ă  plus de 10 millions d’euros. C’est, depuis 2014, un manque Ă  gagner en cumulĂ© de 146 millions d’euros». Annonce: «Nous reprenons notre politique d’investissement, aprĂšs l’effort important rĂ©alisĂ© en 2013, grĂące aux efforts que nous avons accomplis et Ă  l’aide du Conseil DĂ©partemental». Citant les secteurs qui bĂ©nĂ©ficieront de cette manne: «l’Ă©ducation, le logement, le sport, la culture…». Et cela, en rĂ©duisant la dette: «Les efforts de diminution de la dette rĂ©alisĂ©s depuis 2 ans, -53 millions tous budgets confondus, se poursuivent et s’amplifient cette annĂ©e: le remboursement de la dette (169,6M€) restera supĂ©rieur au volume d’emprunt ». L’adjoint conclut en indiquant «s’inquiĂ©ter» devant les propositions d’Emmanuel Macron…
Jean-Marc Coppola, Front de Gauche lance : «Vous m’avez devancĂ© sur les inquiĂ©tudes que l’on peut avoir suivant ce qui peut sortir des urnes. Mais, je n’oublie pas que la baisse des dotations de l’État a commencĂ© avec Sarkozy et que votre candidat, comme celle de l’extrĂȘme-droite, ne garantissent rien de bon». Il plaide alors «pour un changement de politique et une rĂ©forme profonde et pas juste de la fiscalité». «Vous dessinez, dĂ©nonce-t-il, une sociĂ©tĂ© de plus en plus privatisĂ©e, il ne faut pas alors s’Ă©tonner d’une montĂ©e de l’individualisme». Souligne enfin l’absence de politique des transports: «alors que nous sommes les champions de France de la pollution».

«Plus de 100 000 Marseillais vivent dans des logements insalubres»

BenoĂźt Payan, PS, parle d’une majoritĂ© municipale qui ne met en avant que les baisses d’aides de l’État mais «oublie» toutes celles qui arrivent. Il invite «à regarder le bilan de la lĂ©gislature avec ses manques mais aussi ses succĂšs: le projet Saint-Charles, la rĂ©novation urbaine, les crĂ©dits aux transports, la mise en place de la mĂ©tropole…». Puis, dresse un bilan critique de la mandature en cours. «Plus de 100 000 Marseillais vivent dans des logements insalubres, les travaux du VĂ©lodrome ont Ă©tĂ© bien mal nĂ©gociĂ©s, cela coĂ»te en effet plus d’un million d’euros par mois aux Marseillais. Nous n’avons toujours pas de pont transbordeur…». StĂ©phane Ravier, FN, rappelle qu’il s’agit du 22e budget de Jean-Claude Gaudin. Met en exergue que deux adjoints du maire de Marseille ont rejoint Emmanuel Macron. La rĂ©action du maire est immĂ©diate: «Vous en avez perdu 5 dans votre seule mairie de secteur et qui ont crĂ©Ă© leur propre groupe». Ignorant le propos, StĂ©phane Ravier poursuit: «Nous sommes dans la capitale de la grande pauvretĂ©, 20 Ă  25% des Marseillais vivent sous le seuil de pauvretĂ©, alors votre bilan devrait vous conduire Ă  plus d’humilité». Le groupe Marseille d’abord, composĂ© de dissidents du FN dĂ©noncera pour sa part ce budget «que l’on croirait venir d’une ville socialiste». Telle n’est pas la vision d’Yves Moraine, LR, qui voit lĂ  «un budget sĂ©rieux et ambitieux». Il insiste sur la baisse des aides de l’État, qu’il impute au trio: «Hollande, Valls, Macron», lance Ă  StĂ©phane Ravier: «Vous faites du Mennucci 2014 sans le savoir. Vous voyez tout en noir sans savoir que cette stratĂ©gie a Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par les Ă©lecteurs». Jean-Claude Gaudin rappellera : «Nous poursuivons notre plan pluriannuel d’Ă©conomie, relançons l’investissement, rĂ©duisons la dette tout cela en stabilisant les taux d’imposition et l’opposition ne voit rien de tout cela».
BenoĂźt Payan reprendra la parole pour s’inquiĂ©ter du devenir du J1: «C’est flou et quand c’est flou il y a un loup» avant parler d’une politique de «coups» en matiĂšre d’attractivitĂ© «alors que ce qui compte c’est la qualitĂ© de vie, c’est le logement, l’Ă©cole, les transports, quand, aujourd’hui, le trajet Marignane-Marseille dure plus longtemps que Paris-Marignane», assĂšne-t-il. Le maire rĂ©torque: «Si nous pouvions acheter le J1 cela fait longtemps que nous aurions rĂ©alisĂ© cet achat. Mais nous sommes face Ă  un Port placĂ© directement sous l’autoritĂ© de l’État. Et le Port ne veut rien cĂ©der». «Il n’est pas normal, ajoute-t-il, que la mĂ©tropole n’ait pas un siĂšge de plus au conseil du grand Port et c’est un gouvernement que vous soutenez qui nous dit non».
La premiĂšre polĂ©mique avec le FN viendra avec une intervention d’Arlette Fructus sur le logement social. StĂ©phane Ravier l’a prĂ©sente comme «une apĂŽtre de la religion laĂŻque et obligatoire du vivre ensemble». Avant d’affirmer qu’Yves Moraine, Lionel Royer-Perreaut, maires de secteur LR ne veulent pas de logements sociaux lĂ  oĂč ils sont Ă©lus. Puis dĂ©voile: «Nous avons retrouvĂ© une carte, Ă  la RĂ©gion, qui serait signĂ©e par vous (Arlette Fructus), dans laquelle vous souhaitez un bon Ramadan Ă  la communautĂ© musulmane». Lettre dont l’Ă©lue se dit trĂšs fiĂšre alors que Jean-Claude Gaudin s’Ă©crie: «Plaise Ă  Dieu que vous ne soyez jamais maire de Marseille. Laissez un peu de dignitĂ© Ă  ce conseil Municipal». C’est une autre musique que fera entendre Lionel Royer-Perreaut: «Quelle n’a pas Ă©tĂ© ma surprise, monsieur Ravier, en commission d’attribution, de voir le reprĂ©sentant FN proposer des personnes qui n’ont pas la nationalitĂ© française… »

«Vous n’avez de cesse d’exacerber les haines, les peurs»

StĂ©phane Ravier interviendra Ă  nouveau pour dĂ©noncer la politique conduite en matiĂšre de prĂ©vention de la radicalisation. Propos qui ne manqueront pas de faire rĂ©agir Caroline Pozmentier-Sportich (LR) en charge de la sĂ©curitĂ© : «Vous n’avez de cesse d’exacerber les haines, les peurs. Nous, nous travaillons, avec humilitĂ©, en partenariat avec les services de l’État, conscients que cette lutte doit ĂȘtre celle de tous et qu’il ne peut s’agir de diviser». Jean-Claude Gaudin ajoutant: «Nous ne vous attendons pas pour travailler avec les services du PrĂ©fet de rĂ©gion et du PrĂ©fet de Police sachant que si des problĂšmes se posent dans telle ou telle mosquĂ©e il dĂ©pend des services de l’État de les rĂ©gler sachant, monsieur Ravier que, dans notre RĂ©publique on accepte la libertĂ© de culte depuis 1905».
Michel CAIRE

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