Publié le 15 décembre 2020 à 21h36 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h20
Le Printemps Marseillais, construction politique inédite, garde ferme le cap en continuant à faire de l’inédit. Michèle Rubirola, 64 ans, a annoncé sa décision de démissionner de son poste de Maire ce mardi 15 décembre. En accord avec le groupe Printemps Marseillais Benoît Payan devrait lui succéder lundi.

«L’usage voudrait qu’on s’accroche au pouvoir comme l’arapède à son rocher»
Michèle Rubirola est consciente que son geste «soulèvera des doutes et des questions. Pas au sein de notre majorité, mais à l’extérieur. Je sais que l’usage voudrait qu’on s’accroche au pouvoir comme l’arapède à son rocher. Les commentateurs imagineront des complots, des manœuvres de coulisses, que sais-je encore ?». Elle entend déjà les commentaires, elle s’explique donc. Avant toute chose elle ne renie rien de ces mois passés à la tête de la ville. Elle évoque une majorité: «diverse et engagée. Elle n’est pas classique. Elle ressemble à Marseille, elle est chaleureuse et plurielle, elle est frondeuse et fraternelle. Depuis le 4 juillet, elle gouverne la ville avec énergie et ferveur. Elle étonne, elle dérange, parfois elle déstabilise. Tant mieux». Elle se dit également fière du travail accompli: «Depuis juillet, nous avons agi pour la justice et l’égalité». Soulignant notamment l’habitat indigne, le droit au logement, les travaux dans les écoles… «Nous avons mis un terme à la braderie du patrimoine de la Ville au profit de logiques spéculatives. Nous avons recruté des policiers municipaux pour assurer le droit à la tranquillité et à la sécurité dans notre ville. Nous nous sommes mobilisés face à la situation sanitaire, en démultipliant notre action sociale, pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion».«Nous traversons des convulsions que personne n’aurait pu prédire»
Elle rappelle s’être engagée, le 4 juillet, «à agir selon l’intérêt des Marseillaises et des Marseillais, et à leur tenir toujours un langage de vérité». Une parole donnée, qui, selon elle, la conduit à sa démission du poste de Maire. Rappelle que, depuis les premiers mois de 2020, beaucoup de choses ont changé. «Nous traversons des convulsions que personne n’aurait pu prédire. Nous affrontons une crise sanitaire violente, une crise économique brutale, et des souffrances sociales profondes». Elle ajoute: «J’ai connu, avant l’été, de premières difficultés liées à ma santé. J’ai dû subir à la fin du mois de septembre une intervention chirurgicale. J’ai été transparente sur ce sujet». Des épreuves qui, si elles ne «l’empêchent pas de servir les Marseillaises et les Marseillais», limitent «l’énergie que je peux mobiliser, contraignent le temps que je peux consacrer à mes missions». Elle parle enfin de l’état dans lequel: «Nous avons découvert notre collectivité. Elle a été abandonnée. Notre ville est dans une situation financière plus calamiteuse encore que nous ne pouvions l’imaginer. Nos capacités d’investissement sont atrophiées, nos finances sont exsangues, les ressources humaines ont été administrées sans cohérence, notre patrimoine est dégradé».«Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer»
Pour Michèle Rubirola: «Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer». Elle avoue ne pas se sentir la plus adaptée pour affronter cette situation de crises. Elle indique avoir pris cette décision «en conscience de ce que je sais faire, en conscience de ce à quoi je peux être utile, en conscience des atouts de notre équipe, et en conscience de l’intérêt supérieur des Marseillaises et des Marseillais». Fait un parallèle: «Je suis médecin. Il y a en médecine des spécialistes du quotidien, du temps long, et il y a des urgentistes. Je suis de la première catégorie, et c’est de la seconde dont nous avons besoin tout de suite à Marseille». Elle ajoute: «C’est aussi parce qu’il n’y a pas en politique d’homme ou de femme providentiel. Nous sommes une équipe. Celui ou celle qui la mène doit être celui qui correspond le mieux au moment». Pour elle la ville a choisi «un projet, plus qu’un visage». Note: «Je sais que cette réalité déconcerte et interroge. Je sais que le duo que nous formons avec Benoît Payan intrigue. Ce que nous accomplirons ensemble dissipera les doutes». Précise encore: «Nous avons été élus pour transformer notre ville. Je crois à notre projet. Et je suis bien plus attachée à ce projet, qu’à un titre. Je sais aujourd’hui que pour que nous réussissions, pour que nous soyons plus efficaces tout de suite, ce n’est plus à moi de mener notre collectif». Elle conclut son intervention: «Je veux donner toutes ses chances à ma ville. Toutes ses chances de se redresser, toutes ses chances de se développer, toutes ses chances de rayonner». [(Intervention de Michèle Rubirola michele_rubirola_15_12_20.mp3)]



