Disparition. Brigitte Bardot : une icône à la française

Elle chantait n’avoir besoin de personne en Harley Davidson…..Mais le cinéma a eu longtemps besoin d’elle, et a regretté son départ précipité des écrans en pleine gloire courant 1973. Il y a des acteurs et des actrices qui deviennent des légendes de leur vivant. Brigitte Bardot qui vient de nous quitter à 91 ans, en faisait partie.

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Portrait de Brigitte Bardot généré par l’IA

 

Comme l’a signalé Arnaud Klarsfeld, elle était aussi connue que Jeanne d’Arc ou Marie Curie. Elle était plus qu’une star…une icône, un mythe vivant avec à son actif bon nombre de navets (ce qui lui a fait remarquer Bernard Pivot lors d’un entretien célèbre), et aussi quelques chefs-d’oeuvre dont « Le mépris » de Godard, « En cas de malheur » d’Autant-Lara, (avec cette scène inouïe où le personnage joué par Jean Gabin lui lançait une monumentale gifle) et « La vérité » de Clouzot avec la présence inoubliable à ses côtés de Sami Frey et Paul Meurisse.

Issue d’une grande famille bourgeoise avec un père fou de cinéma qui la filmait sans cesse et une mère qui la trouvait laide, Brigitte Bardot a préféré finalement vivre l’amour plutôt que de penser à sa carrière. Elle arrêta la danse pour se trouver plus près de Roger Vadim et confia qu’elle est tombée dans la marmite du septième art complètement par hasard. Avec des fortunes diverses. Question nanards pour revenir à ce sujet elle ne fut pas la seule à en tourner. De Funès avant la gloire et Michel Galabru par exemple en sont l’exemple frappant. Ce dernier expliqua non sans humour que « lorsque le fisc vous prend d’une main ce qu’il ne vous a pas donné de l’autre, que vous vous êtes marié souvent, que vous avez eu beaucoup d’enfants, que vous avez des pensions alimentaires à foison, eh bien vous tournez dans des films de m… ».

Des films bâtis sur son nom

Comme ce fut le cas avec Annie Giradot dans sa grande époque -celle de « Docteur Françoise Gailland », ou « A chacun son enfer »-, on bâtissait des films autour du simple nom de Brigitte Bardot. Elle savait tout jouer en fait, et elle était la personnalisation d’un cinéma à la fois intello et populaire, de divertissement et de recherche esthétique. Et, elle avait cette force rare de rendre sublimes les interprètes l’entourant à l’écran. Tout le monde admirait Bardot, qui savait chanter, danser, incarner des pétroleuses et des femmes-enfants, nous faire passer du rire aux larmes, cachant derrière ses succès une angoisse de vivre, elle qui tenta de se suicider quand ses parents s’opposèrent à sa relation avec Roger Vadim, car elle était mineure et qu’il était plus âgé.  Victime des paparazzis au moment où, marié à Jacques Charrier elle entretenait sur « La vérité » une relation avec Sami Frey, elle voulut souvent en finir. Et demeure infiniment complexe, plus seule qu’on ne le pense.

Le refus des honneurs

Tout le monde admirait Bardot… disait-on. Dans le cinéma, dans la chanson -Les Beatles ne tarissaient pas d’éloges à son sujet-, au sein de la société française, jusqu’à l’Elysée puisque De Gaulle voulut en faire le symbole de Marianne, et que Giscard d’Estaing…..en pinça pour elle. Elle était d’une présence infinie comme seuls le sont les grands faunes. Alain Delon par exemple, dont Henri Verneuil précisait qu’on mettait une caméra sur lui et que sans avoir encore rien fait… il remplissait tout l’espace, lui ressemblait. Actrice incroyable, fantastique, inoubliable, elle refusa les honneurs, légion d’honneur compris, et se concentra sur ses combats personnels. Evoquant quand on l’interrogeait à ce sujet « ses amis, ses amours, ses emmerdes », ses chagrins aussi, sorte de Marylin Monroe, à la française, Brigitte Bardot eut des prises de position politique très à droite pour le moins contestables. Mais elle fut aussi précurseur en matière de la défense des animaux.

La défense des animaux

Bien avant tout le monde, Brigitte Bardot fit de la défense des animaux le combat de sa vie. Investissant tout son argent dans sa Fondation elle secoua les lignes et les consciences, prenant par exemple fait et cause pour les bébés phoques massacrés et fut dans ce domaine fondatrice et avant-gardiste, tant la cause environnementale sera un des sujets les plus importants des décennies à venir.

Généreuse donc, intraitable sur certains problèmes sociétaux, elle est oui inoubliable. Dieu l’avait compris qui, créant la femme créa… Bardot…Intelligente, cultivée, bien éloignée de l’image du « Sois belle et tais-toi », elle possédait une culture immense. Et pour reprendre en l’adaptant la dernière phrase des « Mots» de Sartre, on dira d’elle qu’« elle fut une femme faite de toutes les femmes qui les vaut toutes et que vaut n’importe qui.»

Jean-Rémi BARLAND

 

 

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