Environnement. Les positions des États Membres sur les questions de l’Océan et de l’eau «sont les bienvenues, mais des actions doivent suivre»

Environnement. Les positions des États Membres sur les questions de l’Océan et de l’eau sont les bienvenues, mais des actions doivent suivre

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(Photo Hagay Sobol)

Aujourd’hui, le Conseil Européen de l’Environnement s’est réuni à nouveau pour discuter de plusieurs initiatives clés concernant l’océan. Les conclusions sur la Stratégie de résilience de l’eau et le Traité mondial sur les plastiques ont été publiées, et des échanges ont eu lieu sur l’Ocean Act, suscitant une réaction de l’ONG environnementale Surfrider Foundation Europe.

Stratégie de résilience de l’eau : une grande vision, mais peu de substance

Aujourd’hui, les États membres ont pris position en faveur d’une Europe plus résiliente face aux défis liés à l’eau. Surfrider Foundation Europe prend note «de l’adoption par le Conseil de ses conclusions sur la Stratégie européenne de résilience de l’eau et salue «l’accent mis sur la mise en œuvre effective de la législation existante. Cependant, nous restons prudents quant à l’approche globale adoptée par les institutions européennes pour répondre à la crise de l’eau.»

La résilience de l’eau a été définie comme une priorité clé depuis le début du nouveau mandat de l’UE. Avec des rapports officiels récents soulignant la dégradation des écosystèmes aquatiques et la nécessité d’intensifier d’urgence les efforts européens pour atteindre un bon état environnemental, Surfrider Europe se félicite « de cette initiative et invite les décideurs à agir rapidement pour réduire la pollution de l’eau à la source».

Cependant, la publication officielle de la Stratégie européenne de résilience de l’eau en juin dernier a suscité de sérieuses inquiétudes et une grande déception en raison de son manque de mesures concrètes pour lutter efficacement contre la pollution et améliorer la qualité de l’eau en Europe. Les conclusions d’aujourd’hui offrent peu de réassurance. Surfrider Europe  regrette «d’entendre, une fois de plus, des interventions timides et prudentes concernant la Stratégie. Malgré quelques prises de paroles rappelant la nécessité d’éliminer progressivement les substances chimiques éternelles et d’assurer une mise en œuvre systématique d’une approche “de la source à la mer”, ces voix semblaient être l’exception plutôt que la règle.» 

Lucille Labayle, chargée de mission Politique qualité de l’eau et santé, déclare : « Il existe un décalage évident entre la gravité de la crise à laquelle nous faisons face et la réponse apportée par l’UE. Bien que nous ayons entendu à plusieurs reprises les mots “appel à l’action” aujourd’hui, nous n’avons toujours pas vu de mesures concrètes pour prévenir la pollution de l’eau à la source, ni de mesure concrète visant la réparation de ses effets. Nous exhortons les décideurs politiques à prendre des mesures audacieuses pour garantir une Europe sans substances toxiques et résiliente face à l’eau, dès maintenant et pour les générations futures.»

Soutien bienvenu au Pacte pour l’Océan et à la révision de la Directive sur le milieu marin, mais sans aborder la mise en œuvre

Surfrider Europe se félicite « du soutien exprimé par tous les États membres au Pacte pour l’Océan qu’elle avait appelé de ses vœux avec ses partenaires des ONG Bleues, avant les élections européennes de l’an dernier. Il est rassurant de constater une convergence et une reconnaissance de l’ampleur de la crise que traverse l’océan.»

Parmi les priorités mises en avant par les États membres figurent la nécessité de lutter contre la pollution -en particulier les sources terrestres, allant des plastiques aux produits chimiques- ainsi que les impacts du changement climatique. La plupart des États membres ont également souligné l’importance d’assurer la cohérence entre les politiques terrestres et maritimes, notamment le Règlement sur la restauration de la nature, les Directives Oiseaux et Habitats, la Directive-cadre sur l’eau, la Planification spatiale maritime et la Directive-cadre Stratégie sur le milieu marin. «Leur soutien à une approche “de la source à la mer” présente un potentiel significatif pour améliorer l’état de nos océans, à condition qu’il s’accompagne d’objectifs contraignants et de la mise en œuvre complète de la législation existante», prévient l’ONG.

Surfrider Europe fait également écho aux appels de nombreux acteurs pour garantir un financement adéquat de «la mise en œuvre du Pacte pour l’Océan ainsi que de la restauration et de la protection des écosystèmes marins dans le prochain budget européen -ce qui ne peut être considéré comme acquis à ce stade.»

Et rappelle: «Si nous saluons les appels à la réduction des charges administratives, comme l’ont mentionné plusieurs États membres dans leurs interventions, nous restons préoccupés par le fait que de tels efforts puissent se faire au détriment de notre engagement collectif à atteindre un océan sain — une priorité urgente. Nous rejoignons donc les interventions ayant clairement souligné la nécessité de renforcer, et non d’affaiblir, nos efforts. Dans cette optique, les États membres devront accroître leurs efforts de mise en œuvre. Bien que tous aient exprimé leur soutien à la révision de la Directive Cadre sur le Milieu Marin (DCSMM), leur incapacité à respecter leurs obligations actuelles a été remarquablement absente de cet échange de vues. La révision de la DCSMM ne réussira que si elle est soutenue par une forte volonté politique de la mettre en œuvre.»

 Le leadership européen sur les plastiques reste insuffisant sans actions fortes au niveau national

« Nous saluons l’appel des États membres en faveur d’un traité mondial sur les plastiques et leur leadership sur la scène internationale, en travaillant aux côtés d’autres pays partageant leur haut niveau d’ambition. Nous espérons désormais voir cette même détermination se refléter dans les politiques et législations internes de l’UE », a déclaré Lucie Padovani, chargée de mission Plaidoyer déchets marins chez Surfrider Europe.

Alors qu’ils négocient des dossiers clés tels que l’Acte sur l’économie circulaire et la Stratégie pour la bioéconomie, Surfrider Europe appelle les États membres à se souvenir de leur propre engagement à réduire la production de plastiques à usage unique  -et, plus largement, d’articles à usage unique en général – car une véritable économie circulaire est essentielle pour garantir la souveraineté en ressources de l’UE et la réalisation des objectifs du Plan d’action “Zéro pollution”.

Surfrider Europe exhorte également les États membres à appliquer pleinement la législation environnementale existante, y compris la Directive sur les plastiques à usage unique, le Règlement sur les emballages et déchets d’emballages (PPWR), ainsi que le nouveau Règlement sur les granulés plastiques. Donner l’exemple au niveau national serait la meilleure manière de démontrer la nécessité -et le potentiel- d’un instrument mondial juridiquement contraignant.

À propos de Surfrider Foundation Europe

Destimed Surfrider Europe

Créée en 1990, Surfrider Foundation Europe est une ONG qui œuvre pour la protection des océans, du littoral, des vagues et de leurs usagers. Depuis 30 ans, avec une équipe d’experts et 50 antennes bénévoles réparties dans 12 pays européens, l’association agit aux côtés des acteurs (citoyens, secteurs privé et public) sur plusieurs grands enjeux : les déchets aquatiques, l’aménagement côtier, le changement climatique, la qualité de l’eau et la santé des usagers.
En savoir plus sur l’association sur surfrider.eu

 

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