Environnement. Première pour le think tank de Christophe Madrolle et Fabien Perez

Le succès a largement dépassé les attentes des organisateurs. La salle était bien trop petite pour accueillir tous les participants de cette première réunion du think tank lancé par les écologistes Christophe Madrolle et Fabien Perez qui, face à l’urgence climatique, invitent à se rassembler pour une écologie des solutions à l’échelle métropolitaine.

© Hagay Sobol
© Hagay Sobol

Christophe Madrolle revient sur  la raison d’être de ce think tank : «Avec Fabien Perez nous ne cherchons pas à créer un nouveau parti ou renverser untel ou untel. Nous voulons travailler collectivement, réfléchir aux questions de mobilité, d’urbanisme, d’énergie renouvelable, de création d’îlots de fraîcheur. Nous avons avec nous des maires de Cabriès, Sausset, des élus de la région, de la ville de Marseille, d’Aubagne, d’Aix-en-Provence… Notre objectif est de rassembler des experts, des citoyens afin de nourrir nos réflexions, de construire des solutions ».

Fabien Perez précise pour sa part : «On annonce un sol à plus de 60 degrés en 2050, on est confronté à un trait de côte qui bouge. Notre mode de vie est appelé à évoluer, il faut anticiper.»  Il rappelle que : « Marseille a obtenu le label européen « 100 villes neutres en carbone en 2030 ». Cela nous a permis de mesurer que, vu de Bruxelles, Marseille est considérée comme une ville en danger. Face à cette situation, il importe de mesurer que nos politiques publiques ne sont pas à la hauteur. Même si nous travaillons avec la métropole (Aix-Marseille Provence ndlr) ce n’est pas suffisant. Il faut que nous arrivions à avoir des actions convergentes entre collectivités ». Il évoque dans ce cadre : « Un déficit d’information sur les enjeux de ce territoire. Il reste très peu de temps pour agir. Il faut communiquer, réfléchir sur des propositions et il faut aller vite car il nous reste très peu de temps.»  «Au-delà de l’information, ajoute Anne Claudius-Petit, élue régionale, il faut de la formation, entrer dans la complexité des choses tout en évitant de faire peur».

« Il faut que les gens aient envie de travailler ensemble »

Frédéric qui habite Marseille préconise : «On parle de périmètre pertinent. Il me paraît important de prendre le delta grand Sud-Est comme angle de débat. Ensuite, il faut que les gens aient envie de travailler ensemble et pour cela, ils doivent laisser leur casquette à la porte». Anne-Lise est à Marseille depuis 2 ans: « Quand je suis arrivée dans cette ville en provenance de Rouen je me suis dit que je pourrais me déplacer en vélo en profitant du soleil. Mais j’ai très vite compris le danger que représentait la pratique du vélo car ici tout est fait pour la voiture». Alors, poursuit-elle : «Pour sortir de l’impuissance, la question de la mobilité peut être un bon sujet ». Elle pose par ailleurs la question des bateaux de croisières.

Pour Olivier : « Il faut certes des actions pour le développement durable mais il faut aussi de la pédagogie. Par exemple, en Suisse, lorsqu’il y a des chantiers sur l’hydraulique les citoyens sont invités à participer à des découvertes pédagogiques du site et les autorités expliquent les avantages et les inconvénients de l’opération ». Il invite également à mettre en avant ce qui marche : « Nous sommes le premier département de France en nombre de vélos électriques ».

« 70% des solutions pour faire face au changement climatique dépendent des collectivités locales »

« 70% des solutions pour faire face au changement climatique dépendent des collectivités locales», considère Stéphanie qui souligne les problèmes de mobilité : « Je ne voulais pas prendre de voiture individuelle  mais, habitant Fuveau  j’ai vite dû me résoudre à en prendre une pour pouvoir me déplacer ».  Elle évoque l’avenir : « Il faut comprendre que le changement climatique sur notre région va se traduire par un climat tropical. Si on ne fait rien nous aurons de l’eau jusqu’à la taille et alors il faudra écoper ».

Maxime Marchand, le maire de Sausset-les-Pins (13), invite à se méfier « de l’écologie clivante ». Il explique : « Je pensais, il y a une dizaine d’années, que les problèmes arrivant les écologistes seraient de plus en plus entendus. Or, c’est le contraire qui se produit. » Dans ce cadre il ajoute : « Je viens, comme tous ici, du monde militant mais aujourd’hui nous réfléchissons aussi en tant que gestionnaire ». Un mariage qui peut être harmonieux. Il cite comme exemple le parc marin de la Côte Bleue : « Nous avons monté ce projet avec les pêcheurs qui ont compris l’utilité de ce parc qui préserve la biodiversité sous-marine en conciliant l’environnement et l’économie en travaillant depuis sa création avec l’ensemble des parties prenantes du littoral».

« Nous avons une rade remarquable que nous exploitons très mal »

Géraldine est scaphandrière : « Nous sommes les premiers spectateurs de ce qui se passe sous l’eau. On peut informer le public, travailler avec les écoles ». Olivier raconte pour sa part: « J’ai créé l’observatoire de l’invisible. Il s’agit de susciter l’émerveillement de l’observation et la compréhension de la biodiversité locale et ce, par la vulgarisation de pratiques scientifiques permettant la collecte d’informations afin de les intégrer plus largement dans les sciences participatives, l’éducation et la culture. Nous travaillons notamment sur le planton». En ce qui concerne la rade de Marseille il la trouve « remarquable» mais considère : «Nous l’exploitons très mal. On pourrait en effet en faire une ressource, notamment en matière de permaculture ». Alors il se déclare être « très favorable pour travailler avec les scaphandriers » et invite « à être très fier du parc marin de la Côte Bleue ».

Amapola Ventron, maire de Cabriès (13) évoque Bruxelles : « J’y étais avec une délégation pendant deux jours. On nous a dit que tous les citoyens devaient se saisir des questions environnementales. Et c’est vrai qu’il nous faut remobiliser la société civile car nous n’arriverons pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre sans changer nos comportements ». Christophe Madrolle constate : « Élus, nous ne cessons d’enchaîner les arbitrages. C’est bien de se poser, d’écouter des expertises. Nous avons besoin d’experts pour nous sortir la tête du guidon».

« Il faut une mobilisation citoyenne, un débat citoyen ne suffira pas »

Didier est de Plan-de-Cuques (13), à son tour il insiste sur l’importance « d’avoir une expertise sur le terrain et, d’autre part, de passer à l’action ». Eric s’inscrit dans cette logique : « Nous sommes dans un moment extrême. Il faut une mobilisation citoyenne, un débat citoyen ne suffira pas. Il faut aller à la rencontre de la population quartier par quartier ». Faustine, élue à Aubagne (13) où elle a en charge l’écologie estime : « Il faut des actions collectives avec la métropole, la région. La dimension communale ne suffit pas. Il y a des actions mais pas de vision globale sur des sujets qui nous concernent tous ». Marjorie habite Gardanne (13), elle insiste sur l’importance du pôle d’échanges multimodal qui va voir le jour à Plan-de-Campagne pour faciliter les mobilités. Puis juge qu’« on a besoin, pour être efficace, de cartographies de ce qui est fait, une autre des besoins et des expertises pour une mise en œuvre des transformations nécessaires ». Joëlle est élue à la mairie d’Aix-en-Provence (13) où elle a la délégation à l’énergie : « Les actions les plus importantes de la ville en matière de lutte contre le changement climatique concerne la déminéralisation, le développement des mobilités douces. Nous avons par ailleurs le plus grand réseau de chaleur biomasse de la région et nous travaillons sur le développement du photovoltaïque ».

« Attention aux commissions, il n’y a rien de mieux pour enterrer un dossier »

Après ce tour de table la question est posée de savoir comment structurer, développer ce think tank. Fabien Perez avance l’idée de créer « des commissions thématiques réunissant chacune des témoignages de terrain et des expertises d’une part et d’autre part de voir comment créer du débat avec des invités locaux ou nationaux. Sachant que nous sommes persuadés que ce think tank n’aura d’intérêt que s’il produit des idées utiles ».

Bernard Valero, ancien ambassadeur met en garde : «Votre initiative est très intéressante mais attention aux commissions, il n’y a rien de mieux pour enterrer un dossier. L’idée de partage de l’expertise est importante mais que faire après ? Et jusqu’où travailler sachant que le réchauffement climatique ignore les frontières ? Alors je pense qu’il faut trouver un point d’équilibre entre Europe, Etat, collectivités territoriales et société civile.»

Christophe Madrolle de conclure : « Ce think tank doit permettre d’élaborer, d’échanger, de construire la position la plus commune possible. Et nous devons mobiliser les collectivités, les citoyens mais aussi les entreprises car nombre d’entre elles se mobilisent sur les questions de changement climatique, de plus il ne faut pas oublier les questions de l’emploi car Marseille n’est pas une ville populaire, c’est une ville pauvre ».

Michel CAIRE

La prochaine réunion du think tank se tiendra le jeudi 4 avril à 19 heures au 68, rue Sainte, à Marseille. Maxime Marchand, le maire de Sausset-les-Pins et conseiller métropolitain présentera la fresque du climat de l’aire métropolitaine Aix-Marseille Provence.

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