H-CUP : LE RCT A 80 MINUTES DU GRAAL EUROPEEN

Sevré de titre depuis 21 ans, le RCT jouera la première finale de H-Cup de son histoire ce samedi à 18h (17h heure locale) face à Clermont à l’Aviva Stadium de Dublin, titre de champion d’Europe en jeu. S’ils ne partent pas favoris, les « rouge et noir » n’en ont pas moins leurs chances face à l’armada auvergnate qui est sans conteste ce qui se fait mieux sur la scène nationale et européenne à l’heure actuelle.

Le Stade Toulousain et Brive ne seront plus seuls : quoiqu’il arrive en effet ce samedi 18 mai sur les coups de 18h (17h heure locale) à l’Aviva Stadium de Dublin, on connaîtra demain le 3e club français champion d’Europe de rugby. La 18e édition de la H-Cup, la plus prestigieuse des compétitions européennes, offre en effet la 4e finale 100% française de son histoire (*). Reste à savoir si l’Europe se parera de « jaune et bleu », les couleurs de l’ASM Clermont-Auvergne, ou de « rouge et noir », les couleurs du Rugby Club Toulonnais, deux clubs que l’on n’avait jusqu’ici jamais retrouvés à ce niveau et qui sont également les deux meilleurs de la saison régulière en Top 14 (Clermont 1er, 91 points, Toulon 2e, 90 points).
Pour Guy Novès, le manager du Stade Toulousain, on a bel et bien affaire aux deux meilleures équipes évoluant actuellement sur le vieux continent. Au lendemain des demi-finales, sur le site Internet de nos confrères de « Midi Olympique (rugbyrama.fr), il a même osé la comparaison avec le « clasico » qui passionne le football espagnol. « Les deux équipes méritent amplement de se retrouver à ce niveau. C’est un peu un Real-Barça. Aucune des deux équipes n’est là par hasard. Elles méritent leur statut de finaliste », explique l’entraîneur le plus capé sur la scène continentale, quatre H-Cup glanées avec Toulouse, qui a dû exceptionnellement cette année regarder les phases finale depuis son écran de télévision.
Difficile de donner tort au manager toulousain, expert en la matière, au regard des parcours des deux formations. Clermont a été le bourreau des provinces irlandaises. D’abord le Leinster, double champion d’Europe en titre, éliminé dès la phase de poules après avoir été battu deux fois par les « jaunards » : 15-12 en Auvergne et 28-21 en Irlande, déjà à l’Aviva Stadium. Puis en demi-finale en écartant le Munster (16-10) au stade de la Mosson à Montpellier. De son côté, le RCT a été le bourreau des deux meilleurs clubs anglais du moment, écartant tour à tour Leicester en quart de finale à Mayol (21-15), puis les Saracens, qui ont terminé en tête la phase régulière du championnat d’Angleterre, en demi-finale à Twickenham, le temple du rugby anglais (24-12).

Mourad Boudjellal : « On se prépare à une défaite. Et si par hasard il y avait un miracle, on avisera »

Au regard de ces pedigrees, Guy Novès se refuse à un quelconque pronostic. « Ce sont deux équipes ambitieuses, armées pour atteindre les sommets européens. Elles récoltent les fruits de leur travail. Objectivement, je pense que c’est du 50-50. Il y a quelques semaines, j’aurais dit Clermont à coup sûr, mais là, j’aurais tendance à dire 50-50 parce que les Toulonnais ont montré dans certaines séquences de jeu une détermination, une puissance, une régularité, une application de ces équipes qui jouent en phase finale en ayant la réussite », soulignait le manager toulousain toujours chez nos confrères de « Midi Olympique ».
Difficile là en revanche de se fier complétement à l’avis de l’entraîneur le plus titré sur la scène continentale. Car si les deux rencontres entre les deux équipes ont été extrêmement serrées, c’est Clermont qui s’est imposé après la sirène cet automne à Marcel Michelin (24-21), avant de réussir le match nul avec une équipe très remaniée au stade Vélodrome de Marseille il y a quelques semaines (26-26). Et quand on regarde les cinq rencontres qui ont opposé les deux équipes au cours de ces deux dernières saisons, les Auvergnats l’ont emporté trois fois pour une défaite et un nul (**). Tout juste les Toulonnais se rappelleront-ils qu’ils ont remporté le seul match couperet entre les deux formations, la demi-finale du Top 14 l’an passé au Stadium de Toulouse (15-12).
Mais Mourad Boudjellal, le président toulonnais, ne se fait apparemment guère d’illusion, à moins qu’il ne s’agisse de mettre la pression sur le camp d’en face ? « On a une équipe en face qui est très impressionnante. Il faudrait être stupide pour penser qu’on est meilleur que Clermont. Donc, on se prépare à la défaite. On sera vice-champion d’Europe. C’est déjà pas mal. Et si par hasard il y avait un miracle, on avisera », confiait-il il y a quelques jours sur le site rugbyrama.fr. Avant d’enfoncer le clou : « On perd là-bas et on fait match nul chez nous. Il faut être réaliste. Clermont est un rouleau compresseur qui fera le doublé », pronostique-t-il.

Bernard Laporte : « C’est un très grand club. Pas d’admiration, mais du respect, beaucoup de respect »

S’il ne part pas battu d’avance, Bernard Laporte, le manager toulonnais, redoute lui aussi l’armada auvergnate. « C’est une grande équipe. Ils sont très bons partout, c’est une évidence. Ils sont même très bons dans l’organisation de leurs supporters. Ils sont meilleurs que nous, notre président l’a dit. C’est un très grand club. Ça fait 6-7 ans qu’ils sont dans l’élite du rugby français et européen donc respect. Pas d’admiration, mais du respect, beaucoup de respect », confiait « Bernie » ces jours-ci au micro de nos confrères d’Eurosport.
S’il est pour la première fois en finale de la H-Cup, le RCT a déjà disputé et perdu deux finales de Challenge européen, la « petite » coupe d’Europe. Les deux fois, face à Cardiff à domicile au stade Vélodrome de Marseille en 2010 (défaite 28-21), ou l’an passé face à Biarritz, distancé en Top 14, au Twickenham Stoop (une arène de 15 000 places à deux pas du grand Twickenham) (défaite 21-18), les « rouge et noir » étaient pourtant favoris. Alors faut-il y voir un heureux présage dans le fait qu’ils ne seront qu’outsiders ce samedi ?
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Bernard Laporte ne compte en aucun cas s’appuyer sur cette finale perdue l’an passé pour préparer celle de demain. « Ça ne sert à rien ça quand vous perdez. Ce qui sert, c’est de retravailler, de se remettre au boulot, de chercher à progresser. Ceux qui disent : « Oui, la finale perdue nous a servis », sincèrement, je n’y crois pas du tout. Je ne vois pas en quoi d’abord ça pourrait nous servir. On a perdu, on a perdu point. Et c’est pas pour ça qu’on va gagner celle-là. Ça n’a rien à voir », résume-t-il au micro d’Eurosport.
Place donc au terrain et à ce moment historique pour les deux équipes. Deux formations dotées de joueurs au-dessus du lot, Napolioni Nalaga, Sitiveni Sivitatu ou Wesley Fofana entre autres côté auvergnat, Jonny Wilkinson, Matt Giteau ou Frédéric Michalak, déjà trois fois titrés avec Toulouse, notamment côté varois.
Si seuls 2 500 supporters toulonnais feront le déplacement à Dublin, contre 6 000 Auvergnats, ceux restés sur les bords de la rade qui voudraient suivre cette finale dans l’ambiance du stade pourront se rendre dans le temple de Mayol, où deux écrans géants seront installés ce samedi (***).

Marc BESAGNE

(*) 2003 : Stade Toulousain-USA Perpignan 22-17 ; 2005 : Stade Toulousain-Stade Français 18-12 a.p. ; 2010 : Stade Toulousain-Biarritz Olympique 21-19.
(**) 2011-2012 : RCT-ASM 0-17 ; ASM-RCT 25-19 ; Demi-finale Top 14 : RCT-ASM 15-12 ; 2012-2013 : ASM-RCT 24-21 ; RCT-ASM 26-26.
(***) Le prix d’entrée est fixé à seulement 2 €. L’intégralité des bénéfices sera reversée à l’association « Sol En Si » qui accompagne les enfants et leur famille concernés par le virus du Sida.

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