Hausse des plus grandes fortunes de France : gare aux bégaiements de l’Histoire (ou il est temps de répudier la « main noire »)

A l’image de Jacques Brel, retiré aux Marquises, qui expliquait dans les dernières heures de sa vie qu’il vivait dans « un ménage à trois » entre lui, sa compagne et la mort, la crise est devenue, depuis de longues années déjà, le compagnon invisible de nos vies. Elle est partout : une entreprise qui ferme laissant sur le carreau des centaines de salariés, l’espoir d’une pension retraite digne de ce nom qui s’amenuise chaque jour un peu plus, comme une peau de chagrin, pour les générations futures, des seniors obligés d’aller pointer au boulot jusqu’à un âge avancé au nom du réalisme économique, des collectivités qui empruntent pour équilibrer leurs comptes, une route qui devra attendre, ou encore un médicament qu’on ne rembourse plus à nos aïeux comme si la santé avait un prix. Ainsi donc, il n’y aurait plus rien à faire et nous serions presque condamnés à passer la bague au doigt de cette « main noire » qui promet d’accompagner nos existences durant de longs mois encore, voire, au train où vont les choses, « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». On finirait presque par avoir pour elle les yeux de Chimène face à tant de fidélité affichée…

Mais voilà que, ô rage, ô désespoir, ô réalité ennemie, l’hebdomadaire Challenges rapporte dans son édition du jeudi 11 juillet que les 500 plus grandes fortunes ont vu leur richesse globale augmenter de près de 25% en un an. La richesse cumulée des « Grands » de l’Hexagone s’établit ainsi désormais à 330 Mds€ : elle n’a jamais été aussi élevée depuis 1996, l’année où Challenges a lancé son classement des « 500 ». Ces derniers pèsent désormais pour 10% du patrimoine financier des Français, « soit un dixième de la richesse entre les mains d’un cent-millième de la population », affirme Challenges. Ainsi donc, ce sont les chimistes qui auraient raison : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Et loin de disparaître l’argent aurait simplement filé dans d’autres mains en ces temps incertains. Alors il est temps d’entamer une procédure de divorce et de répudier cette « main noire » que les grands s’évertuent, avec tant de succès, à repousser obstinément. Les inégalités sociales n’ont jamais semblé aussi grandes dans un pays où on a tranché les têtes à coups de guillotine pour les dénoncer il y a près de deux siècles et demi. A force de ne pas prendre garde aux bégaiements de l’Histoire et de produire inlassablement des instruments d’incitation à la haine sociale, l’explosion pourrait être autre que chimique…

Les désabuzzé

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