C’est aller à Cannes, hors compétition, certes mais à Cannes quand même ! Alors on s’est dit Youpi le 8e volet de la saga « Mission impossible » doit être formidable. Eh bien non ! Impossible de faire plus poussif malgré deux ou trois scènes chocs, plus bavard, plus attendu. Sans être désagréable envers le personnage d’Ethan Hunt on peut affirmer qu’il s’agit pour lui de « Papy fait de la résistance», et même si Tom Cruise met son énergie à nous faire penser le contraire on le trouve un peu à bout de souffle lui aussi.. .pas du tout côté Godard mais version péplum interminable. Poursuivant son combat contre l’entité, une intelligence artificielle qui veut anéantir l’humanité toute entière, il se déploie sans surprise aucune.
« C’est pas beau la violence et la pluie ça mouille »
Comme dans Dead Reckoning, première moitié de cette histoire en deux parties, le super espion/acrobate/voltigeur et ici enfumeur de première doit faire face donc à l’Entité, qui a gagné en puissance pendant les deux mois qui séparent l’action de cet opus de celle du précédent. La menace pèse sur le monde qui risque à très court terme d’être détruit. Bien entendu le risque sera nucléaire. Mais aucune inquiétude, Ethan sera à la hauteur de sa mission à défaut d’être le porte-parole d’un scénario en béton qui semble quant à lui hélas cousu de fil blanc. De fil rouge plutôt car ça saigne pas mal, ce qui en soi ne serait pas grave si tout ici n’était pas gratuit.
Le pire étant la partie dite « psychologique » du film où s’abattent sur les spectateurs des propos psychanalytiques de comptoir et des phrases pseudo-philosophiques du genre « Nous vivons et mourons dans l’ombre, pour les êtres qui nous sont chers et des inconnus.» Sans oublier celles cherchant à préciser au cas où nous ne l’aurions pas compris que « c’est pas beau la violence , la pluie ça mouille » et « c’est compliqué de traverser des régions inhospitalières suspendu à un petit avion lancé à toute vitesse ». Affligeant aussi les moments interminables visant à présenter les souvenirs passés douloureux d’Ethan. Là encore on n’échappera pas à des sentences sur le monde tel qu’il ne va pas bien.
On ressort de là épuisés non pas par le rythme du film mais par la vacuité de l’ensemble et surtout par l’impression de déjà vu. Dernier volet de la saga cet opus 8 c’est un peu un condensé des épisodes précédents, (on n’ose dire un best of car il n’y a rie de best ici) et comme l’épilogue qui affirme que la vie est une somme de nos choix, et que rien n’est jamais acquis d’avance, on se dit que peut-être il y aura une autre aventure d’Ethan. En matière de cinéma à gros budget et à grosses recettes, on le sait depuis longtemps « Impossible » n’est pas américain… Franchement si tel était le cas on n’est pas du tout impatient.
Jean-Rémi BARLAND