La CPME Sud dresse l’état des lieux des TPE-PME : « Urgence d’un gouvernement pro-entreprise »

Représentant 365 000 adhérents, la CPME Sud, première organisation patronale des petites et moyennes entreprises, dresse un constat préoccupant : activité en baisse, trésorerie fragile, pression fiscale… Mais elle esquisse aussi une feuille de route pour redonner confiance aux entrepreneurs et relancer l’économie.

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Les TPE-PME, pilier discret de l’économie française

Elles représentent plus de 95 % du tissu économique et emploient près de la moitié des salariés du privé. Pourtant, les TPE-PME restent les grandes oubliées des politiques publiques. La CPME Sud, branche régionale de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), s’est donnée pour mission de porter leur voix. En quelques années, son nombre d’adhérents est passé de 270 000 à 365 000 au niveau national, preuve de la nécessité d’une représentation forte. « Nous sommes présents partout où les petites entreprises ont besoin d’une voix : tribunaux de commerce, prud’hommes, chambres de commerce et des métiers, URSSAF », rappelle Alain Gargani, président de la CPME Sud.

Un retournement économique brutal

Le premier semestre avait laissé espérer une embellie. La région affichait alors des résultats supérieurs à la moyenne nationale. Mais l’été a changé la donne : selon les experts-comptables, l’activité a reculé de 3 %. « Les secteurs du bâtiment, de la restauration et de l’immobilier sont les premiers à souffrir. Les agences immobilières, longtemps considérées comme solides, voient leurs revenus s’effriter. Dans le même temps, la consommation fléchit, fragilisant le commerce de proximité. Certes, l’emploi a encore progressé (+0,5 %), mais l’optimisme s’est effondré. Nous sommes entrés dans une phase d’inquiétude généralisée », constate le président de la CPME 13

Le mur de la trésorerie

« Des entrepreneurs qui n’avaient jamais eu de problème en vingt ou trente ans se retrouvent aujourd’hui à supplier leur banquier », raconte Alain Gargani qui explique «La trésorerie est devenue la première préoccupation des dirigeants. Les banques, déjà échaudées par les risques, resserrent leurs critères. Or, pour les petites structures, un refus de crédit peut signifier la fin de l’activité. La CPME propose de rétablir un mécanisme de prêts garantis par l’État (PGE), comme pendant la crise sanitaire, afin de sécuriser les financements. Elle insiste aussi sur la nécessité d’un dialogue plus souple avec les établissements bancaires : « Si les critères restent trop stricts, on va accélérer la casse. »

Le casse-tête du recrutement et de la fidélisation

Au-delà des finances, un autre défi s’impose : attirer et garder les salariés. Le phénomène de « zapping professionnel » -des collaborateurs qui quittent leur poste au bout de six ou sept mois- fragilise les entreprises. Les dirigeants s’adaptent : mise en place du télétravail, sport en entreprise, actions autour du bien-être…  Mais ces efforts peinent à enrayer le mouvement. Parmi les pistes avancées, la CPME propose «la défiscalisation de quatre heures supplémentaires hebdomadaires, permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés tout en limitant le coût pour l’entreprise. Une mesure à la fois sociale et économique ».

Un carcan normatif jugé insupportable

« Les TPE-PME paient 50 % d’impôt en plus que les grands groupes », martèle Alain Gargani qui considère que «la fiscalité française pèse disproportionnellement sur les petites structures, qui n’ont ni service juridique ni fiscaliste». Il cite notamment comme exemple celui  du poissonnier contraint d’afficher le nom latin de chaque espèce. Ce qui illustre  « l’absurdité de certaines réglementations». «Ces normes, insiste-t-il, sont ubuesques et impossibles à appliquer pour une petite entreprise »Et il plaide pour un « test PME » obligatoire avant toute nouvelle loi ou norme, afin d’évaluer concrètement l’impact sur les petites structures.

Instabilité politique : une source de défiance

Quatre Premiers ministres en deux ans : cette instabilité au sommet de l’État inquiète. « Chaque jour perdu aggrave les problèmes de trésorerie», insiste le président de la CPME Sud, qui réclame un gouvernement stable et « clairement pro-entreprise ». Il juge  également inacceptable de faire peser le financement du modèle social uniquement sur les entreprises, déjà asphyxiées par les charges. « Nous devons diversifier les sources de financement de la protection sociale.»

«Bloquons tout» : une économie à l’arrêt

Les mobilisations et blocages récurrents inquiètent fortement les dirigeants. «Chaque journée de paralysie coûterait près de 2 milliards d’euros», indique Alain Gargani qui signale:  « On pénalise la France qui travaille : commerçants, restaurateurs, artisans, tous ceux qui ont besoin de leur chiffre d’affaires quotidien pour payer leurs salariés ». Il  déplore encore que : « au-delà des pertes immédiates, le signal envoyé aux investisseurs étrangers est catastrophique. Beaucoup préfèrent différer ou annuler leurs projets en France».

La feuille de route de la CPME Sud  : un plan en quatre axes

Pour relancer la confiance et redonner de l’oxygène aux TPE-PME, l’organisation avance un programme structuré :

Alléger la fiscalité et les charges sociales

  • Baisse de l’impôt sur les bénéfices réinvestis.
  • Fiscalité différenciée pour les petites structures.
  • Allègement des cotisations pour favoriser l’embauche.

Sécuriser le financement

  • Retour des prêts garantis par l’État.
  • Dialogue plus souple avec les banques.
  • Développement de fonds régionaux et de microcrédits.

Simplifier les normes

  • Mise en place d’un « test PME » avant toute nouvelle règle
  • Suppression des obligations jugées disproportionnées.

Réinventer le modèle social

  • Diversifier les sources de financement de la protection sociale.
  • Défiscaliser les heures supplémentaires.
  • Encourager des accords locaux plus adaptés aux réalités des petites entreprises.

Résilience et esprit d’initiative

Malgré les difficultés, les entrepreneurs ne renoncent pas. « Nous sommes en mode commando, mais nous croyons encore à l’avenir », assure Alain Gargani. «Pour maintenir l’élan, nous multiplions les initiatives, poursuit-il, Les Trophées des entrepreneurs positifs récompensent chaque année des chefs d’entreprise pour leur courage, leur persévérance et leur responsabilité. Le salon Made in PME 2026 s’annonce comme une grande vitrine du dynamisme régional. Autant de signaux d’une France entrepreneuriale qui refuse de céder au pessimisme.»

Patricia CAIRE

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