Publié le 17 décembre 2019 à 23h46 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h29
Le président du Crif Marseille-Provence, Bruno Benjamin, réagit dans une lettre ouverte aux propos du député des Bouches-du-Rhône:
«Le spectacle est terminé et le clown est triste : Mélenchon n’amuse plus la galerie. Ressorts brisés, liens définitivement distendus avec la communauté juive. Comme beaucoup de nos compatriotes, nous ne supportons plus ses outrances, ses jugements à l’emporte-pièce, son goût de la provocation, sa hargne à se singulariser en donnant libre cours à ses dérapages. Ses envolées lyriques de tribun radotant ne séduisent plus personne. Mélenchon, ça suffit ! Dans un amalgame hallucinant, le leader de la France insoumise se mue en populiste de la pire espèce quand il évoque « la génuflexion » des puissants assimilés à « l’Europe allemande et néolibérale », devant « les ukases arrogants des communautaristes du Crif », ponctuant sa diatribe d’un « Non » outrageusement péremptoire. Selon lui, Corbyn « a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud ». Mépriser une autorité spirituelle respectée, tout en jetant la suspicion sur un parti politique israélien, le procédé est abject. Nous voici revenus à la thèse du Juif qui domine le monde et devant lequel, comme le proclamait la propagande fasciste pendant l’Occupation, l’on se prosternait en guise de soumission. Ces propos inadmissibles ne participent pas seulement à un besoin maladif de parler, de s’attirer la lumière médiatique, ils s’inscrivent dans un préjugé nauséabond. En communion de pensée avec Francis Khalifat, président national du Crif, nous dénonçons « la dérive avide de visibilité médiatique » d’un homme dont les paroles « sont inspirées d’une rhétorique vichyste du complot juif ». Pour provocateur que soit un chef de parti, le député de Marseille devrait savoir que de telles déclarations, aussi intempestives le délégitiment totalement. Car sa charge est volontaire, délibérée, assumée. La vieille ficelle de l’antisémitisme -ou de l’antisionisme- sert ici d’appât à de potentiels électeurs prosélytes que vise l’extrême gauche déliquescente pour se refaire une santé politique. Après avoir récemment décerné un brevet « d’humanisme » au Rassemblement national, Jean-Luc Mélenchon se prête à toutes les compromissions. Opportuniste tous terrains, l’ami de Maduro et des dictateurs sud-américains cherche à ratisser la plate-bande des islamo-gauchistes qui ont l’antisémitisme pour dénominateur commun avec l’extrême-droite. Les deux font la paire dans l’ignominie. Ils chevauchent le même monstre. Mélenchon semble s’être enfermé dans une cage à l’intérieur de laquelle il n’a, pour interlocuteur, que ses propres raisonnements, et où ses divagations fumeuses ne vivent que de leurs propres délires. Cette obsession lancinante chez lui de commenter, d’interpréter, de parader devant micros et caméras, confine à une mégalomanie proche de la psychose dissociative. On ne pouvait imaginer ce qui lui arrive de si pathétique, de si théâtral, tant le bonhomme se parait des idéaux de la Révolution, en vociférant sur les estrades, mais cette fois, il a dépassé les bornes. Trop, c’est trop ! Le masque est tombé, l’homme n’est plus que sa propre caricature. Mélenchon, ça suffit !»