C’est un lieu atypique. Une galerie où se retrouvent les objets rituels et cultuels de multiples ethnies. Frédérique Doublat a rassemblé dans ses locaux une vaste collection sur l’art traditionnel des cultures africaines et des œuvres contemporaines.

©Joël Barcy
Des pièces originales

Les pièces rassemblées dans cette galerie sont authentiques. Elles ont toutes un vécu, une histoire. Frédérique Doublat est une conteuse, elle prend plaisir à raconter et à partager la vie de ses objets. Elle porte une sculpture patinée imposante. Un homme, les bras levés. « C’est un Lobi, c’est un peu le protecteur de la galerie. Les Lobi sont une ethnie qui est entre le Burkina Faso, le Ghana et la Côte d’Ivoire. On y retrouve ce genre de personnages qui sont des protecteurs. Ils sont très intériorisés, ont de positions statiques. Celui-là, il absorbe le deuil, il est triste, il prend tout son chagrin en lui. Ce sont des objets transferts.»
Beauté

Ces sculptures n’avaient pas de vocation artistique mais une fonction rituelle ou cultuelle. « Ces objets sont beaux pour nous mais ils répondaient avant tout à des commandes effectuées auprès de forgerons ou sculpteurs. Souvent c’est pour s’approprier les faveurs du ciel, soit des génies, soit du Dieu fondateur ou des ancêtres», décrypte Frédérique Doublat.
Art contemporain
Depuis quelques temps, la galerie s’ouvre à l’art contemporain. Le Camerounais Martin Abega expose ses photographies à la frontière du visible et de l’invisible. Le corps devient puissance divine, la scarification une écriture du sacré avec à chaque fois une référence aux ancêtres. « La tradition c’est ce que je représente, je me vois comme un passeur, confie l’artiste. J’utilise la scarification sur mes modèles parce que c’est un langage corporel qui représente la beauté, la protection ou la transmission.» Dans ses photos il utilise le noir et blanc. « Pour moi c’est l’absorption de toutes les couleurs. Le noir c’est la couleur la plus puissante. C’est d’elle dont émane toutes les couleurs. cela me parle beaucoup plus et je m’inspire du noir».
Poupée de fécondité
Dans cette galerie, chaque objet à une histoire, une signification. C’est le cas des statues Baoulé de Côte d’ivoire. Chaque être incarné a dans l’au-delà un époux ou une épouse idéale qu’il fait représenter à travers une statue qu’on dépose sur un autel, qu’on honore et qu’on nettoie. Et, pour éviter de se disputer dans la vie réelle, chacun prend son époux parfait de l’au-delà et lui conte tous ses problèmes afin de les résoudre. Autre signification avec les poupées de fertilité Ashanti et Biga mossi pour les petites filles. « Jusqu’à ce qu’elles deviennent mères elles vont s’en occuper, souvent c’est traité avec du bois de karité et on met des petits bijoux, des boucles d’oreilles, décrit Frédérique Doublat. Elles vont se mettre l’objet dans le dos et le porter comme leur futur bébé. Ce sont des pièces qu’elles vont garder jusqu’à leur accouchement. On dit même que la première goutte de lait va à la poupée. »
C’est un voyage au sein des traditions africaines auquel vous convie la galerie Gondwana african art. N’hésitez pas à pousser la porte pour découvrir ces objets rituels et cultuels des XIXe et XXe siècles et pourquoi pas de trouver votre époux ou épouse idéal (e) de l’au-delà pour lui confier vos tourments.
Reportage Joël BARCY
Plus d’info: Gondwana African Art – 40, rue d’Italie. Marseille (6e).