C’est l’un des plus grands chantiers ferroviaires européens dont le cœur sera Marseille. La ligne nouvelle vers Nice va entraîner des travaux colossaux. Un tunnel de 8 km, une gare sous la ville. Le tout pour intégrer Saint-Charles à la cité, l’ouvrir à 360° sur les quartiers. Fin du chantier 2035. Découverte du projet.
Casser la citadelle
Faire tomber la gare de son promontoire. Supprimer ses murs de soutènement infranchissables c’est l’ambition du cabinet d’architectes. Son projet a été retenu à l’unanimité. « L’enjeu c’était de se connecter à la ville, d’avoir une gare qui est au niveau de la cité et non pas dominatrice comme on la aujourd’hui, indique Mélanie Dorémus, directrice de Studio-AREP. On a voulu l’ouvrir sur les quartiers avoisinants, la rendre plus accessible avec un parvis au niveau du sol de la ville. On va continuer avec cet archétype des halles vers l’Est. La façade, l’accès à la nouvelle gare, dont l’intégralité des grandes lignes sera souterraine, se fera par un pignon rue de Crimée. On traversera l’ensemble du plateau ferroviaire inaccessible actuellement. Elle a été conçue comme une vaste structure urbaine avec des bâtiments mais aussi des creux, des espaces publics, des espaces verts ».
Un chantier hors-normes
Pour Matthieu Chabanel, PDG de SNCF réseau, cette ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) est un chantier hors-normes « à l’échelle nationale mais aussi européenne puisque cette ligne irriguera l’Italie et l’Espagne. Marseille demeure le cœur du défi technique pour les équipes avec le tunnel de 8 km sous la ville et la gare souterraine. L’ensemble totalise 2 milliards d’euros ». Soit 60% du coût de la LNPCA . «Cette ligne nouvelle entrainera d’importantes évolutions en matière de trafic. On aura plus de capacités avec un plus grand nombre de trains et une meilleure régularité. Un gain de temps aussi de 15 à 20 minutes quand on traversera Marseille. C’est aussi une première brique du Service Express Régional Métropolitain (SERM) ici à Marseille mais aussi à Toulon et Nice».
Unanimité des élus
Une fois n’est pas coutume le projet de la nouvelle gare a fait l’unanimité parmi les élus de droite et de gauche. Pour Audrey Gatian, adjointe aux mobilités de la ville de Marseille:« C’est un changement attendu. Il va permettre de désengorger les autoroutes qui sont à saturation et c’est surtout un projet urbain. On a une gare à 360° et cela nous tenait à cœur d’avoir cette gare ouverte sur tous les quartiers de Marseille et non plus uniquement vers les 1er et 7e arrondissements. On a aussi une gare souterraine qui va permettre une meilleure régulation et fiabilité des trains ». Martine Vassal, la présidente de la Métropole estime qu’une étape importante est franchie « Avec cette gare on a un noyau central qui va irriguer tout le territoire au-delà de la Métropole. Nous finançons, métropole et département, 14% de l’intégralité de la ligne nouvelle ». Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur , se félicite d’avoir obtenu « un financement à hauteur 40% de l’État auxquels s’ajoutent 20% de l’Europe ». Les 40% restant étant à la charge des collectivités territoriales. La première tranche de travaux entre Marseille et Menton revient à 3,6 milliards d’euros. « C’est la première brique entre l’Est et l’Ouest du sud de la Méditerranée. Le chantier va être boosté par les JO de 2030.»
Phasage
«Le projet des phases une et deux est à échéance de 2035 », indique Christophe Mirmand, le préfet de région qui a été un des rouages essentiels pour le démarrage des travaux. « Il faut prendre la mesure de la complexité technique des divers ouvrages notamment la gare souterraine et le tube avec 4 voies ferrés qui passeront sous la ville. L’ensemble nécessitera une dizaine d’années ». Pour le préfet ce n’est pas uniquement un projet de ligne à grande vitesse et des améliorations pour permettre aux TGV de gagner du temps mais un projet global pour les habitants de Nice, Toulon ou Marseille. « Ils pourront se déplacer au quotidien, dans de meilleures conditions, grâce à des trains cadencés et ainsi délaisser leur voiture. Pour la seule gare Saint-Charles, on devrait passer de 11 millions de voyageurs actuellement à 19 millions à horizon 2035 ».
Les premiers travaux sur le plateau St-Charles débuteront en 2025.
Reportage Joël BARCY