L’association L’Entraide, gestionnaire d’une douzaine d’établissements pour personnes âgées et vulnérables, vit l’une des heures les plus critiques de son histoire. Convoquée ce lundi 6 octobre devant le tribunal de commerce de Marseille, elle doit exposer son Plan de sauvegarde et à tout prix éviter le redressement judiciaire afin d’assurer la continuité de ses services pour près de 800 résidents et 700 salariés. Cette association loi 1901, entièrement tournée vers l’action sociale, se retrouve aujourd’hui au bord de l’asphyxie financière, sous la menace d’un redressement judiciaire.

Une gestion fragilisée par la crise sanitaire
Depuis juin 2024, L’Entraide s’enfonce dans une crise financière et administrative sans précédent. La pandémie de Covid-19 a accéléré les difficultés : le taux d’occupation des établissements est passé de 93 % à 70 %, tandis que les charges (énergie, maintenance, salaires) ont bondi de 25 à 30 %. Dans le même temps, les financements publics n’ont pas suivi : « Nos prix de journée, fixés par le Département et l’ARS, sont gelés depuis quatre ans et les dotations arrivent au compte-gouttes », souligne la gouvernance. Résultat : la trésorerie s’érode et les dettes s’accumulent.
Le dossier explosif du Roy d’Espagne
Dans ce contexte, la résidence du Roy d’Espagne (9e), déficitaire chronique depuis sa création, est devenue un fardeau insoutenable. En 2023, sur recommandation du commissaire aux comptes et d’un audit externe, la gouvernance décide de fermer le site et d’en céder les actifs. Après avoir consulté plusieurs promoteurs, l’association accepte l’offre de l’un d’entre eux. Cette décision, « douloureuse » mais jugée indispensable « a été bloquée par des recours, soutenus politiquement par la présidente du Département et la maire de secteur, et des oppositions locales, privant L’Entraide d’une bouffée d’oxygène indispensable», dénonce la gouvernance.
La fermeture de l’établissement achevée en juin 2024, a permis le relogement des résidents et le reclassement des salariés. Mais le site ainsi vidé « continue de coûter cher en entretien, sécurité et gardiennage». Faute de pouvoir vendre, la gouvernance a proposé de transformer la résidence en Ehpad, un chantier estimé entre 4 et 5 millions d’euros, dont le financement reste suspendu à un engagement concret du Département et de l’ARS.
Pressions accrues et tensions locales
À ces difficultés financières s’ajoutent des pressions administratives. Audits multipliés, quatre en une semaine sur 4 d’établissements, suspension brutale de l’autorisation de l’Ehpad du Clos Saint-Martin à Pélissanne. «Ces pressions s’appuient sur des plaintes et pétitions instrumentalisées, mais elles sont contestées», indique la gouvernance soulignant que la quasi-totalité des familles de résidents se sont regroupées en collectif afin de déposer un recours devant le tribunal administratif pour excès de pouvoir. Autant de signaux qui inquiètent les équipes. « Les salariés se sentent suspectés en permanence, les familles ne comprennent pas, alors qu’elles sont largement satisfaites », relève la gouvernance.
La sauvegarde judiciaire, dernier rempart
En janvier 2025, l’association a obtenu une sauvegarde judiciaire, gelant temporairement ses dettes et ouvrant la voie à un plan de redressement. « Mais ce dispositif ne suffira pas sans un soutien clair de ses principaux financeurs, le Département et l’ARS», insiste la gouvernance.
L’avenir de l’Entraide se joue désormais à très court terme. Ce lundi 6 octobre, la justice devra trancher : consolidation ou liquidation partielle ? Au-delà du cas de cette association marseillaise, c’est toute la question de l’équilibre entre mission sociale et contraintes économiques qui se pose.
Patricia CAIRE
Contacté par Destimed le Département n’a toujours pas répondu aux questions posées.
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