L’Institut Paoli-Calmettes (IPC), centre régional de référence dans la lutte contre le cancer, a célébré ses 100 ans d’existence lors d’une cérémonie officielle présidée par Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’événement s’est tenu en présence notamment de Simon Babre, préfet du Var et président du conseil d’administration de l’IPC, de Sylvain Di Giovanni, conseiller départemental délégué à la santé et représentant Martine Vassal, ainsi que de Caroline Chassin, directrice générale adjointe de l’institut.

Dans un discours axé sur la mémoire, l’engagement humain et l’ambition scientifique, Renaud Muselier a rappelé la trajectoire singulière de l’IPC, intimement liée à l’histoire de la cancérologie en France. Il a rendu hommage aux figures fondatrices qui ont façonné l’établissement : le général de Gaulle, qui a officialisé en 1948 le statut des centres anticancéreux, le professeur Jean Paoli, dirigeant de l’institut de 1952 à 1970 et à l’origine de son implantation à Sainte-Marguerite, et Irène Calmettes, infirmière engagée dès 1927 dans le traitement des cancers à Marseille.
Un institut au cœur de la prise en charge régionale
Cent ans après sa création, l’Institut Paoli-Calmettes demeure un pilier hospitalo-universitaire majeur. L’établissement s’appuie aujourd’hui sur cinq bâtiments, un budget annuel de 370 millions d’euros, et bénéficie d’une reconnaissance européenne depuis 2019. Chaque année, il accueille 12 000 nouveaux patients et réalise plus de 100 000 consultations. L’IPC dispose de 277 lits, 12 salles opératoires, 4 accélérateurs de radiothérapie et 2 robots chirurgicaux, mobilisés par 2 144 salariés, dont 397 praticiens. Pour Renaud Muselier, ces chiffres traduisent l’importance stratégique de l’institution : « un fleuron du territoire » et une référence médicale et scientifique nationale.
Une région confrontée à un lourd fardeau sanitaire
Le président de Région a également dressé un constat préoccupant sur la situation sanitaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 12 000 personnes y décèdent chaque année d’un cancer, soit 27 % des décès sur le territoire. Chez les femmes, la région affiche l’incidence la plus élevée de France. Les causes identifiées sont multiples : tabagisme, consommation d’alcool, mais aussi retards de dépistage — évalués à 10 points de retard pour le cancer du sein et 4 points pour le colorectal. Un diagnostic sans détour, destiné à justifier une politique publique renforcée sur la prévention et l’égalité d’accès aux soins.
Le pari régional : recherche mondiale et dépistage de proximité
Face à ces enjeux, la Région Sud a engagé depuis plusieurs années une stratégie structurée. Dès 2017, elle lançait le premier Plan Cancer Régional, initiative alors unique en France, soutenue par un investissement de 28M€. Depuis 2022, un second plan est entré en vigueur, doté de 40M€ et articulé autour de quatre priorités : faire de la Région Sud un pôle de recherche mondial; accélérer l’innovation et le développement économique; renforcer prévention et dépistage.; soutenir soignants et malades.
Plusieurs projets concrets ont été annoncés ou confirmés lors de la cérémonie. Parmi eux, le Mammobile, unité mobile de mammographie destinée à atteindre les zones reculées, portée avec l’Institut Sainte-Catherine et le Centre Antoine Lacassagne. Autre initiative phare : le programme Interception, visant à accompagner les publics vulnérables par un suivi personnalisé mêlant diagnostics, ateliers santé et prévention.
L’IPC, moteur d’une recherche de pointe
La recherche reste l’axe central de la stratégie régionale. L’IPC est reconnu mondialement, notamment dans la lutte contre le cancer du pancréas. Sa collaboration avec le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille -fédérant 23 équipes et 14 plateformes scientifiques- va se renforcer avec l’ouverture prochaine du bâtiment Fight Cancer, cofinancé par la Région à hauteur de 3M€.
À proximité du site actuel, un centre d’excellence international doit voir le jour pour travailler sur les cancers de mauvais pronostic, intégrer l’intelligence artificielle au diagnostic et accélérer le développement de nouvelles thérapies. Au total, plus de 16 M€ ont déjà été investis par la Région en soutien direct à la cancérologie et à l’IPC : programme Cancer 21, structuration du Cancéropôle, extension du centre de recherche, création d’unités d’innovation thérapeutique, acquisition d’un accélérateur IRM, rénovation d’hébergements pour patients, et financement européen FEDER de l’“entrepôt de données de santé” dédié à la recherche.
« Donner à la science les moyens de gagner »
En conclusion, Renaud Muselier a insisté sur la dynamique collective qui unit l’IPC, les chercheurs, les soignants et les institutions publiques. Pour lui, l’Institut Paoli-Calmettes incarne un lieu où « la recherche contre le cancer avance le plus vite », au service d’un double impératif : permettre à la science de progresser, et donner aux patients des raisons d’espérer.
La rédaction



