Marseille. Théâtre des Bernardines : Natalie Dessay et Anne-Laure Ségla sublimes dans «Un pas de chat sauvage» de Marie NDiaye

Prix Goncourt 2009 pour « Trois femmes puissantes » Marie NDiaye est l’auteure de la dénonciation de tout ce qui va mal dans les rapports humains, prenant ainsi la défense de ceux qui souffrent d’intolérance, et de discrimination. Avec des réussites romanesques et théâtrales contrastées les romans ou essais de Marie NDiaye, tenus par un souci d’esthétisme sont souvent cérébraux mais ils s’inscrivent dans une cohérence qui est la marque d’une vraie créativité.

Destimed Un Pas De Chat Sauvage ®Jean Louis Fernandez copie
«Un pas de chat sauvage» : un spectacle onirique et combattif. (Photo Jean-Louis Fernandez)

Un récit mystérieux adapté au théâtre

 Publié chez Flammarion « Un pas de chat sauvage », récit mystérieux s’il en est, accompagne depuis longtemps la metteuse en scène Blandine Savetier. Elle a coadapté ce texte pour le théâtre en compagnie de Waddah Saab, confiant les rôles principaux à Natalie Dessay et Anne-Laure Ségla. « L’objet du mystère, le désir qui met en scène le récit est Maria Martinez, chanteuse d’origine cubaine qui connut une gloire fugace à Paris au XIXe siècle, avant que de sombrer dans la misère et l’anonymat », précise la metteuse en scène. Présenté au théâtre des Bernardines à Marseille, « Un pas de chat sauvage » s’impose avant tout pour les interprétations croisées complémentaires de deux interprètes puissantes. Natalie Dessay tout d’abord, dans le rôle d’une écrivaine qui voulant raconter le destin de Maria Martinez n’arrivant pas néanmoins à en trouver l’inspiration rencontre une chanteuse nommée « Marie Sachs » qui se révèle être comme une réincarnation de Maria Martinez. Anne-Laure Ségla ensuite, qui, sous les traits de Marie Sachs incarne avec émotion cette Maria Martinez au parcours tragique. Très beau plastiquement ce moment de théâtre vaut surtout pour la présence des deux comédiennes à la fois narratrices danseuses, chanteuses. On regrettera cependant la présence envahissante et totalement inutile du personnage joué par Greg Duret dont les gesticulations chorégraphiques et vocales paraissent  superflues. Elles alourdissent le récit, ralentissent le rythme de la pièce, croyant pourtant l’accélérer, nous abreuvent d’une musique signifiante assourdissante signée par ses soins, et apparaissent anachroniques, pour ne pas dire sans intérêt. C’est le seul point faible de ce spectacle couleur sépia et rouge sang, enrichi des lumières d’artiste de Louisa Michel, et d’une vidéo de Laurence Barbier, subtilement utilisée qui porte haut la parole de toutes les femmes opprimées, et qui évoque de manière intelligente la condition noire à travers les siècles. Et qui le fait dépouillé de toute injonction morale le rendant ainsi encore plus percutant.

Jean-Rémi BARLAND

« Un pas de chat sauvage ». Théâtre des Bernardines au 17, boulevard Garibaldi – Marseille (1er). Jusqu’au samedi 22 mars à 20h. Le mercredi 20 mars à 19h. Prix de 10 à 37 €. Plus d’info et réservations lestheatres.net

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