Nice -Toit terrasse du Mamac : ‘Ville Songe’ intervention picturale de Flora Moscovici

Publié le 20 mai 2022 à  8h51 - DerniÚre mise à  jour le 6 novembre 2022 à  10h39

Jusqu’au 31 dĂ©cembre 2022, la ville de Nice invite le public Ă  dĂ©couvrir l’intervention picturale « Ville Songe » de Flora Moscovici sur le toit terrasse du Mamac. Le vernissage s’est tenu le vendredi 13 mai date Ă  laquelle a Ă©galement Ă©tĂ© inaugurĂ©e l’exposition d’étĂ© du Mamac «Vita Nuova. Nouveaux enjeux de l’art en Italie 1960-1975».

l’intervention picturale Ville Songe de Flora Moscovici sur le toit terrasse du Mamac  ©Jean-Christophe Lett
l’intervention picturale Ville Songe de Flora Moscovici sur le toit terrasse du Mamac ©Jean-Christophe Lett

Flora Moscovici aborde la peinture en partant d’un contexte spĂ©cifique : les techniques utilisĂ©es varient en fonction du projet, mais la couleur et la lumiĂšre sont toujours les Ă©lĂ©ments centraux. Ses interventions modifient la perception de l’espace et convoquent diffĂ©rentes temporalitĂ©s, celle du geste pictural, la mĂ©moire du lieu et l’histoire de la peinture entre sacrĂ© et vernaculaire.

Pour rĂ©pondre Ă  l’invitation de la ville de Nice, l’artiste a imaginĂ© Ville Songe, une intervention in situ sous forme d’une peinture abstraite Ă  l’Ă©chelle de l’architecture de l’une des terrasses du Mamac qui viendra dialoguer avec le paysage urbain qui se dĂ©ploie Ă  360°c sur le toit du musĂ©e. TravaillĂ©e par les rayons du soleil et de la lune, soumise aux variations du ciel, Ville Songe est une Ɠuvre atmosphĂ©rique qui Ă©voluera au fil du temps, de son exposition Ă  l’air et aux intempĂ©ries. Elle fait face au mur de feu d’Yves Klein, artiste qui Ă  l’aube des annĂ©es 1960 a confrontĂ© ses toiles aux effets du vent, de la pluie et des giboulĂ©es dans une sĂ©rie intitulĂ©e Cosmogonies.

Flora Moscovici travaille depuis plusieurs années la peinture in situ ©Jean-Christophe Lette
Flora Moscovici travaille depuis plusieurs années la peinture in situ ©Jean-Christophe Lette

L’artiste travaille depuis plusieurs annĂ©es la peinture in situ. La matiĂšre brute des murs, des sols, des plafonds est son terrain d’intervention. La particularitĂ© de son travail est qu’il se fait directement sur le lieu. La peinture colorĂ©e de la jeune plasticienne investit les 160 mĂštres carrĂ©s de murs en bĂ©ton gris, transformant le toit terrasse du musĂ©e en espace poĂ©tique. «La peinture que je vais crĂ©er pour les terrasses du Mamac viendra interagir avec le bĂ©ton fatiguĂ©, en incorporant ses traces Ă  la picturalitĂ©, en rĂ©vĂ©lant son relief, ses pores et en faisant le lien entre le bĂątiment du musĂ©e et la ville» indique l’artiste.

Cette exposition est l’occasion de prendre la riche mesure de la rencontre d’un lieu avec un imaginaire, un lieu qu’elle rĂ©vĂšle et qu’elle revisite par sa palette chromatique. «Je partirai des couleurs froides du mĂ©tal et des vitres aux reflets verts pour dĂ©velopper progressivement ma palette en regard de la multiplicitĂ© de nuances que l’on peut observer Ă  Nice. Ma peinture fera Ă©cho Ă  des tĂąches de couleurs que l’on peut apercevoir depuis les terrasses sur la ville mais elle sera aussi en lien avec des parties non visibles Ă  partir de ces points de vue, ainsi qu’au fantasme-mĂȘme de la MĂ©diterranĂ©e qui a participĂ© Ă  l’évolution de la ville de Nice», prĂ©cise l’artiste.

Flora Moscovici travaillera avec des pigments, de la casĂ©ine et de l’eau de chaux qui fixeront la peinture en incorporant les traces du bĂ©ton ©Jean-Christophe Lette
Flora Moscovici travaillera avec des pigments, de la casĂ©ine et de l’eau de chaux qui fixeront la peinture en incorporant les traces du bĂ©ton ©Jean-Christophe Lette

Flora Moscovici explore la question de la lumiĂšre, de ses variations et de son rayonnement. Pour ce projet, elle travaillera avec des pigments, de la casĂ©ine et de l’eau de chaux qui fixeront la peinture en incorporant les traces du bĂ©ton, en rĂ©vĂ©lant son relief et ses pores. Elle procĂ©dera par frottements et pĂ©nĂ©trations plutĂŽt que par recouvrement ou masquage du support. Mais si le lieu est la source premiĂšre d’inspiration pour l’artiste, c’est aussi sous l’influence du contexte historique et culturel de la CĂŽte d’Azur dont a pu dĂ©pendre l’expression chromatique de la ville que la recherche artistique de Flora Moscovici a Ă©tĂ© stimulĂ©e. La vieille ville polychrome sous influence italienne, la ville blanche [[Alexandre Dumas, Voyage en Italie, Paris,1843, p.34.]] du tourisme hivernal des aristocrates et des intellectuels de toute l’Europe, la mode exotique de l’Orient rĂȘvĂ© conjuguĂ©e aux mythes de l’antiquitĂ© grĂ©co romaine, les marbres colorĂ©s et les mosaĂŻques dans le gout de Charles Garnier sont autant de courants qui ont traversĂ© et nourri l’artiste dans la production de sa peinture. «Je suis trĂšs attachĂ©e aux idĂ©es de Garnier sur l’importance de la polychromie dans la ville et je trouve extrĂȘmement intĂ©ressant comment l’exaltation de la couleur, pour une ville comme Nice, est venue symboliser le lieu de l’exceptionnel et du merveilleux, du pittoresque
 Je souhaite travailler principalement avec des pigments minĂ©raux, qui conservent une place privilĂ©giĂ©e dans l’industrie du bĂątiment sur la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne» souligne l’artiste.

[(Flora Moscovici est nĂ©e en 1985. Elle vit et travaille Ă  Paris. DiplĂŽmĂ©e de l’École Nationale SupĂ©rieure d’Art de Paris-Cergy en 2011, elle a exposĂ© dans plusieurs centres d’art, galeries, musĂ©es, lieux associatifs, en France, en Europe, aux États-Unis et au Canada. LaurĂ©ate de « L’art en chantier », elle vient de rĂ©aliser en 2021 une commande monumentale pour le MinistĂšre de la Culture, intitulĂ©e « CitĂ© Polychrome », une commande pour le siĂšge de la Villa Albertine Ă  New York et pour le dĂ©filĂ© HermĂšs femme printemps/Ă©tĂ© 2022. Elle a aussi prĂ©sentĂ© une performance au Centre Pompidou en collaboration avec Lina Schlageter. Son travail a Ă©tĂ© exposĂ© rĂ©cemment au MusĂ©e des Beaux-arts de Rennes, au Frac Nouvelle-Aquitaine MĂ©ca, au Centre d’Art de la Villa Arson, aux Ateliers Vortex, Ă  Moly-Sabata, au Shed, Ă  Dundee Contemporary Arts
 )]

Commissariat : Martine Meunier, Direction du Musée : HélÚne Guenin, assistants : Paul Bogard et Lassana Sarre

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