1,6 million de billets vendus, près de 60% de taux de remplissage en moyenne. Cette 59e édition est une belle édition selon les organisateurs, elle renoue avec les chiffres d’avant Covid. Mais le festival c’est l’arbre qui cache la forêt. Passé le 26 juillet, nombre de compagnies n’ont pas de débouchés. Les principaux diffuseurs, que sont les collectivités locales, ont sensiblement réduit la voilure.
Vitalité du spectacle vivant
Lors du bilan de cette édition, le conseil d’administration de l’association AF&C (Avignon Festival & Compagnie) qui organise le OFF, affiche une certaine fierté. Ce qui saute aux yeux c’est la vitalité du OFF. 1 785 spectacles à l’affiche dans 139 théâtres. 27 000 levers de rideau et 1,6 millions de billets vendus. Le taux de remplissage moyen des salles avoisine les 60%. « C’est une belle année, conclut Harold David, co-président de AF&C, avec une fréquentation importante et assez homogène sur l’ensemble du festival. Après une année 2024 très compliquée cette fois on a une année sans embûches avec des spectateurs bien présents.»
L’euphorie masque la crise
Emportés par les files d’attente, les spectacles complets et les applaudissements on glisse volontiers dans l’euphorie du OFF mais la réalité est tout autre. Si 1 700 professionnels du spectacle vivant sont accrédités pour le festival cela ne rime pas nécessairement avec diffusion. Selon une enquête, 61% d’entre eux envisagent une programmation en 2026-2027, 16% n’ont pas de période précise et seuls 23% tablent sur 2025-2026. « La réalité est terrible pour tout ce qui concerne la diffusion du spectacle vivant, constate Harold David. On a une profusion d’offres de spectacles prête à être diffusée mais qui pâtit de débouchés de plus en plus réduits car les plus gros diffuseurs sont les collectivités et elles ont des moyens de plus en plus réduits pour la culture.»
Avignon, un sésame mais…
Contrairement aux idées reçues, plus des trois-quarts (78%) des compagnies ne bénéficient d’aucune subvention. Elles ne peuvent compter que sur la scène pour se financer. « Avignon est une diffusion ponctuelle, le OFF ne représente que 20 dates pour une moyenne annuelle nationale de 27 à 30 dates par compagnie. Certes ce sont les 2/3 mais on ne peut pas se réjouir que la seule vie d’un spectacle ce soit le OFF. » Au-delà, cette présence à Avignon représente un coût qu’il faut aussi pouvoir assumer.
30% pourraient baisser le rideau
Selon un sondage effectué sur place, 30% des compagnies annoncent qu’elles pourraient mettre la clé sous la porte si la crise du spectacle vivant, marquée par l’absence de diffusion persiste. Sans diffusion autre que le OFF, l’équation économique n’est pas viable. C’est le panorama qu’on dressé les co-présidents AF&C à la ministre de la culture venue discrètement en fin de matinée. L’inquiétude est grande. La résilience du secteur a ses limites.
Reportage Joël BARCY
Une fréquentation exceptionnelle pour le In Avignon
96,7%, fréquentation record en 2025 pour les 42 spectacles du In. 118 554 billets ont été vendus au 21 juillet. « Des chiffres qu’on n’a pas vus depuis 2016 et qu’on espère encore dépasser », annonce Tiago Rodrigues, le directeur du festival. Une 79e édition marquée par des grands noms du spectacle vivant avec Anne Teresa de Keersmaeker, Thomas Ostermeier ou Marlene Monteiro Freitas, et du théâtre avec le procès des viols de Mazan.
Langue invitée : la Corée
En 2026, la langue invitée sera le Coréen précise Tiago Rodrigues. « C’est très intéressant de voir que cette langue qu’on pourrait dire petite, issue d’un petit pays lointain, s’est répandue dans toute la planète à travers la culture, le cinéma, les séries télévisées, la musique. » 2026 sera aussi la 80e édition, un rendez-vous sans doute marquant.
J.B.
