Opéra de Marseille – Falstaff à la folie pour l’ouverture de la saison

C’est avec quatre représentations de « Falstaff », l’ultime opéra de Verdi, mis en scène par Denis Podalydès, que l’opéra de Marseille a ouvert sa saison. Une production un peu folle servie par une distribution idéale et qui a obtenu un beau succès.

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Giulio Mastrotoraro, Falstaff et Salome JIdia, Alice Ford. © Christian Dresse

Le milieu hospitalier à la cote chez les metteurs en scène. L’été dernier, au festival d’Aix-en-Provence, la « Louise » de Charpentier évoluait dans la salle d’attente d’un établissement psychiatrique et « Don Giovanni » vivait ses dernières heures dans une clinique. Auparavant, il y a quelques saisons, Tcherniakov y avait installé « Carmen » et, à l’opéra de Marseille, le « Don Quichotte» de Louis Désiré y vivait sa folie.

Pour cette production de « Falstaff », Denis Podalydès installe l’action entre les murs sales et décrépis d’un asile, transformant les commères de Windsor en infirmières, Ford en pharmacien de l’établissement et le docteur Caïus en… médecin. Et ça marche plutôt bien.  Revêtu de son pyjama griffé Christian Lacroix, le plus qu’obèse et un tantinet naïf Sir John Falstaff veut vivre une dernière histoire d’amour avec Alice Ford, la femme du pharmacien de l’établissement hospitalier. Moqueuses, les femmes vont chercher à se venger du fat qui, au final, selon la vision de Podalydès, ne sera peut-être pas le dindon de la farce. Rira bien qui rira le dernier…

Une distribution idéale

Sur scène, Giulio Mastrotoraro, affublé de son énorme appendice, incarne à la perfection Falstaff. Il joue aussi bien qu’il chante avec clarté, intelligence, puissance et précision. Une grande interprétation appréciée par le public à l’issue de chacune des représentations. Autre grande triomphatrice, Hélène Carpentier, idéale Nanette, jeune femme que son père, Ford, veut unir au vieux docteur Caïus alors qu’elle aime, et c’est réciproque, le jeune Fenton. La comédienne est charmante et sa voix limpide, ligne de chant idéale et sensible. Son amoureux, incarné par Alberto Robert, est un ténor prometteur, précis, élégant et à la projection idéale. Salome Jicia est une Alice Ford aux aigus agréables et percutants, Héloïse Mas, une Meg Page elle aussi avec de beaux aigus et Teresa Iervolino, une Mrs Quickly idéale complice espiègle au moment de provoquer Falstaff, propose un chant mature et précis.

Du côté masculin de la distribution, Florian Sempey offre une incarnation idéale à Ford, tant scéniquement que vocalement et Raphaël Brémard est un docteur Caïus efficace, voix bien placée et jeu parfait, tout comme Carl Ghazarossian et Frédéric Caton sont respectivement un Bardolfo et un Pistola de qualité. Belle prestation, aussi, du chœur efficacement préparé par son chef Florent Mayet. Quant à l’orchestre, dans son répertoire de prédilection, il bénéficie de la direction intelligente et nuancée de son directeur musical, Michele Spotti, qui après avoir dirigé pour la première fois cette œuvre il y a quelques jours au festival Verdi de Parme y revenait avec classe à Marseille. La saison 2025/2026 a débuté avec succès; puisse la suite être de la même veine…

Michel EGEA

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