Jeudi soir, en préambule à un somptueux concert d’ouverture de saison, Michele Spotti, directeur musical de l’orchestre philharmonique de Marseille a reçu les insignes de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres des mains de Benoît Payan, le maire de Marseille.
« J’aime Marseille, nous confiait il y a quelques mois Michele Spotti. La ville et son opéra qui est le plus italien que j’ai jamais rencontré hors des frontières de mon pays natal. Comme en Italie, ici on a un grand sens pratique, on est très concret. » Succédant il y a trois ans à Lawrence Foster qui voyait en lui « l’un des quatre ou cinq directeurs musicaux les plus doués au monde », le jeune (32 ans) maestro transalpin mène aujourd’hui une carrière lumineuse, à Marseille, mais aussi un peu partout. Ainsi, après que le ministère de la Culture l’ait promu dans l’ordre des Arts et des Lettres, il vient d’être nommé comme prochain chef principal invité au Deutsche Oper de Berlin pour la saison 2026/2027. Il dirige actuellement pour la première fois « Falstaff » au Festival Verdi de Parme, une œuvre qu’il retrouvera début novembre à Marseille. En mai 2026, il fera ses débuts au Metropolitan Opera House de New York avec « La Traviata ».
Dans son discours livré en italien et en français, Benoît Payan soulignait combien le travail effectué par le maestro auprès de l’orchestre de l’opéra était important et portait aujourd’hui de beaux fruits. «A travers toi, soulignait le maire, à travers ce que tu a fait et insufflé à celles et ceux qui font vivre cet opéra, tu nous as rendus fiers, tu as rendu Marseille, les marseillaises et les marseillais fiers. » Rappelons qu’il y a trois ans, lorsqu’il s’est agit de nommer un successeur à Lawrence Foster, Michele Spotti avait été plébiscité par les musiciens de l’orchestre à plus de 90%. L’excellence du travail effectué depuis transparaît à chaque sortie de cet orchestre, que ce soit dans la fosse pour les opéras ou sur scène pour les concerts. Celui qui a suivi cette remise de distinction en témoigne.
Wagner et Stravinsky au sommet
Pour ce concert si particulier, Michele Spotti avait choisi de programmer Wagner, son compositeur préféré avec Verdi, et Stravinsky. A la puissance et à la majesté de l’ouverture des « Maîtres Chanteurs de Nuremberg » succédaient le romantisme et les couleurs somptueusement dramatiques du « Vorspiel und Liebestod » (« Prélude et mort d’amour ») de «Tristan und Isolde ». L’occasion pour les instrumentistes de faire briller leur palette à tous les pupitres avec un engagement total et attentif sous la direction sensible et limpide de Michele Spotti. Après Wagner, c’est un exercice de style différent qui était proposé aux instrumentistes et à leur directeur avec « Le Sacre du Printemps » une œuvre explosive et contrastée qui use des changement de rythme et des tempi. Ici aussi, la lecture réalisée par Michele Spotti est extrêmement dense, physique, collant totalement avec la partition qui a permis la mise en valeur des qualités d’un orchestre précis, chaleureux et puissant. Cordes somptueusement rondes, cuivres acérés, vents mélodieux : de la belle ouvrage. La saison est bien lancée.
Michel EGEA
