Primaires Citoyennes du PS à Marseille : Samia Ghali défaite, mais toujours aussi rebelle

Publié le 20 octobre 2013 à  22h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h24

C’est le verbe haut à l’image de ce qu’avait été sa campagne que Samia Ghali a reconnu sa défaite ce dimanche soir sur les coups de 21h45. Si elle n’a pas annoncé son départ du PS comme elle l’avait laissé entendre dans la journée en cas de défaite, elle n’en a pas moins adressé un feu nourri sur Matignon et l’Elysée.

Samia Ghali devant ses militants et sympathisants (Photo D.R.)
Samia Ghali devant ses militants et sympathisants (Photo D.R.)
Il est 19 heures ce dimanche 20 octobre au restaurant « La Suite » sur le Quai du Port à Marseille. S’il n’y a pas encore de supporters de Samia Ghali, une nuée de journalistes est déjà présente, agglutinée aux premières loges à quelques centimètres du micro où la candidate s’exprimera plus tard dans la soirée.
Il est 20h05 lorsque son porte-parole Christophe Lopez tient à remercier les militants alors que les premiers d’entre eux ont commencé à converger vers le QG de la sénateur-maire du 8e secteur. « Cette soirée clôture six mois de campagne où pas un arrondissement n’a été oublié », rappelle-t-il, avant de souligner que « les réseaux sociaux ont explosé cette semaine avec plus de 1 500 amis supplémentaires ». « La ferveur et la sympathie autour de Samia Ghali sont incontestables comme des journalistes ont pu le constater », se réjouit-il. Et de saluer sa candidate : « En tant que porte-parole et directeur de sa campagne, je voudrais lui dire « merci ». Sa candidature a redonné le goût de la politique à nombre de Marseillais. » Puis après avoir remercié Samia Ghali pour son « courage » et sa « ténacité », il prend date pour l’avenir : « Nous serons à tes côtés toujours, quoiqu’il arrive ce soir ».
Il est 20h20 lorsque BFM annonce que les premiers résultats partiels placeraient Patrick Mennucci en tête, en précisant toutefois que des arrondissements susceptibles d’inverser la tendance n’ont pas encore été comptabilisés. Les premières rumeurs de défaite commencent à se répandre une demi-heure plus tard : le retard de Samia Ghali serait « sans ambigüité ». On évoque 3 000 voix d’avance pour Patrick Mennucci.

« La politique vous apprend des choses qui vous laissent un goût amer »

L’élection n’a toujours pas livré son verdict à 21h20 alors que les journalistes présents pianotent sur leur portable à la recherche des dernières tendances. Le suspens prendra finalement fin un quart d’heure plus tard : Patrick Mennucci sera le candidat socialiste dans la course aux municipales 2014 à Marseille.
Il faut encore attendre 10 minutes pour que Samia Ghali apparaisse au micro. «Chers amis, je voudrais ce soir vous dire, même si les chiffres sont incontestables, que nous, nous n’avons pas perdu. Parce que notre combat, il était vrai, sincère, il se poursuit avec vous, vous les Marseillais, vous les Marseillais oubliés », proclame-t-elle. Et d’assimiler son résultat à « une victoire », parce que « quand on est seule contre cinq candidats, plus le gouvernement, ça fait six en tout, franchement, on n’a pas à se plaindre ». Elle salue ensuite ses militants : « J’ai une chance de vous avoir. Il n’y avait pas de voix de mathématiques, ces voix étaient sincères. Il y avait des hommes et des femmes derrière chaque voix. »
Samia Ghali tient ensuite à tirer les enseignements de ces Primaires Citoyennes : « J’ai appris de vous, des autres et des autres candidats. La politique vous apprend des choses qui vous laissent un goût amer. Ce soir, c’est la victoire de cinq candidats plus le gouvernement. Mais nous seuls avons gagné en dignité. Nous n’avons insulté personne. » Et d’en revenir aux paroles attribuées à un proche d’Eugène Caselli par Le Figaro : « Il n’y avait pas de sous-électeur. Vous êtes de vrais électeurs de la République, de cette République qui dit « égalité » et « fraternité ». » Elle revient aussi sur la façon dont elle a mené cette campagne : « C’est dans la rue que j’ai été cherché voix par voix. Je ne regrette ni ma campagne, ni ce que j’ai pu dire. »

Au gouvernement : « Nous lui réclamons ici à Marseille l’aide qu’il n’a jamais apportée »

Il était temps enfin pour la candidate d’évoquer ce parti socialiste dont elle avait laissé entendre dans la journée qu’elle pourrait le quitter en cas de défaite. Point d’annonce en ce sens, mais une distribution de bons et de mauvais points : « Ce soir, je voudrais dire à Jean-Marc Ayrault combien je suis déçue du comportement du gouvernement. Et je voudrais ce soir reconnaître la qualité du travail d’Harlem Désir et Alain Fontanel. » Elle insiste sur le cas du premier secrétaire du PS : « Celui qui, dans le parti, a été souvent décrié, finalement dans cette campagne, c’est lui qui a été le plus intègre. Je tenais à le souligner. »
Et de finir par un feu nourri sur Matignon et l’Elysée : « Je voudrais dire à Jean-Marc Ayrault et à François Hollande que ce soir, nous sommes avant tout des Marseillais, pas des sous-Marseillais, mais des Marseillais. Je voudrais lui dire parce que nous sommes Marseillais, que nous lui réclamons ici à Marseille l’aide qu’il n’a jamais apportée. Le comité interministériel (NDLR : qui s’est tenu le 6 septembre 2012) n’a pas porté ses fruits à Marseille. Ceux qui ont voté pour moi ont voulu montrer qu’ils sont les oubliés de ce gouvernement. Mettez-vous au travail, et apportez des solutions pour Marseille ! » Après avoir indiqué qu’elle ne ferait aucune déclaration supplémentaire, la candidate quitte rapidement les lieux sous les ovations et les cris de « Samia, Marseille t’aime ! ».
Serge PAYRAU

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