Rencontre avec René Martin l’âme artistique de la Folle Journée, de la Folle Criée, du Festival de La Roque d’Anthéron et de la maison de disques Mirare

Publié le 2 février 2015 à  10h12 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h37

L’âme artistique du Festival de La Roque c’est lui ! Le fondateur des manifestations «La folle journée» de Nantes, et de «La folle Criée» de Marseille -qui aura lieu les 6 et 7 février prochain avec pour thème «Passions de l’âme et du cœur»- c’est encore lui ! Le créateur de la maison de disques «Mirare» qui fête ses dix ans d’existence, c’est toujours lui ! En un mot René Martin se bat sur tous les fronts, avec enthousiasme et une discrétion n’ayant d’égal que son efficacité. Nous avons rencontré ce bourlingueur et boulimique de musique pour faire le point sur les différents pans de ses activités.

René Martin (Photo D.R.)
René Martin (Photo D.R.)

Destimed: Quel bilan tirez-vous du Festival de La Roque de l’été dernier ?
René Martin: Excellent avec un total de 77 640 spectateurs, 87 concerts dont 70 concerts payants, 706 artistes, dont 100 solistes et 7 chefs d’orchestre. Le bilan artistique est de même niveau. La programmation est ambitieuse soutenue par des bénévoles nombreux avec des coups de cœur comme la présence de Nelson Freire, Nicholas Angelich, Rémi Geniet, jeune pianiste prodige de 21 ans dont le disque sur Bach sort dans quelques jours ou la grande Anne Queffélec qui sera présente à la Folle Criée les 6 et 7 février prochain et qui vient de sortir chez nous un album intitulé «Ombre et lumière» consacré aux sonates de Scarlatti. Et puis il y a les rapports particuliers des artistes pour le lieu. Nikolaï Lugansky y vient en famille et Nicholas Angelich y accueille sa maman. Les artistes me font confiance et on prend en quelque sorte à La Roque la température du piano mondial. On y est novateur, on présente des nouveaux artistes, avec un haut niveau artistique en permanence. Ce n’est pas en dents de scie et ce ne sont pas uniquement mes goûts personnels qui sont mis en avant. Les pianistes que je fais venir ont des choses que les autres n’ont pas…

La folle journée de Nantes relayée par «La folle Criée » de Marseille est un succès colossal. Quelle est selon vous la spécificité attractive de cette manifestation ?
Chaque année ce qu’on appelle « La Folle journée» réunit des musiciens jouant autour d’un thème. L’an dernier on a mis en avant la musique américaine et l’édition 2015 qui s’appelle «Passions de l’âme et du cœur» réunira des pianistes et musiciens créant des ambiances sonores plutôt romantiques. Le principe de ces moments est simple. Les artistes donnent des mini-concerts d’une heure et ceci crée une sorte de panaché de jeux, de sensibilités, si bien que l’on peut en une journée en voir un grand nombre et surtout venir en famille, le format temporel assez court favorisant la présence d’un jeune public. Je tiens beaucoup à La Folle journée, où l’on découvre aussi de nouveaux talents.

Parlez-nous de la maison de disques «Mirare» dont vous êtes le fondateur et qui sort chaque mois des titres importants. Pourquoi un tel investissement au moment de la crise du disque ?
J’ai créé « Mirare » il y a dix ans car cela me choquait de voir bon nombres d’artistes remerciés par leurs maisons de disques respectives, se retrouver sans structures, comme par exemple Abdel Rahman El Bacha qui a sorti chez nous voilà un an une intégrale des sonates pour pianos de Beethoven et dont la carrière s’est retrouvée relancée. Je me suis dit qu’en créant «Mirare» je pouvais proposer un label qui serait une sorte de prolongement de la relation avec les musiciens invités à la Roque. Cela s’est avéré payant. Certes notre objectif n’est pas de vendre 100 00 CD d’un même titre mais de pouvoir offrir une palette variée d’enregistrements. En soignant aussi les livrets les pochettes, les enregistrements confiés à de grands preneurs de sons, dans des lieux favorisant la captation sonore. Et puis il y a à la Roque ces séances de dédicaces où l’on voit beaucoup de spectateurs acheter des CD. Cela fait vendre au moment d’une crise, qui était aussi technique, beaucoup de gens ne savant plus où acheter des disques. Avec un point à creuser. Ce serait bien de pouvoir enregistrer les concerts de La Roque et vendre les disques directement après. En matière d’audio il faut réinventer beaucoup de choses. Mirare en tout cas s’y emploie.
Propos recueillis par Jean-Rémi BARLAND

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