Tribune de Christophe Madrolle & Fabien Perez  : Face à l’urgence climatique, les 2 élus écologistes se rassemblent et lancent un think tank pour une écologie des solutions à l’échelle métropolitaine  

Publié le 22 janvier 2024 à  11h30 - Dernière mise à  jour le 30 janvier 2024 à  9h24

Marseille, ville principale de la métropole Aix-Marseille Provence, capitale euro-méditerranéenne, est un hot spot du changement climatique et pourtant notre ville est à la peine en matière de transition écologique.

Destimed mADROLLE pEREZ
Christophe Madrolle et Fabien Perez ©DR

Si son histoire a montré une vulnérabilité quant à la ressource en eau, nous pouvons constater de nos jours que les îlots de chaleur apparaissent dès le mois de mai, que le sol de notre territoire se fragilise avec des écroulements d’immeubles comme celui de Martigues, il y a quelques mois, que le Vieux-port est régulièrement submergé ou encore que son trait de côte est appelé à évoluer.

Alors que l’année 2023 a été exceptionnellement chaude, avec une anomalie thermique de + 1,48°C par rapport à l’ère préindustrielle, que les émissions mondiales de gaz à effet de serre n’ont toujours pas commencé à décroître et que nous entrons dans « l’ère de l’ébullition », selon le mot de secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Marseille doit prendre son destin en main et redresser la barre face au défi climatique.

Il est impératif que nos collectivités territoriales unissent leurs efforts pour relever ce défi et élaborer un plan d’ensemble cohérent qui servirait de colonne vertébrale.

Marseille doit dépasser le modèle de la Smart city, dans lequel les technologies numériques servent de levier de transformation pour tendre vers le modèle des Craftcities, c’est-à-dire ces villes fabricantes qui font, qui réparent, qui recyclent au service d’une transformation urbaine résiliente.

En sachant que près de 95% de ce que les Marseillais consomment est importé, il est urgent d’amorcer la réindustrialisation écologique de notre ville qui permettra à terme, à ses habitants une autonomie en matière d’énergie, d’alimentation, de produits manufacturés, tout en favorisant localement l’emploi.

Le secteur routier représente 36% des émissions totales du territoire marseillais dont 81% sont émis par la voiture individuelle.

C’est pourquoi, le passage de la voiture thermique à la voiture électrique était une occasion historique de changer l’objet « voiture », en fabriquant exclusivement des petits modèles. En effet, il sera plus facile d’assurer une mobilité démocratique motorisée si les voitures pèsent 500 kilos plutôt qu’une tonne et demi.

Nous souhaitons que nos collectivités se donnent les moyens qu’en 2030, 30% du parc de véhicules soit constitué de véhicules électriques.

Quant au secteur résidentiel, il est responsable de 25% des émissions de carbone de la ville et constitue le deuxième poste de consommation d’énergies avec un logement sur quatre qui est énergivore.

Nous appelons à une accélération massive des réseaux de chaleur urbain, alimentés à 80% par des énergies renouvelables et un développement du solaire thermique pour diminuer l’impact carbone de l’eau chaude sanitaire.

En effet, la facture énergétique annuelle du territoire de Marseille est actuellement de 2 milliards d’euros, or seulement 1% de l’énergie consommée est produite sur Marseille.

Il nous faut tirer parti des avantages naturels du territoire marseillais pour générer des énergies renouvelables : un climat très ensoleillé et venteux avec la mer comme climatiseur naturel.

Le développement de la posidonie doit être encouragé car elle constitue un puits de carbone majeur qui lui permet de stocker dix fois plus de carbone que les sols forestiers.

L’urgence de la décarbonation, a été réaffirmée récemment par le rapport de Jean Pisani-Ferry qui nous enjoint de faire en dix ans ce que nous n’avons pas su faire en trente ans.

A défaut d’un mode de vie collectif plus sobre, il faudra payer plus cher pour maintenir un service équivalant.

Marseille doit œuvrer pour rendre acceptables des mesures contraignantes qui seront douloureuses notamment pour les ménages issus des classes défavorisées.

Quant à la sobriété, souhaitée ou redoutée, qui permettrait de réduire de plus de 20% l’émission de nos gaz à effet de serre, elle requiert de la pédagogie pour faire prendre conscience que le mode de vie des dernières décennies ne sera pas reproductible dans les prochaines années. Il y a urgence à modifier son alimentation, à se déplacer autrement et globalement à consommer moins.

La formation de nos jeunes doit être amplifiée pour leur expliquer que l’enjeu n’est pas de vivre désormais de façon réduite mais d’apprendre à vivre mieux.

Notre jeunesse dotée des outils pour décrypter la logique de notre système économique qui active de façon continue le désir de consommation, avec l’appui du marketing de plus en plus efficace, pourra aspirer à un nouveau modèle plus sobre.

L’avènement de la révolution du télétravail facilite la multiplication des fonctions des immeubles de bureaux, des écoles, des industrielles et des logements vacants sur notre commune. Les restaurants d’entreprise peuvent se transformer en brasserie ouverte à tous, le soir et le week-end, les bureaux accueillir des étudiants en manque d’espace de travail, ou encore les parkings d’entreprise s’ouvrir aux riverains pour y garer leurs voitures ou deux roues le soir et le week-end.

Les eaux usées produites par nos stations d’épuration peuvent être affectées à l’arrosage et à notre agriculture urbaine.

Nos espoirs sont aussi placés dans l’éolien flottant qui recèle des avantages considérables, comme celui de s’affranchir de la profondeur, la possibilité d’aller plus loin au large, d’éviter les conflits avec les autres usagers de la mer, pêcheurs ou plaisanciers et d’avoir un excellent rendement.

Les valeurs écologiques que nous portons et défendons doivent infuser les actions publiques de notre territoire pour préparer la ville de demain et pour ce faire nous lancerons dans les semaines à venir un think tank.

La résistance au changement est naturelle sauf si chacun admet que les changements qui s’imposent collectivement sont acceptables.

 

Christophe Madrolle est conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur/ Sud. Fabien Perez est conseiller municipal de la ville de Marseillle. 

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