Jacques Toubon dénonce la loi immigration « car il ne peut y avoir de préférence nationale »

Jacques Toubon, un des grands noms du chiraquisme, ancien ministre, ancien président du RPR, ancien défenseur des droits a appelé à manifester ce dimanche contre la loi immigration. Invité sur France Info il a longuement expliqué sa position lançant : « Quand on commence à mettre la main dans l’engrenage il faut arrêter le système parce que sinon on passe de l’État de droit au populisme ».

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Jacques Toubon a expliqué sa position contre  la loi immigration sur France Info (Photo capture d’écran)

Jacques Toubon inscrit son opposition à la loi immigration dans l’action politique qu’il mène depuis 25 ans : « En 2002 j’étais aux côtés de Jacques Chirac lorsqu’il a été élu à la présidence de la République et je m’occupais des questions de citoyenneté, d’immigration. J’ai ainsi notamment été amené à proposer la création d’un musée de l’histoire de l’immigration qui existe aujourd’hui. Depuis cette période je défends la position selon laquelle l’histoire de France a en grande partie était faite depuis 2 siècles par des personnes venues de l’étranger. Et, en quelque sorte, on ne peut pas distinguer eux et nous quand on parle de la France et des Français ». Et de signifier : « C’est dans ce cadre que je combats cette loi ». « Il faut, insiste-t-il, que nous ayons, concernant la législation sur l’immigration, un point de vue très français qui comporte une sorte d’universalité, ce qui n’existe pas dans d’autres pays».

« Ce n’est pas une question d’actualité »

Pour Jacques Toubon : «On a introduit dans cette loi la préférence nationale. On dit qu’une personne peut avoir des prestations en 3 mois et d’autres, étrangères, en 5 ans ». Il y a là selon lui: « Une innovation et l’introduction de la préférence nationale laquelle est contraire à nos principes constitutionnels. C’est pour cela que le Conseil Constitutionnel a été saisi et il va être intéressant  de savoir s’il retient cette idée de non préférence nationale comme un principe fondamental ou si, au contraire, il admet qu’on peut faire des accommodements au nom de l’intérêt général ». Il signale à ce propos : « Le travail du Conseil Constitutionnel consiste à concilier protection des droits et des libertés d’une part et d’autre part la sauvegarde de l’intérêt général. C’est un travail qui a des conséquences politiques majeures, c’est un travail de droit fondamental . Ce n’est pas une question d’actualité, c’est une décision qui aura des conséquences pour l’avenir ».

« Il y a un mouvement incontestable de droitisation »

Concernant le vote de cette loi Jacques Toubon indique : « Je ne sais pas si une digue est tombée face à l’extrême droite parce qu’on s’aperçoit aujourd’hui qu’un vaste champ politique vote et défend cette loi. Il y a un mouvement incontestable de droitisation et ce n’est pas seulement sur l’immigration et cela touche de nombreux pays européen, le plus frappant étant de voir que cela touche des pays longtemps socio-démocrates comme par exemple le Danemark ».  Mais, insiste-t-il : « Je ne crois pas que l’on puisse, à partir de positions politiques, remettre en cause des droits fondamentaux ». Et de mettre en garde : « Si le bien commun se résume à ce qui est socialement et médiatiquement acceptable alors je suis certain que l’on basculera très vite de l’état de droit à un régime populiste ».

Et si certains mettent en avant que cette nouvelle loi reste en deçà de celles d’autres pays,  il juge : «L’argument qui consiste à dire : les autres font comme cela pourquoi ne pas faire comme eux n’est pas un argument. Il faut s’inscrire dans notre histoire, dans notre conception, c’est-à-dire l’attribution de droits sociaux et non la préférence nationale». Et celui qui fut le président du RPR de considérer, à propos des LR : «Ils  se laissent tenter à aller vers l’extrême droite et c’est mortel car, d’un point de vue démagogique comme populiste l’extrême-droite gagnera toujours ».

Michel CAIRE

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