Publié le 21 juin 2022 à 10h35 - Dernière mise à jour le 8 décembre 2022 à 16h11
Bonne nouvelle, les vagues de chaleur inquiètent les scientifiques. Mauvaise nouvelle, cela n’a pas l’air d’inquiéter vraiment nos dirigeants. Alors qu’est-ce que l’on fait ? On attend qu’ils sortent de leur zone de confort ? Je ne suis pas sûr que l’on ait le temps.
Dans le tourisme, il y a de nombreuses initiatives et c’est super. Malheureusement peu nombreux sont ceux qui se mobilisent pour changer de mode de pensée. Au travers de mes activités j’entends trop souvent de la part d’employés que le haut de la hiérarchie reste focaliser sur la rentabilité. Que doit-on faire pour inviter ces leaders, ces managers, ces dirigeants à agir en intégrant dans leur stratégie, au même niveau que la finance, les aspects environnementaux et sociaux ?
Ces vagues de chaleur ont un impact sur le vivant, d’ailleurs c’est quoi le vivant ? C’est un tout qui permet la vie sur terre: c’est lui qui nous abrite, nous permet de respirer, de nous nourrir, de nous soigner entre autres. Rien de vraiment important… C’est vrai qu’il vaut mieux se focaliser sur le résultat financier et avoir le dernier iphone parce que l’air, l’eau, la nourriture, les produits que nous consommons pour vivre sont pollués, ce n’est pas très bon pour la santé mais ce n’est qu’un détail. On pourrait imaginer une forme de sarcasme dans mes propos, oui et non car c’est malheureusement une réalité.
Ah j’oubliais un détail. Qui veut s’asseoir à une terrasse de restaurant quand il fait 35/40 degrés ? Le dérèglement climatique, ces vagues de chaleur affectent le confort des touristes. Je ne pense pas que la climatisation soit la solution, la végétalisation, pourquoi pas, à condition que l’on est de l’eau bien sûr. Le touriste va probablement voyager, consommer ailleurs et différemment. Dans notre belle région de Provence-Alpes-Côte d’Azur, on focalise notre énergie sur la fameuse haute saison (l’été) depuis des décennies. Avec de telles températures, elle va disparaître progressivement car qui veut être dehors quand il fait 40 degrés, même au bord de la mer ? En restant figer sur nos acquis, notre passé, notre confort, il y a là un réel danger pour l’économie locale et le social. Il va donc falloir bouger, changer, sortir de notre zone de confort. «Le monde que nous avons créé est un processus de notre pensée. Il ne peut pas être modifié sans changer notre façon de penser». Albert Einstein
En Provence Verte & Verdon, les élus, l’Agglomération Provence Verte, Office de Tourisme de la Provence Verte et des professionnels du tourisme développent une stratégie axée sur le cyclotourisme avec des acteurs comme Claude Fussler entre autres, pour anticiper justement ces changements de saisonnalités dus au dérèglement climatique. Ils ont compris les enjeux et agissent en travaillant dans la coopération avec les différentes parties prenantes.
Et là je ne parle que du tourisme car c’est le cœur de mon activité mais dans le département du var, par exemple, Il y a aussi un délicieux Rosé de Provence. Comment vont les vignes ? Combien de temps va-t-on pouvoir tenir ? Quel est la situation de l’eau ? Quelles solutions ?
La coopération est au cœur du tout dont nous faisons partie, un tout interconnecté qui s’appelle le vivant. Les peuples racines l’ont compris depuis bien longtemps. Ils essaient de maintenir un équilibre et pendant ce temps nous, nous continuons à puiser des ressources naturelles limitées. Elle n’est certes pas facile cette transition mais il ne faut pas oublier que pendant ce temps la France brûle.
Chers dirigeants, il y a urgence ! Les ressources, les connaissances, les outils, existent même s’ils ne sont pas parfaits. Il y a des peurs, des incertitudes, des doutes, c’est normal mais cela ne doit pas vous empêcher de vous engager. Il faut se mobiliser, élever le dialogue, s’engager et fédérer en redéfinissant le sens, nos responsabilités et nos actions pour un tourisme qui contribue positivement à la santé de la planète et de l’humanité.
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Francois Huet est hôtelier de métier avec une expérience internationale de direction d’hôtels. Au cours de sa carrière, au début des années 2000, aux Maldives et en Indonésie, il devient pionnier du tourisme positif en ouvrant le premier laboratoire marin dans un hôtel 5 Étoiles s’appuyant sur les vertus pédagogiques du tourisme pour rendre accessible aux plus nombreux la connaissance sur la préservation de l’environnement. Aujourd’hui, il accompagne les acteurs du tourisme à devenir acteur du tourisme positif, dans la transformation de leurs activités. Il a créé et anime le podcast du tourisme positif (X)perientiel. Il est membre actif dans plusieurs associations dans l’intelligence collective, le tourisme, Visions Collectives, Respire – le tourisme de demain, Defismed et membre du comité d’administration de EarthShip Sisters, un accélérateur de leadership environnemental au féminin à Marseille.)]