[Billet] Le 1er mai, fête du travail : convergence ou divergence des luttes ?

L’appareil photo à la main, je me suis dirigé vers le Vieux-Port de Marseille pour rejoindre le cortège traditionnel du 1er mai. Bien avant d’arriver je pouvais déjà entendre le joyeux brouhaha, les slogans et la célèbre mélodie « Bella Ciao », popularisée par la série culte « La Casa de Papel », et apercevoir une marée de banderoles où prédominaient les couleurs vives des organisations syndicales.

Destimed MANIF 1
© Hagay Sobol

En m’approchant, le sourire aux lèvres, je dus vite déchanter. Pavoisaient en grand nombre des drapeaux rouge, vert, blanc et noir ainsi que des photos du terroriste palestinien Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la prison à vie pour complicité d’assassinat. Du rouge encore mais sur les mains et couleur sang ! Et au beau milieu, un drapeau Arc en Ciel. Quel étrange assemblage : la fête du travail, Gaza, le soutien à un terroriste et la fierté LGBT. Quand on sait le sort qui est réservé à ces derniers par le Hamas, on ne peut qu’être plongé dans un abîme de perplexité.

Le 1er mai est la journée internationale des travailleurs et des travailleuses en lutte pour leurs droits. Elle a été instaurée en 1889 pour obtenir une journée de huit heures. Plus généralement elle symbolise le juste combat pour l’amélioration des conditions de travail. Une cause universelle où chacun peut se retrouver pendant au moins une journée quels que soient son pays et ses origines.

Alors pourquoi chercher à diviser en y introduisant la controverse plutôt que de rassembler ?

Mais le détournement des symboles et le travestissement des valeurs va encore plus loin quand on découvre l’origine de « Bella Ciao » entonné par les organisateurs et la foule. Bien avant d’être un hymne révolutionnaire, c’était un chant Yiddish, une chanson traditionnelle des juifs d’Europe de l’Est. Il est de notoriété publique que ces derniers, tout comme les LGBT, ne seraient pas accueillis en musique dans l’étroite bande côtière.

Il s’agit d’un bien triste 1er mai où d’aucuns tentent de nous faire croire à une sincère et universelle convergence des luttes, alors qu’il n’en est rien. Certains sont conviés, tels des alibis, pour mieux en exclure d’autres.

Mais comme en psychanalyse, le « refoulé » était bien présent ce 1er mai et en fanfare !

Pr.Hagay SOBOL

Destimed mANIF 2
© Hagay Sobol

 

Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Il est Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ».

Articles similaires