Pas beaucoup de lecteurs lambda dans l’entrepôt solidaire réquisitionné pour évoquer la dépendance des jeunes aux réseaux sociaux. La thématique est bien rodée, le président de la République a déjà effectué une partie de son tour de France sur ce problème. Durant ces deux heures avec les lecteurs, peu d’éléments disruptifs donc, si ce n’est la confirmation d’interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans, début 2026. Une initiative saluée en général par la salle.

Dépendance
Les jeunes sont mécaniquement dépendants des réseaux sociaux. « Ils y passent en moyenne plus de 4h20 par jour », résume Emmanuel Macron. Chez les jeunes cela produit des angoisses, des problèmes de santé mentale, des troubles alimentaires. Pour le Président: « Le modèle des réseaux sociaux c’est le business. L’objectif n’est pas de délivrer des informations mais des contenus pour vendre de la publicité chez les bonnes personnes. Le but est de créer une excitation et susciter des réactions, des engagements. Mécaniquement on a une dépendance.»
Une interdiction nécessaire
Parmi l’assistance beaucoup de personnes averties sur le dossier des réseaux sociaux. Julie Carcassonne, secrétaire générale de « Made in soft » constate les dérives sur les réseaux sociaux. « On a une vraie difficulté à maîtriser l’information. On vit dans une époque où la désinformation est permanente. Je crois qu’il faudra passer malheureusement par des interdictions pour essayer de réguler cette mauvaise information qui circule et la pédocriminalité en est un élément très important. »
Interdire mais éduquer
Marie-Pierre Fourquet-Courbet est professeur des universités en sciences de la communication à l’AMU et auteur d’un ouvrage « Connecté et heureux ». Elle constate, elle aussi, les effets négatifs des réseaux sociaux. «On sait que plus on passe de temps sur les réseaux sociaux notamment à scroller, à observer les choses plutôt qu’à communiquer cela créé des usages dysfonctionnels qui ont des conséquences sur la santé mentale, cela créé des symptômes dépressifs très rapidement, dès deux heures de consommation, donc effectivement cela créé des éléments négatifs. » Pour cette professeure il ne faut pas se limiter à cela. « Il faut le faire savoir pour développer, ce qu’on appelle dans nos travaux, l’intelligence numérique… Oui il faut interdire pour protéger nos enfants mais en plus il faut informer les enfants, les adolescents, les parents qui sont souvent un modèle, pour prendre conscience et reprendre le contrôle sur les réseaux sociaux. Cette intelligence numérique permet de tirer uniquement le meilleur des réseaux sociaux. »
« La coopération ça ne marche pas »
« Les plateformes ne sont pas intéressées par la coopération, par la modération, insiste Emmanuel Macron. On a essayé de discuter mais elles ont mis zéro effectif et n’ont pas retiré de contenus. Leur modèle c’est les affaires, orchestrées par des algorithmes. On arrive à la conclusion qu’il faut interdire les réseaux sociaux pour les moins de 15 ou 16 ans. On le fera début 2026. »
Faute de pouvoir développer rapidement une intelligence numérique capable de prendre le meilleur des réseaux sociaux, le Président estime que « c’est la seule solution pour que les jeunes ne s’enferment pas dans les réseaux sociaux. Qu’ils mettent du temps dans du commun avec des rencontres, du sport pour se confronter, discuter, délibérer et faire société. »
Reportage Joël BARCY



