Election prĂ©sidentielle: Emmanuel Macron veut refaire ‘Nation dans une Europe plus forte’

Publié le 18 mars 2022 à  11h47 - DerniÚre mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h28

Le PrĂ©sident sortant, Emmanuel Macron, qui brigue un second mandat, a prĂ©sentĂ©, prĂšs de quatre heures durant, le contenu de son programme lors d’une confĂ©rence de presse Ă  Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). RĂ©forme du RSA, Ăąge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite Ă  65 ans, transformation de PĂŽle emploi, environnement, ou lutte contre les inĂ©galitĂ©s… Le chef de l’État a dĂ©veloppĂ© son projet, qu’il Ă©value Ă  «50 milliards d’euros» par an jusqu’en 2027 et Ă  «15 milliards de baisse d’impĂŽts pour les entreprises et les mĂ©nages». Le corps de son programme, soit une centaine de mesures, sera dĂ©taillĂ© dans un fascicule de 24 pages qui va ĂȘtre envoyĂ© par courrier Ă  quelque 6 millions de foyers ce week-end.

Emanuel macron vient de présenter son programme ©Destimed/RP
Emanuel macron vient de présenter son programme ©Destimed/RP

«Le projet que je souhaite vous prĂ©senter aujourd’hui, c’est Ă  la fois le fruit d’une cohĂ©rence, d’Ă©mancipation, de progrĂšs pour chacun, qui se nourrit des crises que nous avons traversĂ©es. C’est un projet avec ce qu’on veut faire et il faut ensuite affronter le monde tel qu’il vient», a dĂ©clarĂ© Emmanuel Macron en prĂ©ambule. Il rappelle: «J’avais pris l’engagement de baisser les impĂŽts et malgrĂ© les crises, nous l’avons fait. Nous avons rĂ©duit nos Ă©missions de gaz Ă  effet de serre deux fois plus vite qu’auparavant dans ce quinquennat». Et il tient Ă  souligner: «Le projet que je vous prĂ©sente est aussi ancrĂ© dans le moment qui est le nĂŽtre : le retour du tragique dans notre histoire, oĂč nos sociĂ©tĂ©s ont Ă  vivre le retour de la guerre sur notre continent et des crises que nous ne prĂ©voyons pas encore : les attaques cyber. Et des grandes transformations : la transition climatique et dĂ©mographique.»

«Faire de notre pays une nation plus indépendante dans une Europe plus forte»

Emmanuel Macron commence Ă  dĂ©tailler son programme, en dĂ©butant par l’armĂ©e et la dĂ©fense du pays. Il annonce que le nombre de rĂ©servistes sera doublĂ© chez les militaires et que ce nombre augmentera pour les forces de sĂ©curitĂ© intĂ©rieures (police et gendarmerie). Emmanuel Macron veut une armĂ©e forte et le premier axe de son programme sera de «faire de notre pays une nation plus indĂ©pendante dans une Europe plus forte». Rappelle qu’il avait engagĂ© un rĂ©investissement dans la DĂ©fense, il a promis que le budget dĂ©diĂ© (41 milliards) atteindrait bien 50 milliards en 2025. Il a Ă©galement annoncĂ© un rĂ©investissement dans le fonds europĂ©en de dĂ©fense. «Nous devons continuer Ă  gagner en flexibilitĂ© et en adaptabilitĂ© face Ă  de nouveaux types de conflictualitĂ©s : spatial, cyber, conflits civils.»

Généralisation du Service national universel

Le chef de l’État-candidat annonce poursuivre la gĂ©nĂ©ralisation du service civique qui «permet l’acquisition de compĂ©tences qui viennent renforcer la rĂ©silience de la nation». Et entend Ă©galement mettre en place une gĂ©nĂ©ralisation du Service national universel (SNU). Emmanuel Macron veut «remobiliser les diffĂ©rents leviers de l’engagement». C’est l’idĂ©e du Service national universel, qui constitue «un des Ă©lĂ©ments de la refondation du pacte entre nos armĂ©es et la nation». «Nous devons, poursuit-il, repenser ce pacte et rĂ©flĂ©chir Ă  comment lui redonner de la vitalité». Le candidat a Ă©voquĂ© la gĂ©nĂ©ralisation du dispositif, et le doublement du nombre de rĂ©servistes pour les militaires.

Une Ă©nergie plus propre

Emmanuel Macron souhaite un «dĂ©ploiement massif» d’Ă©nergies renouvelables, qu’il s’agisse de «l’Ă©olien en mer, et du solaire sur terre». En parallĂšle, un nouveau plan de construction de rĂ©acteurs nuclĂ©aires sera mis en Ɠuvre «immĂ©diatement». «C’est le seul mix qui permet de rĂ©duire de maniĂšre efficace rapide et souveraine nos Ă©missions de carbone», assure-t-il.

A cÎté de cette stratégie pour la production, une autre sera mise en place pour consommer moins. Avec pour objectif de «rénover au moins 700 000 logements par an». Mais aussi de proposer «une offre abordable de véhicules électriques», notamment par des «mécanismes de leasing pour les ménages les plus modestes».

«Reprendre le contrÎle capitalistique de plusieurs acteurs industriels»

Sur le volet industriel, Emmanuel Macron souhaite «dĂ©velopper des filiĂšres 100 % françaises de vĂ©hicules Ă©lectriques, dans le solaire, et dans l’Ă©olien». Il Ă©voque encore une reprise de plusieurs acteurs industriels. «Nous pouvons ĂȘtre la premiĂšre grande nation Ă  sortir de la dĂ©pendance au gaz et au charbon», explique-t-il. Une taxe carbone europĂ©enne serait «dĂ©clinĂ©e au niveau national par une planification par secteur», ajoute-t-il. Pour le candidat: «Il nous faut changer la formation des prix au niveau europĂ©en, en particulier les prix de l’Ă©lectricité», et reprendre «le contrĂŽle capitalistique de plusieurs acteurs industriels».

Plus d’indĂ©pendance agricole

Rendant hommage aux agriculteurs, le prĂ©sident sortant a indiquĂ© vouloir «aller vers plus de circuits courts, plus de produits bio». Mais aussi «renforcer l’action sur le renouvellement des gĂ©nĂ©rations». Cela passera par la formation, l’installation, «dans le cadre d’une loi d’orientation agricole». Ce dispositif sera «complĂ©tĂ© au niveau europĂ©en par l’intensification de notre plan protĂ©ine (initiative française lancĂ©e en 2018) et une adaptation de la stratĂ©gie europĂ©enne « farm to fork » qui prĂ©voyait une diminution de la production.» Une rĂ©vision due Ă  la guerre en Ukraine, car «l’Europe ne peut pas se permettre de produire moins ».

Le plein-emploi en 2027

Le Chef de l’État-candidat affirme viser «le plein-emploi» d’ici cinq ans, «en continuant Ă  simplifier et dĂ©concentrer le dialogue social», mais aussi en continuant «la rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage pour l’adapter Ă  la conjoncture». «Nous transformerons PĂŽle emploi en « France travail »», annonce-t-il avant d’expliquer : «L’idĂ©e est de rĂ©ussir Ă  l’Ă©chelle d’un territoire Ă  mettre en commun tous les savoir-faire : de PĂŽle emploi, de nos rĂ©gions, des communes, des missions locales. Il y a une trop grande segmentation de ceux qui accompagnent le retour Ă  l’emploi». La volontĂ© affichĂ©e est d’avoir un «guichet unique» oĂč l’accompagnement se fera de façon plus simple, avec un bilan de compĂ©tences, des formations, et un accompagnement vers le retour au travail.

Vers un « Revenu d’activitĂ© » remplaçant le RSA

Emmanuel Macron souhaite une «rĂ©forme du RSA vers un Revenu d’activité». Il considĂšre que «les bĂ©nĂ©ficiaires du RSA ont Ă©tĂ© les victimes de notre mauvaise organisation collective.» Pour le candidat: «Il faut un revenu de subsistance pour toute personne mais aussi des devoirs pour leur permettre de prendre leur part». Est-ce Ă  dire: «Une obligation de consacrer 15 Ă  20 heures par semaine de formation en insertion ou d’emploi pour bĂ©nĂ©ficier du RSA. C’est ce que nous sommes en train de dĂ©ployer pour les 18-25 ans (contrat d’engagement jeune). Il faut reconnaĂźtre la dignitĂ© de chacun et demander une part d’effort».

Retraite Ă  65 ans

Emmanuel Macron, a actĂ© l’abandon de sa rĂ©forme de 2017 qui n’avait pas pu voir le jour en raison de la pandĂ©mie. Mais, s’il est rĂ©Ă©lu, il confirme vouloir repousser l’Ăąge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite Ă  65 ans. Et il souhaite la prise en compte des spĂ©cificitĂ©s des carriĂšres longues qui se fera «dans le dialogue social». «Nous sommes dans une sociĂ©tĂ© qui vieillit. Il est donc normal, surtout compte tenu de la nature des comptes publics, que nous travaillions plus», prĂ©cise le PrĂ©sident sortant. Cette rĂ©forme prendra en compte «les carriĂšres longues, les questions d’invaliditĂ© et la rĂ©alitĂ© des mĂ©tiers et des tĂąches», assure-t-il.

École: Changer la mĂ©thode

«Ce que je veux faire c’est changer de mĂ©thode», prĂ©vient-il avant de prĂ©ciser: «Je souhaite que le chantier puisse dĂ©buter par une large consultation pour savoir comment atteindre les objectifs. Je veux qu’on puisse mobiliser et associer toutes les parties prenantes pour changer notre mode de fonctionnement». Cela passera par un «pacte nouveau pour les enseignants». Les augmentations de rĂ©munĂ©ration se poursuivront «sur de nouvelles missions. Par exemple le remplacement des enseignants absents». Le candidat souhaite Ă©galement un «suivi plus individualisĂ© des Ă©lĂšves», notamment pour l’aide aux devoirs, et «plus de formations de nos professeurs». Emmanuel Macron parle de «plus de libertĂ© pour nos Ă©tablissements». C’est-Ă -dire «valoriser l’expertise de terrain, donner plus de libertĂ©s aux Ă©quipes pĂ©dagogiques» et «expĂ©rimenter d’autres organisations». Le chef de l’État veut «plus de transparence pour les Ă©lĂšves et les parents». Cela consistera par exemple Ă  «mettre Ă  disposition les Ă©valuations ». Il souhaite Ă©galement que l’on continue «de consolider les fondamentaux y compris les mathĂ©matiques» qui seront rĂ©intĂ©grĂ©s au tronc commun.

S’il est rĂ©Ă©lu, le chef de l’État veut d’avantager lutter «contre le harcĂšlement Ă  l’Ă©cole et le harcĂšlement cyber». «La souffrance de nos enfants est un phĂ©nomĂšne qui a complĂštement explosĂ© ces derniĂšres annĂ©es et nous devons complĂštement nous mobiliser», insiste-t-il.

Santé: «Aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort»

Dans le chantier de la santĂ©, Emmanuel Macron considĂšre: «Nous devons rĂ©ussir Ă  aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort», notamment en renforçant «la politique de prĂ©vention», «la simplification de l’hĂŽpital et de sa gouvernance» et l’amĂ©lioration de «l’accĂšs aux soins en urgence». Emmanuel Macron souhaite recruter «50 000 infirmiers et aides-soignants» dans les Ehpad et renforcer «les contrĂŽles pour pouvoir lutter contre les pratiques inhumaines et dĂ©gradantes». Le chef de l’État s’engage Ă©galement Ă  organiser «un renfort massif dans les dĂ©serts mĂ©dicaux avec des permanences ponctuelles dans les territoires les moins dotĂ©s, le dĂ©veloppement des tĂ©lĂ©consultations, rĂ©guler davantage l’installation »

25 milliards d’euros pour la Recherche

Emmanuel Macron veut «poursuivre les rĂ©formes de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche». «Le financement de notre recherche sera un Ă©lĂ©ment clĂ© des cinq prochaines annĂ©es», indique-t-il, annonçant une loi de programmation pour la recherche dotĂ©e de 25 milliards d’euros d’investissement sur 10 ans. En parallĂšle, il veut renforcer l’autonomie des universitĂ©s et «positionner les organismes de recherche sur des secteurs stratĂ©giques pour attirer les meilleurs talents internationaux.»

Une information libre et indépendante

Le chef de l’État, candidat Ă  sa rĂ©Ă©lection, souhaite la consolidation d’un «modĂšle Ă©conomique viable pour l’information libre et indĂ©pendante.» Il poursuivra par ailleurs l’aide Ă  la crĂ©ation des artistes en lançant la deuxiĂšme Ă©tape de la commande culturelle.

Les propositions sociales

Emmanuel Macron veut Ă  nouveau faire de l’Ă©galitĂ© femme-homme la grande cause de son deuxiĂšme quinquennat, avec un accompagnement accru des familles monoparentales et davantage de prĂ©vention sur la santĂ© fĂ©minine. Il propose notamment une «augmentation de 50% de l’allocation de soutien pour les mĂšres cĂ©libataires», de 116 Ă  174 euros par enfant, et la crĂ©ation d’un «droit Ă  la garde d’enfants opposable».

En ce qui concerne la prime de pouvoir d’achat, elle serait portĂ©e jusqu’Ă  3 000 euros par an contre 1 000 euros actuellement, «sous condition de signer l’accord d’intĂ©ressement».

Pour les plus ĂągĂ©s et les aidants, Emmanuel Macron souhaite lancer une «rĂ©forme ambitieuse pour l’autonomie» en adaptant le logement au vieillissement avec «une prime adaptĂ©e».

Sur la justice, le prĂ©sident-candidat veut embaucher «8 500 magistrats et personnels de justice» et, plus globalement, il promet de «rĂ©duire les dĂ©lais», d’assurer «l’effectivitĂ© des peines» et amĂ©liorer «les conditions de travail de nos magistrats».

Sur l’immigration, Emmanuel Macron souhaite effectuer une «refonte de l’organisation de l’asile et du droit de sĂ©jour avec une procĂ©dure d’Ă©loignement plus rapide». S’il est rĂ©Ă©lu, «le refus d’asile vaudra obligation de quitter le territoire français», dĂ©clare le chef de l’État. Concernant l’immigration toujours, Emmanuel Macron veut que l’obtention des titres de sĂ©jour longs «ne soient plus conditionnĂ©s Ă  des dĂ©marches» mais «à un examen de français et une vraie dĂ©marche d’insertion professionnelle». La carte de sĂ©jour annuelle sera donnĂ©e «dans des conditions plus restrictives», promet-il, et affirme qu’il «assume» ce choix.

RĂ©forme des droits de succession

«Les droits de succession seront modifiĂ©s pour prendre en compte l’Ă©volution des prix de l’immobilier», a indiquĂ© Emmanuel Macron. En ligne directe, l’abattement passera de 100 000 Ă  150 000 euros.

Une commission transpartisane pour renouveler nos institutions

Le chef de l’État conclut en affirmant qu’il souhaite lancer «une commission transpartisane pour renouveler nos institutions». Il affirme ĂȘtre «pour un exĂ©cutif fort» et «pour un parlement fort qui puisse renforcer ses missions de contrĂŽle.» Il se dit Ă©galement favorable Ă  «plus de proportionnalité».

Emmanuel Macron rĂ©pondra Ă©galement Ă  GĂ©rard Larcher, prĂ©sident du sĂ©nat qui dans un entretien au Figaro prĂ©vient: «S’il n’y a pas de campagne, la question de la lĂ©gitimitĂ© du gagnant se posera». Selon cette figure (LR) de la vie politique, le chef de l’État «veut ĂȘtre rĂ©Ă©lu sans jamais avoir Ă©tĂ© rĂ©ellement candidat, sans campagne, sans dĂ©bat, sans confrontation d’idĂ©es». Pour Emmanuel macron «Un prĂ©sident du SĂ©nat ne devrait pas dire ça». «En toute sincĂ©ritĂ©, poursuit-il, quiconque est censĂ© porter le suffrage universel et dont la lĂ©gitimitĂ© procĂšde des Ă©lus, ne devrait pas s’amuser Ă  remettre en cause la lĂ©gitimitĂ© de quelque Ă©lu que ce soit, y compris quand ce sont des gens qui ne lui plaisent pas…».
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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Emmanuel Macron veut avancer sur l’autonomie de la Corse

Emmanuel Macron a estimĂ© qu’«il faut maintenant qu’un processus de travail s’enclenche » sur l’autonomie de la Corse, mais avec au prĂ©alable un «retour au calme» sur l’Ăźle. «Le dĂ©bat sur l’inscription de la Corse dans la Constitution, la question des compĂ©tences et Ă©ventuellement de l’autonomie n’est pas un dĂ©bat tabou. Vous me l’avez entendu dire comme candidat il y a cinq ans et comme PrĂ©sident il y a plus de quatre ans», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident-candidat.)]

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