Publié le 21 janvier 2021 à 11h14 - Dernière mise à jour le 30 novembre 2022 à 15h26
Président du Tribunal judiciaire de Marseille, procureure de la République, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Marseille sont revenus, lors de la rentrée solennelle, sur une année 2020 particulière lors de laquelle la Justice a pu poursuivre son œuvre. Seul le manque de moyens reste une constante et une grande salle est attendue avec impatience pour 2022. Un motif de satisfaction avec l’ouverture de la Maison de la justice et du droit.

Décalage entre les «contentieux très spécialisés» et les moyens humains

Les 3 priorités qui se dégagent pour le parquet de Marseille
Après avoir dressé le bilan 2020, «bien aride et complexe», Dominique Laurens insiste, dans son discours,sur les «3 priorités (qui) se dégagent pour le parquet de Marseille», en 2021: réactivité, créativité et numérisation. Concernant la réactivité sur le traitement des affaires pénales, elle plaide pour la «création d’un nouveau service» donnant aux justiciables ou à leurs avocats, un suivi de leur plainte, une réponse à leur demande de copie et la possibilité de contester un classement sans suite. Concernant la créativité sur les peines, elle évoque la poursuite de la «recherche de postes de travail d’intérêt général», auprès du Parc National des Calanques, de la SNCF, de l’Association du souvenir français, la Croix Rouge ou la Mairie de Marseille. Et d’en venir à la troisième priorité, la poursuite de la numérisation des procédures judiciaires, avec, par exemple, «le compte Twitter du parquet de Marseille». Finit par saluer les différents partenariats du parquet, pour l’aide aux victimes, des enquêtes sociales rapides et contre la délinquance relative aux déchets et habitat indigne et insalubre comme en matière environnementale. Annonce un nouveau partenariat avec l’Ordre des médecins pour le repérage des victimes de violences conjugales. Forme le vœux qu’une attention particulière soit portée aux effectifs de la police judiciaire, «notamment sur le traitement des contentieux économiques et financiers qui sapent tout autant notre pacte républicain que le trafic de stupéfiants».Lutte contre les violences intrafamiliales: «une priorité»

«Participer au rebond de la nation»


«big bang judicaire»


«une juridiction qui mériterait d’être renforcée dans ses moyens»
Olivier Leurent dénonce un sous-dimensionnement du Tribunal de Marseille, au niveau «des magistrats, tant pour le siège que pour le parquet mais également à celui des fonctionnaires». Insiste: «C’est une juridiction qui mériterait d’être renforcée dans ses moyens de manière à permettre à la justice marseillaise de juger un certain nombre de très gros dossiers, complexes, prenant beaucoup de temps, très volumineux en termes de tomes de procédure, (…) sans ces moyens, nous aurons beaucoup de mal à juger toutes ces affaires». Sur le plan de la justice pour les atteintes à l’environnement il évoque «un projet d’une compétence interrégionale, supplémentaire pour le Tribunal judiciaire de Marseille, en termes de préjudices écologiques, que cela soit par le biais de véhicules aériens, maritimes, fluviaux, qui couvriraient le Tribunal d’Aix, de Tarascon, de Toulon et de Draguignan». Un deuxième chantier concerne la surpopulation carcérale qui contredit le principe de l’encellulement individuel, «c’est un principe du Droit français qui prévoit, normalement, l’encellulement individuel, on sait que ce principe n’est pas matériellement réalisable, il faut du temps … dans les Maisons Centrales, les centres de détention pour longues peines, cet emprisonnement individuel est respecté, le problème se pose, beaucoup plus, en maison d’arrêt, pour les courtes et moyennes peines, c’est à ce niveau que notre effort doit porter pour essayer de tendre vers l’encellulement individuel».«Nous attendons avec impatience la construction d’une grande salle d’audience»
Dans son intervention, le président précise qu’un seuil d’alerte à 175 % des capacités d’accueil de l’établissement pénitentiaire des Baumettes est en cours d’élaboration, «seuil au-delà duquel des mécanismes de désengorgement seront activés. Les magistrats du Tribunal de Marseille seront, en outre, régulièrement informés de ce taux d’occupation afin qu’ils puissent statuer en toute connaissance de cause». Son 3e chantier porte sur «l’ouverture tant attendue d’une Maison de justice et du droit à Marseille», pour laquelle il souligne «l’effort commun» réalisé par la Ville qui a rénové le bâtiment de 600m²; -« par la Métropole qui contribue à l’organisation de l’accueil sur place des justiciables», par l’État, à travers les services de la Politique de la Ville, la justice «par la mise à disposition d’un greffier, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on connaît la situation du greffe au Tribunal» et par la Région, qui, à travers son Contrat État-Région, apportera «un soutien financier pour que diverses associations et professions judiciaires, avocats, notaires, huissiers, puissent y intervenir». Cette Maison propose deux pôles, la justice de proximité et l’accès au droit avec la médiation, sous le coordination du Conseil départemental de l’accès au droit (géré conjointement par le président du Tribunal judiciaire et par le Bâtonnier de Marseille), dans des domaines comme «le droit au logement, le droit de la famille, le droit du travail, le droit de la consommation, le droit des étrangers ou encore, grâce à votre heureuse initiative, Monsieur le Président du tribunal de Commerce, en matière de prévention des entreprises en difficultés, ce que nous pouvons légitimement redouter en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire». Son 4e chantier a pour objet le déménagement «du Pôle Civil et du Pôle Famille sur le site de la rue Delanglade (6e) et des Pôles Social et de Proximité à la caserne du Muy, (près de la gare Saint-Charles) soit environ, le tiers de nos effectifs». Il ajoute dans son entretien «Nous attendons avec impatience, normalement pour le début de l’année 2022, la construction d’une grande salle d’audience, modulable, capable d’accueillir 400 personnes et qui est indispensable pour le jugement d’un certain nombre de nos dossiers, notamment, en matière de santé publique».«Nous avons un déficit de communication»
Puis, le président de signaler: «Je pense que nous avons un déficit de communication, notre justice, en France, est complexe, difficile à comprendre, pleine de subtilités, parsemée souvent d’embûches et représentant, pour le justiciable, un parcours du combattant, une sorte de marathon, difficilement accessible. Nous avons donc l’obligation et la responsabilité de simplifier ce parcours, cette accessibilité, du citoyen français à sa justice, parce que, sinon, bien évidemment, c’est un déni de justice et le justiciable aura envie de se faire justice, lui-même, donc il est essentiel que la justice soit accessible et compréhensible». olivier_leurent_president_tribunal_judiciaire_de_marseille.mp3«Cette Maison est essentielle dans la vie de la cité phocéenne»
