C’est la première fois que l’édition de Biomim’expo s’installe à Marseille. Cycle de conférences, présence massive de startups, ce rendez-vous fait la part belle au vivant. « Il faut faire équipe avec la nature pour dessiner le futur », clame le slogan du salon. » Découverte.

Faire le plein de connaissance

Biomim’expo est le rendez-vous de la connaissance, une rencontre avec le vivant qui est un modèle pour tous les intervenants. « Le vivant a plus de 4 milliards d’années, vous connaissez une entreprise qui a duré aussi longtemps que cela, s’exclame Gilles Boeuf, ancien président du muséum d’histoire naturelle et président du Ceebios (Centre d’Études et d’Expertise en Biomimétisme). Et, si cette vie a duré aussi longtemps, c’est parce qu’elle a été capable de résister à des agressions monstrueuses. Aujourd’hui pour résister il faut tuer trois gros défauts de l’humain : son imprévoyance, son arrogance et sa cupidité. Si on sort de là on ferait beaucoup moins de bêtises. »
Des startups engagées

Une série de startups épousait tous les espaces du palais du Pharo, chacune avec pour calque la nature. Depuis la préhistoire les plantes ont su attirer ou repousser les insectes avec les odeurs. La société Agriodor a décidé d’utiliser ce principe pour limiter les intrants d’insecticides. «On crée des répulsifs, par exemple pour la betterave, indique Alain Thibault, président d’Agriodor, mais on peut aussi concevoir des attractifs pour attirer les coccinelles qui vont manger les pucerons. On peut même combiner notre produit avec des insecticides. On pourrait concentrer tous les insectes avec un attractant sur 1/10 d’un champ et utiliser un insecticide. A la clé nettement moins de doses de produit nocif.»
La société Gaïarta innovation a choisi de s’inspirer des ailes d’une libellule pour concevoir des voiles photovoltaïques. « La libellule c’est notre championne confie Christophe Sachs, fondateur de Gaïarta. Elle est dotée d’un nodus qui est un absorbeur de chocs et les films solaires qu’on veut utiliser ont la particularité qu’on peut les rouler mais pas les plier. La libellule nous a donné la clé pour constituer une voile qui est entièrement lattée et recouverte de film sauf à l’endroit du nodus. »
L’IA, un accélérateur
L’IA peut aussi apporter son concours pour s’inspirer du vivant et gagner énormément de temps. La société Asteria a créé une banque de données énorme et elle se révèle un atout pour les startups qui veulent innover. « On a 300 millions d’articles sur notre base de données et on a identifié 1,5 million d’articles qui sont les plus pertinents pour faire du biomimétisme, analyse Eliot Graeff, co-fondateur et CEO d’Asteria. On a 680 000 mécanismes biologiques sur la plateforme. Comment on va alléger les structures, thermoréguler, comment on va fabriquer des matériaux sur lesquels on n’a pas de bactéries qui se développent notamment dans les milieux médicaux. Les applications sont multiples.»
Faune et flore sont inspirantes mais sont encore beaucoup trop négligées. Le responsable est peut-être le ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Où est la biologie dans les formations ? Elle est devenue la portion congrue voire a été supprimée au profit des maths.
Patricia Ricard
Parmi les intervenants à Biomim’expo, Patricia Ricard. Elle a évoqué le soutien d’un programme Sénégal. Démunies après l’installation d’une usine à poissons les populations se sont tournées vers un maigre maraîchage. Un soutien a permis de faire beaucoup plus.
Reportage Joël BARCY



