Conseil municipal de Marseille. La Ville se dote d’un Plan pluriannuel d’investissement : le groupe écologiste dubitatif

Pour la première fois, la Ville de Marseille se dote d’un plan d’investissement pluriannuel voté par toutes les composantes de la majorité y compris les écologistes, même si ces derniers, par la voix de Mathilde Chaboche   évoque un manque collégialité et surtout de cohérence.

Mathilde Chaboche (Photo Joël Barcy)
Mathilde Chaboche (Photo Joël Barcy)

Du côté du Printemps Marseillais les choses sont claires. Ce plan pluriannuel traduit les ambitions de la municipalité en matière de construction, de rénovation et d’acquisitions pour les six prochaines années. Ce programme de reconstruction et de modernisation est sans précédent depuis le milieu du XXe siècle. Face à des écoles indignes, un manque criant de services publics et une crise du mal logement, la municipalité s’engage pour construire «une ville plus juste, plus verte, plus sûre et plus démocratique».

Ce sont ainsi 300 projets qui vont recoudre la ville et rattraper le manque d’entretien des équipements publics depuis des années. La ligne directrice de ce plan d’investissement est «d’assurer l’accès à des services publics de qualité dans tous les quartiers de la Ville». L’éducation et la jeunesse sont affichées comme la première des priorités avec une enveloppe de 404 M€.  Autre priorité annoncée une ville plus verte avec 360M€.  L’objectif étant un retour de la nature en ville, la préservation des espaces naturels et à la transition écologique. Il est par ailleurs précisé que l’intégralité des investissements de la ville de Marseille est définie «au regard des enjeux de développement durable ».

Le troisième budget d’investissement de la Ville, 318 M€, vise à créer, selon le Printemps Marseillais « du lien social, à améliorer l’accès à la santé, et à créer les conditions d’un logement digne pour toutes et tous ». Affirmant qu’« avec 8 projets de rénovation urbaine dans des quartiers de la politique de la ville, c’est l’ensemble de la ville qui est recousue ». Il est aussi question de ville plus sûre, avec 198M€et l’annonce d’ouverture de bases et d’antennes de la police municipale, des travaux nécessaires pour doubler son effectif, et un investissement conséquent pour des centres d’incendie et du matériel moderne pour le Bataillon de Marins Pompiers.

Quelque 170 M€ devraient  favoriser l’accès à une pratique sportive ouverte à toutes et tous avec la rénovation et la construction de nouveaux équipements. Et, concernant la pratique de la natation 3 nouveaux bassins  seront construits pour  125M€.

Dans le cadre de son objectif de bonne gestion, la Ville investit dans la rénovation de son patrimoine afin de le rendre plus effectif, plus écologique et moins coûteux 125 millions d’euros sont programmés. Enfin une enveloppe de 66M€ doit permettre d’améliorer le cadre de vie des habitants, la ville de Marseille investit «pour apaiser et redynamiser ses quartiers et noyaux villageois».

« Mieux vaut tard que jamais »

Mathilde Chaboche, pour le groupe écologiste a tenu à montrer que la majorité était plurielle, refroidissant par la même l’enthousiasme des autres composantes de la majorité . Si elle lance : « Enfin une planification pluriannuelle des investissements pour la 2e ville de la 6e puissance mondiale», elle ajoute immédiatement : «Mieux vaut tard que jamais : patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».  Le ton est donné. Elle poursuit : « Alors que l’obligation de présenter un programme d’investissements lors du débat d’orientation budgétaire est inscrite dans la loi depuis 2015, Marseille n’aura pas cette fois été dans les premiers. Loin s’en faut… ». Pas les premiers et pas les meilleurs pour l’élue : « Cela étant, comme beaucoup de premières fois, la démarche reste perfectible et nous avons proposé à plusieurs reprises des améliorations pour switcher et faire de ce plan une véritable feuille de route crédible et indiscutable ».

« il aurait fallu construire cette planification ensemble »

Mathilde Chaboche assène : « Pour en faire une feuille de route réellement partagée, il aurait fallu construire cette planification ensemble or, ce PPI n’a pas été élaborée collégialement. C’est dommage, car forcément le résultat n’a pas grand-chose de collectif. Il adopte ainsi des orientations pas vraiment discutées comme le renforcement de la vidéosurveillance en contradiction avec le programme de 2020 sur lequel nous avons été élus.» C’est bien connu qui aime bien châtie bien, la composante écologiste de la majorité doit beaucoup aimer ses partenaires. «  Pour assumer des choix et des priorités, rappelons-nous que gouverner c’est choisir… et que le « en même temps » a forcément ses limites. A ce stade, ce projet de plan d’investissement souffre de quelques incohérences, au risque de rendre les orientations légèrement contradictoires. Des méga méga piscines à vagues, légèrement décalées à l’heure de la crise climatique et en même temps un plan de rénovation énergétique des bâtiments et des équipements municipaux. Un « équipement pluridisciplinaire à portée nationale ou internationale », futur gouffre climatique et financier, et en même temps la plantation de 308 000 plans forestiers dans les parcs et jardins. Bref, vous l’avez compris le risque qui nous guette est le manque de cohérence ».

« Quand c’est flou… »

Et la critique durablement constructive se poursuit, toujours par la voix de Mathilde Chaboche  : « Enfin, pour rendre crédible et concrète cette planification, manquent à l’appel à ce stade quelques ingrédients.» Elle détaille : « D’abord des précisions sur toutes ces « estimations à consolider » parce que nous le savons quand c’est flou… Ensuite, une planification pluriannuelle du fonctionnement et des recrutements au risque sinon d’avoir des piscines sans chlore, des bibliothèques sans agents et des mairies mobiles sans chauffeur. En 2023 nous aurions recruté 1 200 personnes, ce qui est bien mais pas top quand on sait que sur la même période nous avons dû faire face à 900 départs… ». Cite comme exemple : « Nous l’avons vu avec les cours désimperméabilisées dans les écoles, une fois financées et aménagées il faut les entretenir, sinon, elles se dégradent et produisent malheureusement les effets inverses de ceux que nous souhaitons ».

Manque enfin, selon Mathilde Chaboche, une feuille de route financière car «dégager chaque année 300 millions d’investissement c’est ambitieux, c’est colossal surtout en ces temps d’inflation où les taux s’envolent. Il serait vraiment étrange de devoir rendetter la Ville, qui plus est à taux variable, alors que nous nous sommes récemment réjouis de l’avoir désendettée de 150 millions d’euros ». Pour l’élue : « Vouloir investir autant par an, pour une ville toujours à la peine pour rejoindre les standards des autres grandes villes de France, et même des villes moyennes, est une bonne nouvelle. Il faut maintenant passer à l’action, pour faire augmenter le taux de réalisation de nos investissements qui reste trop faible et réaliser enfin les projets qu’attendent les Marseillaises et les Marseillais ». Et de conclure son intervention : « Nous saluons la tentative volontariste de construction d’une PPI. Nous voterons évidemment pour celle-ci car c’est le début d’un chemin dans lequel nous sommes prêts à prendre toute notre part pour en faire une réussite pour Marseille ». Un vrai vote de confiance en somme.

Michel CAIRE

 

Articles similaires

Aller au contenu principal