Décès de Robert Badinter.  Marie-Josée de Saint-Ferréol : « Il serait injuste de réduire son œuvre politique à cette abolition. Il a apporté beaucoup…»

Robert Badinter, l’ancien ministre de la Justice est mort dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février, à l’âge de 95 ans. Avec lui, c’est une page d’histoire qui se tourne, le grand avocat écrit l’une des belles pages de l’histoire nationale en étant le ministre de la justice demandant et obtenant l’abolition de la peine de mort.

Destimed Badinter
Hommage rendu à Robert Badinter ce mercredi 14 février (Photo capture d’écran)

Ce mercredi  14 février à Paris, un hommage lui a été rendu place Vendôme, au ministère de la Justice. Marie-Josée de Saint-Ferréol, ex-élue aixoise (1995-2000) ex avouée près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, se souvient avoir eu la chance de rencontrer à plusieurs occasions Robert Badinter alors qu’il était sénateur.

« J’étais devant ma télé lors du discours de Robert Badinter devant l’Assemblée Nationale demandant l’abolition de la peine de mort. Je me souviens toujours des larmes qui ont été les miennes en écoutant son discours, en vivant ce moment historique ». Rappelons Robert Badinter lançant des mots toujours autant d’actualité : « La France est grande, non seulement par sa puissance, mais au-delà de sa puissance, par l’éclat des idées, des causes, de la générosité qui l’ont emporté aux moments privilégiés et son histoire ».

« Demain, ajoutait-il, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. A cet instant plus qu’à aucun autre, j’ai le sentiment d’assumer mon ministère, au sens ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c’est-à-dire au sens de « service ». Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie ».

Marie-Josée de Saint-Ferréol tient à souligner  : « Il serait injuste de réduire l’œuvre politique de Robert Badinter à cette abolition. Il a apporté beaucoup encore comme la suppression des juridictions d’exception comme la Cour de Sûreté de l’État, les tribunaux des Forces Armées en temps de paix. Il a permis à tout justiciable de porter un recours devant la Commission et la Cour européenne des droits de l’Homme. Il est aussi celui qui a fait supprimer la disposition légale pénalisant les relations homosexuelles avec un mineur pour des âges où les relations hétérosexuelles étaient légales… ». Marie-Josée de Saint-Ferréol souligne encore: « Au-delà de son apport à notre société, je retiendrais la présence de cet homme, immense et, dans le même temps sa capacité à aller au-devant des personnes, d’être à leur écoute».

Michel CAIRE

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