Festival d’Aix-en-Provence – La chaleur et les couleurs d’un passionnant voyage en compagnie de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée

Publié le 24 juillet 2023 à  19h00 - Dernière mise à  jour le 25 août 2023 à  12h24

L’année prochaine, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée fêtera ses quarante ans d’existence et ses dix ans de présence au sein du Festival d’Aix-en-Provence ! Mais par la qualité du concert donné dimanche soir au Grand Théâtre de Provence, l’OJM a déjà débuté la célébration de ces anniversaires. Quel bonheur !

Orchestre des jeunes de la Méditerranée
Au cours de l’interprétation de la création OJM/Medinea. Au premier rang (de g.à dr.) : Wafa Abbès et Alessandra Soro (chant) Adèle Viret (Violoncelle), Ahmet Ozan Baysal ( Baglama / Saz) et Ahmed Litaiem (ney). Photo Vincent Beaume.

Chaque année ils sont une centaine de jeunes musiciennes et musiciens recrutés autour du bassin méditerranéen, et parfois même un peu plus loin puisqu’il y avait, pour cette session, deux ukrainiens dans l’effectif, qui viennent travailler ensemble à Aix-en-Provence. Un extraordinaire brassage culturel qui permet les échanges, les rencontres mais aussi la réalisation d’un concert dont le programme donne la possibilité à chacune et chacun de travailler, parfois, sur des partitions bien éloignées de celles qu’ils ont l’habitude d’étudier chez eux.

Encadrés par des musiciens du London Symphony Orchestra et par le chef associé Quentin Hindley, les membres de l’orchestre travaillent depuis quelques années déjà sous la direction musicale de Duncan Ward qui, à 34 ans, est en osmose parfaite avec l’ensemble. Ce dernier nous confiait, il y a quelques années, sa volonté de réaliser avec l’OFJ des sessions ouvertes sur les musiques, depuis celles, traditionnelles, qui se transmettent par l’oralité et l’écoute jusqu’aux musiques d’aujourd’hui en passant par les grands courants occidentaux.
Autant dire que le concert donné dimanche reflétait parfaitement cette volonté. Et si c’était la « Petite suite de l’été », « A Little summer suite » en anglais, composition datée de 2015 de Betsy Jolas parfaitement donnée en ouverture de la soirée, c’est avec les « Escales » de Jacques Ibert que le voyage débutait vraiment. Trois escales, en fait, de Rome à Palerme, de Tunis à Nefta pour terminer à Valencia délicieusement détaillées par le compositeur français en 1924. Une musique raffinée et sensible parfaitement mise en valeur par des instrumentistes attentifs aux uns et aux autres, mais aussi et surtout à leur directeur musical pour tirer la quintessence des couleurs et subtilités de la partition.

Pour la deuxième années consécutive, c’est une création OJM-Medinea qui suivait ; soit l’orchestre et cinq musiciens improvisateurs de la session Medinea pour une création collective puisant ses racines dans le patrimoine musical du bassin méditerranéen et travaillée par transmission orale lors des répétitions… Comme une « rhapsodie symphonique » selon les propres termes de Duncan Ward. Une rhapsodie sans frontières, entre Italie et Tunisie, pour la circonstance, un chant du cœur fédérateur du peuple uni par les rives de la même mer, somptueux moment hors du temps pour une amoureuse communion musicale.

Le concert se poursuivait avec les fascinantes « Variations on an Egyptian Folktune » de Gamad Abdel-Rahim, un mix entre musique égyptienne classique et influence européennes contemporaines. Un parfait terrain de jeu pour l’OJM qui poursuivait son beau voyage musical pour notre plaisir. Périple qui s’achevait avec le Concerto n°1 pour violoncelle de Saint-Saëns, servi devant l’orchestre par Camille Thomas, avant un bis sensible avec orchestre pour ne pas oublier l’Ukraine et le désir de paix avant « La Valse » de Maurice Ravel pour conclure dans un tourbillon effréné, mais très bien maîtrisé par les musiciens et leur directeur musicale, cette soirée festivalière hors du commun. Vivement les anniversaires l’année prochaine !

Michel EGEA

 

Articles similaires

Aller au contenu principal